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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Nous étions prêts à nous révolter et, s’en
rendant compte, il nous a seulement ordonné de vous retrouver.
    « À l’aube crevant, nous sommes partis à
votre recherche. Isard a rencontré un laboureur vous ayant vue près d’Abatut,
avec Espes et Ermessinde. Il a fait jurer à ses hommes de ne pas le dire au
seigneur. Nous avons essayé de vous protéger, je vous le jure !
    Amicie parut rassérénée.
    — Espes voulait que je suive l’Ariège jusqu’à
Toulouse, fit-elle. Je n’ai pas voulu et j’ai bien fait. Pour que Gilabert soit
revenu le soir, alors qu’il avait dit partir pour Foix, c’est qu’il nous
attendait quelque part le long de la rivière. Tout n’était qu’un traquenard. Et
à son retour, s’il cherchait Espes, c’était pour savoir pourquoi son guet-apens
avait échoué.
    — Espes vous aurait trahie, noble dame ?
demanda Isnard.
    — Oui, il a même tenté de me tuer, mais le
Seigneur l’a châtié. Il a reçu le plus effroyable châtiment qui soit. Elle n’en
dit pas plus.
    — Nous sommes fatigués, intervint alors
Esclarmonde. Faites préparer des chambres avec des draps propres. Portez-y des
bassines d’eau chaude afin qu’on se lave. Je veux qu’au souper le repas soit
abondant, avec des poissons. Je repartirai demain avec le seigneur d’Ussel.
Isnard et toi, Augier, je veux que vous nous escortiez avec une lance [51] . En attendant, sire
de Lamothe, venez avec moi. Je veux examiner l’état du château et des
fortifications pour le rapporter à mon frère. Je crains que Brasselas n’ait été
négligent.
    — N’avez crainte, comtesse, s’il est vrai
qu’il a repoussé des réparations à une porte de la ville, nous avons toujours
veillé au bon entretien de votre château.
    Ils sortirent, tandis qu’Amicie proposait à
Guilhem de la suivre. Elle monta directement dans sa chambre, c’est-à-dire
celle de son mari devenue celle de Brasselas, Guilhem restant derrière elle.
     
    La pièce puait et était dans un grand désordre.
Des armes, des pots, des écuelles et des vêtements traînaient partout. Il y
avait même une robe de dessous de femme sur le sol. Les tentures et les
coussins étaient maculés et déchirés.
    — Je vais appeler des serviteurs pour qu’ils
nettoient cette porcherie, fit-elle avec dégoût. Mais avant, je voulais te
parler, Guilhem. Nous n’avons pas eu beaucoup d’occasions d’être seuls depuis
une semaine.
    Il opina.
    — Assoyons-nous sur ce banc comme les vieux
amis que nous sommes.
    Elle lui prit affectueusement la main et il se mit
à côté d’elle, sur le coffre au dossier ciselé.
    — C’est là que je me tenais avec mon époux
quand je lui faisais la lecture, dit-elle en balayant la chambre du regard.
    Elle soupira et il resta silencieux, le cœur serré
et plein d’émotions.
    — Les révélations de Gilabert et celles
d’Espes ont changé bien des choses dans mon esprit, poursuivit-elle d’une voix
rêveuse. Pourquoi ne m’as-tu pas dit que cette chute d’essaim était un complot
contre moi ?
    — J’espérais découvrir l’assassin et je
préférais donc garder le secret. De surcroît, je ne suis pas sûr que tu
m’aurais cru. Quand je t’ai dit que tu avais guéri par ta seule volonté, et par
le baume du prieuré de Notre-Dame du Bon-Lieu, tu as réfuté mon explication et
assuré que c’était le Saint-Esprit.
    À son tour, elle resta silencieuse et songeuse un
moment avant de déclarer :
    — Je pourrais tout quitter pour toi.
    — Renoncer à rester Parfaite ?
    — Oui, murmura-t-elle au bout d’un moment.
    Sa main était molle dans la sienne.
    — À quelle condition ?
    — Que tu restes avec moi. Cette fille,
Sanceline, peut très bien retrouver son père avec Wolfram.
    — J’ai promis de l’aider.
    — Tu la veux comme maîtresse !
l’accusa-t-elle un ton plus haut, ôtant brusquement sa main. La passion domine
tes sens !
    — Peut-être. Je l’ai aimée et chantée, comme
je t’ai aimée, Amicie, mais pour l’instant, je suis engagé dans une entreprise
que je ne peux abandonner. Pas seulement pour Sanceline, mais aussi pour son
père, pour Wolfram, et surtout pour connaître la vérité.
    — Quelle vérité ?
    — La nôtre. La tienne. Celle que nous
cherchons tous. Pourquoi ce monde est-il si dur ? Pourquoi le Mal nous
domine-t-il ? Je ne renoncerai pas à cette quête. Elle a trop de prix pour
moi.
    — Alors, tu devras renoncer à

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