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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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m’annoncer que l’on s’était attaqué à toi !
As-tu été blessée ? Qui t’a attaquée ? Oui a osé ? Où sont tes
gens ? Je ne vois pas Salsigne…
    Les questions s’entremêlaient pendant qu’il aidait
Esclarmonde à descendre de cheval. À peine avait-elle mis un pied à terre qu’il
la serra à l’étouffer entre ses bras puissants.
    Le comte était un homme vigoureux et corpulent, à
la chevelure et à la barbe rousse. Vêtu d’un surcot de peau de cerf avec des
heuses de cuir et des éperons en cuivre, il portait à la taille un large
couteau de chasse à la poignée d’argent ciselée en forme de tête de loup. Son
manteau en peau d’ours et sa pilosité le faisaient étrangement ressembler à la
bête qu’il venait de ramener.
    — Je n’ai rien, cher frère, rassure-toi. Mais
le pauvre Salsigne est mort, comme tous ceux de mon escorte. Je ne dois la vie
qu’au vaillant chevalier qui m’accompagne : Guilhem d’Ussel.
    Elle le désigna.
    — Ussel ? s’enquit le comte en le
dévisageant avec surprise. J’ai entendu parler de vous ! Allons chez moi
où vous me raconterez tout cela.
    — Je t’accompagne, mon frère. Mais je crois
que le seigneur d’Ussel et ses compagnons, dame Sanceline, le seigneur
d’Eschenbach et son écuyer, aimeraient d’abord se laver et retirer ces hauberts
qui rouillent sur leur peau. Ils nous rejoindront chez toi.
    Le comte roux comprit que sa sœur voulait lui
parler en tête à tête. Il s’adressa à l’un de ceux qui l’entouraient.
    — Fourcès, donne-leur une chambre de la
grande tour et tout ce qu’ils demandent, commanda-t-il avec brusquerie. Qu’ils
viennent chez moi dès qu’ils seront prêts.
     
    Ayant laissé leurs chevaux à des serviteurs, ils
suivirent le nommé Fourcès, sans doute le bayle du château, qui fit prendre
leurs bagages. L’homme les conduisit au troisième niveau de la plus grande des
tours carrées. On accédait à chaque palier avec une échelle isolée de la
chambre par une simple tenture.
    La pièce où il les fit entrer était glaciale et
obscure. Des volets de bois obturaient les fenêtres en forme d’archères, au
fond d’embrasures. Fourcès en ouvrit un avant d’allumer une torche à huile
accrochée au mur par un support de fer forgée.
    La salle disposait d’un beau lit en forme de
coffre fermé par une lourde courtine de laine. Le plancher de bois était jonché
de fourrures d’animaux sauvages. Il y avait des coffres pour leurs bagages et
même une chaise percée. Mais bien sûr aucun foyer.
    Sanceline aurait pu dormir avec eux mais, par
décence, Guilhem obtint qu’on installe pour elle un lit de sangles et qu’on lui
donne des couvertures, car elle aurait froid sur sa couche sans rideau. Fourcès
leur fit aussi porter des draps propres, des coussins et de l’eau chaude. Ils
purent enfin se nettoyer de la rouille déposée par le haubert, le camail et les
gants de mailles. Ayant ensuite revêtu leur robe à leurs armes, sur laquelle
ils ceignirent leur épée, les deux chevaliers, accompagnés de Sanceline, se
rendirent dans les appartements de Raymond Roger, situés dans le corps de logis
entre les deux tours, au-dessus de la grande salle.
     
    C’était une belle pièce aux poutres peintes avec
des motifs multicolores en forme d’écussons. Une fresque représentant une
bataille s’étalait sur un des murs. Sur les autres étaient pendues des peaux de
bêtes, des têtes d’ours et de cerfs naturalisées ainsi que des hures de
sanglier. Toutes sortes d’armes : épées, haches, marteaux et masses,
étaient accrochées un peu partout ainsi que de grands écus et des lances.
    Le sol était couvert de peaux d’ours sur
lesquelles sommeillaient des molosses.
    Assis sur une chaise haute, le comte de Foix
devisait avec sa sœur. Quelques-uns de ses seigneurs et chevaliers, certains
avec leur dame, se tenaient debout devant eux tandis que d’autres étaient assis
sur des bancs à hauts dossiers. Tous écoutaient le Parfait Archéric de Salins.
Un feu pétillait joyeusement dans un renfoncement du mur. Une partie des fumées
s’évacuait par un trou dans la toiture. Le reste assombrissait et empestait la
pièce, à peine éclairée par des torchères de jonc et de suif qui noircissaient
le plafond. Un serviteur prenait régulièrement des braises dans une longue
pelle de fer et les déposait dans un brasero de bronze, devant le siège du
comte, pour lui garder les pieds au

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