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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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difficultés, puis elle
resta près de lui toute la nuit, en prière. Ermessinde lui avait porté son
manteau.
    Le diacre arriva le lendemain.
    Amicie avait sommeillé, à genoux près du corps
d’Amiel, puis couchée sur la paille, à même le sol. Sa nuit avait été emplie de
cauchemars.
    Aux premières lueurs de l’aube, Ermessinde lui
porta une soupe chaude et du pain qu’elle mastiqua sans y prêter attention.
Bien que son manteau soit en laine avec un col de martre, elle avait souffert
du froid. Certes, elle aurait pu demander une couverture, mais elle s’y était
refusée, persuadée que plus elle souffrirait, plus sûrement l’âme de son époux
serait accueillie près du Seigneur.
    Gilabert vint un peu plus tard avec Brasselas et
le chapelain. Il prit de ses nouvelles avec froideur et annonça que le corps de
son frère serait mis dans l’église du prieuré Sainte-Colombe, non loin de
l’Ariège, là où était déjà enseveli leur lignage. Le chapelain en avait
convaincu le prieur qui avait de prime abord refusé, car chacun savait qu’Amiel
penchait pour l’hérésie et qu’il aurait dû être inhumé dans le cimetière
cathare, en terre non consacrée.
    Des ouvriers travailleraient dans la journée à
préparer la sépulture. Pendant ce temps, les gens du fief et les seigneurs
voisins viendraient rendre hommage à leur suzerain.
    Remarquant la paille dans les cheveux de sa
belle-sœur et son teint blafard et fatigué, Gilabert lui conseilla de se
préparer pour les recevoir, car Amiel aurait voulu qu’elle lui fasse honneur.
    Elle accepta le conseil et retourna dans sa
chambre où Ermessinde la lava et l’habilla. Quand elle redescendit, les
premiers voisins étaient arrivés, mais surtout il y avait Lamothe avec le
diacre cathare. Elle se précipita vers le Parfait et se jeta à ses genoux.
Joignant les mains, elle inclina sa tête trois fois vers le sol.
    — Bénissez-moi, supplia-t-elle, et bénissez
mon époux.
    — Dieu vous bénisse, dit le Parfait avec
affliction, mais je ne peux rien faire pour votre noble époux, ma dame.
    — Vous lui aviez pourtant accordé la
convenenza, murmura-t-elle, pleine d’espoir.
    — Je sais, mais il est mort inconsolé, sans
l’espoir d’un salut immédiat. C’est un grand malheur et je prierai pour lui.
    — Que deviendra son âme ? s’inquiéta
Amicie.
    — Elle est déjà passée dans un autre corps,
noble dame. Et dans cette nouvelle vie, il sera certainement sauvé.
    Elle en fut un peu rassurée, n’étant pourtant pas
certaine d’y croire.
    — J’ai veillé son corps toute la nuit et je
l’ai revêtu de ses plus beaux habits, sanglota-t-elle.
    — Seule compte son âme, noble dame, dit le
Parfait en secouant la tête. Un linceul de drap suffisait.
    Il l’aida à se relever, la prit par la main et
l’accompagna dans la chapelle.
    Les serviteurs qui se recueillaient devant leur
maître sortirent.
    Pour la première fois elle remarqua avec honte
combien la chapelle était abandonnée, son mari refusant de l’entretenir :
la paille du sol était souillée, les murs blanchis étaient assombris de
moisissures, le toit de branches mal équarri et couvert de pierres était percé.
Elle vit une grosse araignée courir sur le petit autel et se cacher dans une
fissure.
    Une seule bougie brûlait sur un chandelier de fer.
Elle aurait tant aimé de grandes obsèques, une messe célébrée par un évêque, ou
au moins un abbé.
    Honteuse, malheureuse, elle se remit à pleurer.
     
    Le lendemain matin, en présence du prieur, de
Gilabert, du curé de Sainte-Constance – l’église de la ville haute –
des chevaliers du château et des seigneurs de Montaut, de Lissac, d’Abatut, de
Saint-Quirc, de Marquefave et d’Auterive, tous revêtus de leur hamois, le corps
d’Amiel fut descendu dans un trou devant le maître-autel de l’église
Sainte-Colombe, puis recouvert d’une dalle sur laquelle un tailleur de pierre
avait grossièrement gravé : Amiel de Beaumont.
    En sortant de l’église, Gilabert promit à Amicie
qu’il ferait graver une plus belle dalle sur laquelle son frère serait
représenté en armes. Puis il ajouta qu’il voulait lui parler.
    Rentré au château, il la rejoignit dans sa
chambre.
    — Je pars pour Foix maintenant, Amicie,
annonça-t-il avec brusquerie. J’ai prévenu le comte de la mort de mon frère et
je dois lui prêter hommage. J’irai ensuite à Toulouse.
    — Mais le banquet ?
    Les invités

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