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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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contrainte à ce
mariage avec ce pourceau.
    Sa vie serait un enfer.
    Elle songea alors à se défaire. Mais
comment ? Elle ne possédait plus de couteau et n’aurait pu se jeter
dehors, les archères étant trop étroites. Se pendre ? Mais où ? Le
plafond n’était qu’une voûte. Même cette délivrance lui était interdite.
    Elle resta encore abattue plusieurs heures,
jusqu’à ce que la porte s’ouvre.
    C’était le même garde, mais avec Ermessinde.
    — Ma dame… ma noble dame, balbutia la
servante, se jetant à genoux pour embrasser le bas de son bliaut.
    Restant dehors, le garde poussa la porte pour les
laisser seules.
    Ermessinde tenait une couverture et un broc d’eau.
Amicie s’approcha d’elle, la fit se relever avant de prendre le broc et de
boire avidement à même l’ouverture, faisant couler l’eau sur son bliaut.
    — Buvez, ma noble dame, je vais vous en
apporter encore, dit Ermessinde avec un triste sourire. Le seigneur est parti
au bord de l’Ariège. J’ai aussi une cuvette pour vous.
    Elle alla à la porte et parla au garde qui ouvrit
et lui tendit un grand pot de fer.
    — Je passerai le prendre chaque fois que je
le pourrai. Je vais revenir avec un pain et de l’eau, mais ce ne sera pas tous
les jours. Le seigneur a dit que vous n’aurez que de la bouillie.
    — Et les autres, les chevaliers ? Il n’y
a donc personne qui ait un peu d’honneur ?
    — Hier, ils ont demandé où vous étiez. Le
maître a dit que vous aviez essayé de livrer Saverdun au comte de Toulouse,
après la mort de son frère. Le comte de Foix l’aurait appris et aurait demandé
que vous soyez punie, à moins que vous n’acceptiez de l’épouser.
    — C’est faux !
    — C’est ce qu’a dit Portal, ma dame. Il a
juré être resté près de vous, que personne n’avait quitté le château. Le
seigneur l'a traité de menteur, il a assuré avoir les preuves de votre félonie.
Il l’a alors accusé de vous courtiser. Outré, Portal l’a défié, et le duel a
lieu en ce moment, au bord de l’Ariège. Mais j’ai peur que ce pauvre Portal
n’ait aucune chance.
    Amicie resta interdite à cette terrible nouvelle.
Il était évident que Portal serait vaincu dans un combat qu’il soit à la hache,
à la masse ou à l’épée.
    Elle s’effondra sur le lit, désemparée, mais le
cœur plein de haine envers son beau-frère. Sa servante s’agenouilla et lui
baisa à nouveau le bas de son bliaut, puis elle s’en alla en silence avec le
garde complaisant.
    Amicie tourna et retourna dans son esprit ce qui
s’était passé depuis la veille, songeant à la façon dont son prestigieux
lignage venait d’être avili.
    Gilabert, comme son cher Amiel, avait d’obscures
origines. Ce n’était pas le cas des Villemur. Cent cinquante ans plus tôt, son
ancêtre, Raymond Guillaume de Villemur, était déjà coseigneur de Saverdun. Son
grand-père, Bernard de Villemur avait fait une ligue avec le comte de Toulouse
et le vicomte de Béziers.
    Pour son noble lignage, elle se jura de laver la
tache faite à l’honneur de sa famille. Elle se releva et entreprit de nettoyer
son visage avec un peu d’eau, puis elle se coiffa avec ses doigts. Ensuite,
elle décida qu’elle avait besoin d’une arme.
    Seulement, rien dans la pièce ne pouvait lui être
utile. Rien sauf le lit.
    C’était un cadre de bois mal dégrossi où l’on
pouvait dormir assis à six ou huit.
    Elle souleva la paillasse. Des branches servaient
de sommier. Elle en tira une et entreprit de la briser. N’y parvenant pas, elle
en introduisit l’extrémité dans la fente de l’archère et parvint à la casser.
Elle choisit le plus petit morceau et commença à l’affûter en pointe, en le
frottant contre les pierres du mur.
    Plus tard, elle entendit tout un vacarme dans la
cour. Les gens rentraient sûrement du duel. Elle se précipita à la meurtrière,
grimpant dans l’embrasure pour mieux voir et entendre. Elle vit son beau-frère
qui donnait des ordres, puis elle aperçut la civière traînée par un âne
supportant un corps sanglant. C’était Portal.
    Elle se remit à affûter son arme. Dans son cœur,
la rage avait remplacé la détresse. Le temps passa dès lors plus vite et elle
cacha son outil quand, à nouveau, elle entendit le bruit du verrou.
    C’était la première servante. Elle lui portait de
l’eau et se retira en silence. Amicie n’osa la questionner sur Portal,
puisqu’elle n’était pas censée savoir ce qui

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