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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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devaient rester au dîner prévu moins
d’une heure plus tard.
    — Je n’y serai pas.
    — Je vais avec vous, Gilabert, décida-t-elle.
Je dois rencontrer un notaire et, moi aussi, je dois prêter hommage.
    — Non ! Vous restez ici ! C’est à
vous, la châtelaine, de recevoir nos invités et de garder le château.
    Elle comprit qu’il voulait qu’elle reste
coseigneur avec lui et elle en fut satisfaite. Elle se trompait lourdement.
    Gilabert partit une dizaine de jours avec les
chevaliers du château, ne laissant que le jeune chevalier Portal et des
sergents d’armes.
    Durant tout ce temps, Amicie alla chaque jour
prier sur la tombe d’Amiel, s’interrogeant souvent sur les raisons pour
laquelle Gilabert avait emmené avec lui tous les chevaliers. Elle avait
interrogé Portal qui l’ignorait, mais il est vrai que Gilabert ne l’aimait pas
et il ne lui parlait pas. Le reste du temps, elle s’occupa des comptes avec le
bayle et visita plusieurs fermes, veillant à ce que tout soit en ordre quand
son beau-frère reviendrait.
    Il reparut un soir d’orage, alors qu’on dressait
la table dans la grande salle. Il paraissait exaspéré. Sans doute avait-il
chevauché plusieurs heures sous la pluie. Devant les domestiques, il lui
annonça vouloir lui parler. Son ton était encore plus brusque que l’habitude et
elle s’en inquiéta en le conduisant dans sa chambre, par l’escalier qui passait
de la salle à l’étage.
    — Je suis dorénavant le seigneur de Saverdun,
Amicie. Je prendrai ce soir la chambre de mon frère et son coffre, annonça-t-il
comme elle le faisait entrer.
    Jusqu’à présent, il n’avait pas touché au coffre
de fer dont elle avait la clef à sa ceinture, avec celles des celliers. Il
contenait plus de deux cents pièces d’or et un millier de deniers d’argent.
    — Je suis coseigneur, Gilabert, vous semblez
l’oublier. Pour le coffre, je dois auparavant en parler avec mes frères qui feront
venir un notaire pour l’inventaire.
    — Tu es une femme, Amicie, et ce château a
toujours été le nôtre ! J’ai prêté hommage lige au comte, et mes
chevaliers m’ont prêté hommage à Foix.
    — Je suis coseigneur ! répéta-t-elle
d’une voix qu'elle voulait ferme. Je garderai la chambre et nous dirigerons
ensemble le fief, après qu’un notaire aura établi les actes en accord avec le
comte et mes frères.
    La gifle la prit par surprise. Elle chancela avec
l’impression que son esprit quittait son corps. Puis ce fut la seconde gifle.
    Cette fois, elle tomba en hurlant sous la brûlure
du soufflet. Il lui envoya alors un coup de pied dans les seins, puis l’attrapa
par les cheveux, la releva et la souffleta à nouveau plusieurs fois. Ensuite il
la jeta par terre.
    Elle ne perdit pas conscience quand la douleur la
submergea. La bouche pleine de sang, elle tenta de parler et n’y parvint pas.
Son regard croisa alors les yeux de son beau-frère. Les yeux de Gilabert
recelaient une cruauté implacable.
    — Le seigneur comte de Foix m’a remis le
château ! martela-t-il. Je suis aussi allé voir Raymond de Saint-Gilles et
il a accepté mon hommage à la condition que je t’épouse.
    Terrorisée, elle secoua la tête.
    — Tes frères sont d’accord ! ajouta-t-il
avec méchanceté.
    — Jamais ! cracha-t-elle.
    Il l’attrapa par son bliaut qui se déchira, puis
il tira sur les lacets de sa chemise dévoilant sa gorge généreuse et lui
arracha sa ceinture. Elle devina qu’il allait la violer, mais, contre toute
attente, il voulait seulement lui enlever le petit couteau qu’elle y portait
avec les clefs, son aiguillier, ses forces [6] et son escarcelle.
    — Je vais revenir, promit-il. Si tu sors, je
te corrigerai vraiment !
    Il ajouta, en la regardant avec une joie
mauvaise :
    — Non, je ne te corrigerai pas… C’est
Brasselas qui s’occupera de toi ! Avec une bride, comme il aime à le faire
aux femmes !
    Il partit et elle resta le cœur battant le
tambour. La douleur irradiait sa tête et sa poitrine. Elle resta à trembler et
à haleter un moment, ne parvenant pas à se maîtriser.
    Peu à peu, elle reprit son calme. Elle toucha ses
joues, sa mâchoire douloureuse. Elle n’avait pas de dents brisées. Elle allait
obtenir de l’aide des chevaliers d’Amiel, se dit-elle pour se rassurer. Elle
rajusta sa chemise et son bliaut, puis se lava avec l’aiguière posée sur la
desserte avant de se regarder dans le miroir de fer poli. Son visage

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