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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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réprimant un sanglot.
    Un homme comme lui ne devait pas pleurer, mais il
ne pouvait retenir son émotion.
    — Où est-il ? cria-t-elle.
    Sans attendre de réponse, elle se précipita vers
la porte.
     

Chapitre 2
    D ans
la cour, Amiel de Beaumont était allongé sur une civière de branches. Sa belle
chevelure poisseuse de sang.
    Amicie se jeta sur son corps et l’enlaça. Il était
froid et raide. Le couvrant de baisers et serrant son visage entre ses mains,
elle tenta de lui communiquer un peu de sa chaleur, un peu de sa vie, mais
c’était évidemment inutile. Amiel était mort.
    Quand elle comprit que tout était fini, elle leva
la tête, hagarde et frissonnante, et balaya la cour des yeux, cherchant un
réconfort.
    C’était une cour en terre battue dont la grande
salle fermait un côté. Dans un angle s’élevait la tour pentagonale. Les autres
côtés étaient formés par la salle des gardes, les granges, l’écurie et la
chapelle.
    À quelques pas, le chapelain du château égrenait
son chapelet en remuant silencieusement les lèvres. Lamothe, Lissac, Augier,
Mazeras, quatre des chevaliers qui avaient accompagné leur seigneur à la
chasse, étaient toujours à cheval. Leurs visages défaits exprimaient une
immense détresse. Une sourde inquiétude aussi. Plus près, Portal, un jeune
écuyer adoubé chevalier quelques jours plus tôt, la regardait dans un mélange
de compassion et de tristesse. Elle s’attarda un instant sur lui. Elle
l’appréciait, car il jouait admirablement du psaltérion [5] . Les paysans qui avaient fait la
battue étaient là aussi, près de la grange, terrifiés, tant ils craignaient
qu’on leur reproche la mort du seigneur.
    Venant d’apprendre la sinistre nouvelle, les gens
de la ville haute arrivaient par petits groupes, d’abord incrédules, puis
bouleversés en découvrant le cadavre de leur maître. Les serviteurs du
château : pages écuyers, domestiques, cuisiniers et marmitons, panetier,
femmes et esclaves, se pressaient aussi. Beaucoup pleuraient sincèrement, tant
ils aimaient Amiel. Tous s’inquiétaient de l’avenir et s’interrogeaient sur ce
qu’allait faire Gilabert.
    Justement celui-ci sortit avec Brasselas. Chacun
remarqua leur démarche assurée. Gilabert s’approcha de sa belle-sœur.
    — On galopait derrière un sanglier, dame
Amicie, dit-il rugueusement. Amiel était le premier, comme toujours. Il a
heurté une branche et il est tombé. Sa tête a heurté un rocher.
    Il n’en dit pas plus et attendit. Gilabert avait
toujours du mal à s’exprimer, sinon pour donner des ordres ou lâcher des
jurons.
    Amicie ferma les yeux. Elle revit son époux
partant ce matin-là, joyeux et insouciant. Il lui avait promis de l’emmener à
Foix, la semaine suivante. Elle n’irait pas.
    On n’entendait plus que les sanglots des
serviteurs.
    Elle regarda encore une fois les chevaliers et les
domestiques, qui baissèrent les yeux sous ses reproches implicites, puis elle
s’enfuit vers la grande salle. Devant la porte, elle bouscula Figueira et les
vieilles femmes.
    Dans sa chambre, elle se jeta sur son lit et se
mit enfin à pleurer sans retenue.
     
    Ayant nettoyé les traces de larmes, elle
redescendit un peu plus tard. On avait transporté son mari dans la petite
chapelle Sainte-Marie qui ouvrait dans la cour. Des femmes l’avaient déshabillé
et le lavaient. Elle les bouscula et leur ordonna de partir.
    — C’est moi qui m’occuperai de lui. Moi
seule ! sanglota-t-elle.
    Elles s’éloignèrent, restant quand même à portée
de voix. Amicie aperçut alors Lamothe qui l’observait. Elle l’appela :
    — Trouvez le diacre, je vous en prie !
    — Il est parti à Auterive hier, noble dame.
On ne sait pas quand il rentrera, répondit le chevalier. Le seigneur a décidé
que le chapelain dirait la messe.
    — Amiel n’aurait pas voulu du
chapelain ! Il a toujours dit qu’il désirait le consolamentum  !
Partez pour Auterive, ramenez le diacre !
    Comme il hésitait, elle ajouta en y mettant toute
son énergie :
    — C’est de son âme qu’il s’agit, sire
Lamothe, et je suis sa femme ! Je suis comptable de son salut. Je suis
aussi seigneur de ce château ! Je vous l’ordonne !
    De mauvais gré, il s’inclina et se rendit à
l’écurie.
    Elle appela Ermessinde, sa femme de chambre, et
lui demanda d’aller chercher des vêtements. Quand on les lui eut apportés, elle
habilla elle-même le corps de son mari avec beaucoup de

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