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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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n’en trouverez jamais de plus solide !
     
    Le banquet se tint peu après avec Esclarmonde,
Guilhem et Wolfram à la table d’honneur. Comme ce festin avait été prévu depuis
plusieurs jours pour fêter le retour de la chasse, les conversations portèrent
surtout sur l’ours.
    À Lamaguère, ces bêtes sauvages s’approchaient
rarement des habitations. Certes, à l’occasion, elles pouvaient saisir une
brebis quand elles étaient affamées, mais c’était assez rare, car elles trouvaient
suffisamment de fruits, de baies, de racines, de fourmis et de miel dans les
forêts.
    En revanche, dans les montagnes de Foix, les ours
étaient autrement redoutables car ils étaient nombreux. Tant que les bois
étaient abondamment pourvus de fruits, de glands ou de châtaignes, il y avait à
manger pour tous. Mais à la fin de l’hiver, ne trouvant rien pour se nourrir,
ils s’attaquaient aux brebis et aux agneaux.
    Avant que le souper ne commence, comme tout le
monde était déjà installé à table, le comte fit porter la bête tuée durant la
battue pour que chacun l’admire. Toujours suspendue à ses perches, c’était un
énorme animal, entièrement roux, aussi imposant que Raymond Roger !
    — Ce genre de vieux solitaire choisit pour
retraite les parties les plus sombres et les plus escarpées de la montagne,
expliqua le comte à Guilhem. Il reste tout l’hiver au fond d’une caverne sans
nourriture, mais dès que le temps s’adoucit, il se lance dans des courses
nocturnes pour pourvoir à sa subsistance. Celui-là se saisissait chaque année
d’une dizaine de brebis. Mes bergers voyaient fondre mes troupeaux et m’ont
demandé de l’aide. J’ai d’abord fait poster des hommes à l’affût, avec des
arbalètes, mais la bête était rusée et repérait la surveillance.
    — À Lamaguère, ce sont surtout les loups que
nous redoutons, remarqua Guilhem.
    — Ici aussi, mais les loups craignent les
chiens, et si les troupeaux sont bien gardés, ils ne s’approchent pas, tandis
que l’ours qui a faim n’a peur de rien ni de personne.
    — Il y a une autre différence entre eux,
remarqua ironiquement Wolfram. Le loup dévore le pâtre alors que l’ours ne le
fait jamais !
    — C’est bien vrai ! répliqua le comte
dans un rire truculent. Dans les pâturages, les chiens décèlent l’arrivée de
l’ours par un hurlement craintif que les bergers connaissent. À peine l’ont-ils
entendu qu’ils se mettent à crier et à faire toutes sortes de bruits. Ce
vacarme suffit souvent à éloigner la bête qui ne cherche jamais à affronter les
hommes.
    — Mais celui-ci n’était pas intimidé,
remarqua Guilhem en montrant la dépouille.
    Par son tempérament solitaire, il se sentait
plutôt proche de l’ours.
    Le comte approuva de la tête. Lui aussi préférait
les ours aux loups.
    — Il n’avait peur de rien, aussi j’ai
finalement dû faire une battue, sinon, je n’aurais plus eu un seul
mouton ! J’ai rassemblé quarante hommes, tous armés de fourches de fer et
de pertuisanes, qui ont battu les bois en faisant le plus grand vacarme
possible. Des chasseurs s’étaient postés partout où l’ours pouvait passer. Le
plus souvent, la bête déguerpit devant les bruits et quand elle passe là où on
l’attend, il suffit de lâcher les dogues et de le tirer à l’arbalète ou à
l’épieu, s’il est à portée.
    « L’ours fuit rarement devant les chiens, à
la fois par paresse et parce qu’il est sûr de lui. Il laisse les plus courageux
lui sauter dessus et s’en débarrasse à coups de griffes. Aujourd’hui, j’ai
perdu trois de mes meilleurs mâtins.
    — Aucun homme ? demanda Guilhem.
    — Par chance, aucun.
    Le comte fit remplir son pot de vin et le vida
d’un coup, en laissant couler une traînée sur sa barbe rousse.
    — La chasse de l’ours est toujours
périlleuse, remarqua Wolfram.
    — C’est vrai, mais heureusement, même blessé,
l’ours s’attaque rarement à nous, à moins qu’il ne soit harcelé de trop près.
    — Mais dans ce cas, il fait face, et il est
difficile de lui échapper, remarqua sombrement un chevalier, voisin du comte de
Foix.
    — Chez moi, en Bavière, raconta Wolfram il
m’est arrivé de me trouver face à un ours blessé par des chiens. Je n’ai obtenu
mon salut qu’en suivant le conseil d’un berger. J’ai fait le mort et la bête
m’a simplement tourné autour avant de s’éloigner.
    — L’ours ne s’obstine

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