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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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entendirent Alaric qui revenait au trot.
    — Seigneur ! cria-t-il alors qu’il était
encore à quelque distance. Il y a des traces sur le chemin de Bélesta !
    — Des chevaux ?
    — Des ânes et des chevaux, seigneur !
Ils sont passés, il y a peu de temps.
    Guilhem considéra Sanceline qui regardait toujours
la montagne.
    — Il y a une ferme, pas très loin d’ici. Je
peux t’y laisser le temps qu’on les rattrape. Il va y avoir bataille et je ne
veux pas que tu nous gênes. On recherchera ton père après.
    — Guilhem, fit-elle, émue. Mon père est
là-haut. Je le sens, je le sais, dit-elle en désignant le sommet.
    — Comment peux-tu le savoir ?
demanda-t-il d’un ton incrédule.
    — Je l’ignore. Mais je ressens l’impression
que j’ai toujours eue quand il revenait à la maison. Je savais à l’avance qu’il
arrivait.
    Guilhem frotta sa barbe de la main gauche. Monter
au sommet de Montségur leur ferait perdre la piste. Puis il se dit qu’atteindre
cette montagne avait été son premier dessein. Pourquoi ne pas aller voir, après
tout ? Sans compter que, d’en haut, ils auraient une vue jusqu’à Bélesta.
Peut-être apercevraient-ils Dracul et ses gens.
    Wolfram arriva à son tour.
    — Je n’ai rien découvert de ce côté, Kyot,
dit-il.
    — On monte là-haut, décida Guilhem en
désignant Montségur.
    — Mais, seigneur, ils ont pris le chemin de
Bélesta ! insista Alaric.
    — On ira après.
    Guilhem et Sanceline se dirigèrent vers le
mamelon, tenant en longe les montures de bât. Les autres suivirent. Pendant un
moment, les chevaux purent avancer sans difficulté au milieu des chênes, puis
ils furent arrêtés par des éboulis sur la paroi rocheuse. À partir de là, il
fallait monter à pied.
    — Alaric, garde les bêtes. Wolfram, veux-tu
venir ?
    — Je refuserais de monter à Montsalvat,
Kyot ? Dieu me damne, j’espère que tu plaisantes ! s’exclama
joyeusement l’Allemand.
    — Je te préviens, il n’y a pas de
château !
    — Qu’en sais-tu ? Le château n’est
visible qu’aux purs. L’es-tu ? demanda Wolfram dans un rire narquois.
    — Non ! répliqua sombrement Guilhem en
masquant son angoisse.
    La pente était raide et, avant de la gravir, ils
enlevèrent haubert et casque, ne gardant qu’une épée, une gourde et un couteau.
    Au bout d’une heure fatigante, ils débouchèrent
sur une esplanade rocheuse de plus de trois cents toises où s’élevaient des
ruines éparses. La plus imposante était le reste d’une tour, peut-être
construite par des Goths. Le reste des bâtiments semblait être une chapelle ou
le sanctuaire d’un ermite. Sans savoir pourquoi, Sanceline s’y dirigea.
    Le sanctuaire était formé de deux pièces aux murs
noircis de suie. Peut-être par le foyer de l’ermite, peut-être par un incendie
provoqué par la foudre. Quelques poutres calcinées, des troncs d’arbres,
jonchaient le roc. Une petite construction voûtée semblait être le reste d’une
citerne qui devait recueillir l’eau des toitures.
    Guilhem se rendit à la tour en ruine. Les ronces
l’avaient envahie. À l’intérieur, il ramassa quelques morceaux de poterie et de
tuiles. L’endroit était inhabité depuis très longtemps. Envahi par un mélange
de tristesse et de déception, il sortit rejoindre Wolfram qui faisait le tour
de la plateforme, observant les vertigineux à-pics.
    — Il n’y a pas âme qui vive, ici, lui dit-il
en regardant le lac lointain, qui brillait au levant.
    C’est dans cette direction que se trouvait la fontaine
aux fées, mais on ne pouvait la voir à cette distance. Peut-être qu’Enguerrand
est venu et reparti, se dit Guilhem. Mais il en doutait. Il n’était
certainement jamais arrivé jusque-là.
    Au-dessus d’eux, un faucon tournait
inlassablement.
    Sanceline s’était éloignée. Sortie des ruines,
elle se penchait maintenant au-dessus d’une falaise. En contrebas, on
apercevait un filet d’eau qui coulait dans des gorges. Guilhem et Wolfram se
dirigèrent vers elle.
    — Nous avons tout vu, Sanceline. Ton père
n’est pas là. Et s’il est venu, il n’a pas laissé de traces. Je me suis trompé.
Redescendons, lui dit-il doucement.
    Elle secoua la tête.
    — Non, Guilhem. Il est là, je le sais !
    Il la regarda avec inquiétude.
    — Où ? Où voudrais-tu qu’il soit ?
s’enquit-il, un ton trop haut.
    Désespérée, elle appela :
    — Père ! C’est moi, Sanceline !

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