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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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attends-moi ici, je reviendrai
te chercher quand ton père sera en haut.
    Avec beaucoup de difficultés, ils parvinrent à
faire remonter Enguerrand. Puis Guilhem revint aider Sanceline.
    Une fois tous en haut, ayant remis baudriers et
épées à leur taille, ils transportèrent le vieillard dans les ruines du
sanctuaire afin qu’il soit à l’abri du vent. Là, Wolfram palpa longuement la
jambe blessée.
    — Elle n’est peut-être pas cassée, mais je
préfère l’immobiliser avec des branches. Il faut faire une civière pour le
descendre.
    — Sanceline, va chercher Alaric, demanda
Guilhem. Qu’il coupe des branches et nous les apporte. Amène aussi de quoi
faire un peu de bouillie à ton père. Pendant ce temps, nous parlerons.
    Sanceline partit et les deux chevaliers restèrent
près du Parfait.
    — Enguerrand, lui dit Guilhem, après l’avoir
fait boire à nouveau. Laissez-moi vous raconter pourquoi nous sommes là. Ce
chevalier qui m’accompagne est un troubadour comme moi…
    Guilhem lui parla de Perceval, de Chrétien de
Troyes, du Graal, de Montsalvat et de la pierre de Lucifer.
    — … La pierre… murmura le vieillard à ce
point du récit. Vous le savez ?
    — Oui, celle que Nicétas est venu contempler
ici.
    — Comment ? Qui vous l’a dit ?
    — Peu importe… Mais nous ne sommes pas les
seuls à la chercher…
    Guilhem lui parla alors de Conrad de Tannhäuser,
de ce qu’avait appris ce chevalier teutonique en Palestine, de sa quête pour se
rendre à Tolède, et de sa mort étrange. Puis, il lui expliqua que des moines
cisterciens et des valaques voulaient sans doute s’emparer de la pierre. Ces
valaques, ayant pour chef le comte Dracul, avaient certainement engagé un
écuyer félon, Brasselas, dont il lui révéla les crimes.
    — Ce Dracul connaissait donc les raisons de
la venue de Nicétas ? demanda Enguerrand qui reprenait un peu vie.
    — Oui. Nous avons croisé sa route plusieurs
fois en vous recherchant. C’est un homme d’une incroyable férocité, sans aucune
miséricorde. Il n’est pas loin d’ici.
    Guilhem lui parla alors de l’ermite de Tarascon,
flagellé à mort.
    — Pierre d’Ornolac est mort ? murmura
Enguerrand, incrédule.
    — Oui, torturé par le comte Dracul, à moins
que ce ne soit par les cisterciens. Connaissait-il l’endroit où se trouvait
l’émeraude ?
    — Bien sûr… Je suis resté près d’une semaine
avec lui. Il m’a appris tant de choses…
    Il reprit son souffle avant de poursuivre.
    — Il se faisait appeler Pierre d’Ornolac, ce
qui veut dire le rocher sacré, dans le vieux langage du pays. Il voulait oublier
son ancien nom, taché à tout jamais de déshonneur, selon lui.
    — Pourquoi ?
    Guilhem donna encore à boire au vieil homme qui
paraissait retrouver quelques forces.
    — Ornolac faisait partie des proches de
Pierre de Maurand, quand l’évêque Nicétas avait été accueilli chez lui à
Toulouse. C’est Nicétas qui lui avait donné le consolamentum , faisant de
lui un Parfait. Il était devenu son secrétaire et son confident. Il avait
participé au synode de Saint-Félix, puis Nicétas lui avait demandé de le guider
dans le pays de Foix, car Ornolac était d’ici. À ce moment-là, l’évêque ne lui
avait pas dit ce qu’il recherchait.
    Enguerrand reprit sa respiration après cette
longue explication et Guilhem lui humecta le visage.
    — Nicétas et lui, accompagnés de l’évêque de
Lombardie et de plusieurs dignitaires bogomiles, vinrent à Foix où le comte les
reçut avec beaucoup d’honneur et de magnificence. Nicétas y bénit la jeune
Esclarmonde qui avait 13 ans, puis ils se rendirent jusqu’aux grottes de
castrum Tarascone que Nicétas connaissait par un vieux texte goth. C’est là que
l’évêque demanda à Ornolac de le conduire à une petite montagne en mamelon
nommé Montsalvat. Ornolac ne la connaissait pas, mais il lui parla de Montségur
qui avait la même forme. Ils s’y rendirent.
    « Nicétas vint donc prier dans ce sanctuaire
où nous sommes à présent. Selon lui, il avait été construit par les Goths
d’Alaric. Il interrogea ensuite Ornolac sur une source des anges qui se serait
trouvée dans les environs. Ornolac connaissait seulement une fontaine
mystérieuse que l’on disait habitée par des fées. Il y conduisit les bogomiles…
    Sanceline et Alaric entrèrent alors dans le petit
sanctuaire. L’homme d’armes portait plusieurs longues branches ébranchées,

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