Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
des
cordes et une couverture. Sanceline avait ramassé un fagot de bois et tenait le
coquelet utilisé pour cuire les bouillies. En bandoulière, elle avait un sac de
toile contenant de la farine d’orge et d’avoine.
    Elle s’agenouilla près de son père.
    — Comment vas-tu ?
    — Mieux… Mais mon cœur souffre, car je viens
d’apprendre la mort d’un homme que j’estimais plus que tout au monde.
    — L’ermite de Tarascon ?
    — Oui, Pierre d’Ornolac.
    Pendant qu’il parlait ainsi, Wolfram expliquait à
Alaric comment fabriquer la civière, puis il prit une des branches qu’il retailla
à la longueur de la jambe d’Enguerrand afin de l’immobiliser.
    — Ton père nous racontait la venue de Nicétas
ici. Poursuivez Enguerrand…
    — Ils sont partis d’ici et se sont rendus à
la source. Nicétas était extrêmement agité et Ornolac ne comprenait pas
pourquoi. Là-bas, l’évêque lui demanda d’attendre, tandis que lui et ses
compagnons grimpaient sur les hauteurs qui dominaient la fontaine. C’est à ce
moment-là qu’Ornolac commit cette faute qu’il devait se reprocher toute sa vie…
    Enguerrand se tut un instant, observant sa fille
qui préparait un feu avec le fagot. Guilhem donna à celle-ci son briquet pour
qu’elle l’allume.
    — … Alors qu’il avait promis d’attendre, il
suivit Nicétas en se dissimulant… trahissant ainsi sa parole…
    Guilhem comprenait maintenant plusieurs faits qui
l’avaient intrigué.
    — Nicétas et ses gens marchèrent un long
moment dans les bois, paraissant compter les pas qu’ils faisaient. Puis ils
s’arrêtèrent et se dispersèrent dans plusieurs directions, comme s’ils
cherchaient un repère. Au bout d’un moment, l’un d’eux appela les autres.
Ornolac s’approcha, toujours dissimulé, ce qui était facile, car les taillis
étaient épais. Il les vit discuter en désignant un renfoncement dans le sol.
Ils déployèrent alors une corde, fabriquèrent un harnais, et un jeune homme
vigoureux descendit dans cette cavité, l’autre extrémité de la corde étant
arrimée à un cheval. Au bout d’un long moment, il remonta et parla à Nicétas.
Ce fut au tour de l’évêque d’être attaché au harnais et de descendre. Cette fois
l’attente fut très longue. Nicétas resta plusieurs heures dans le trou avant de
remonter. Toujours caché dans des fourrés, Ornolac observait cela sans
comprendre ce qu’ils cherchaient. Quand enfin Nicétas réapparut, il paraissait
transfiguré. Il tomba à genoux et pria longuement, puis il parla à ses amis
dans une langue incompréhensible. Comme ils s’apprêtaient à revenir, Ornolac
fit demi-tour le premier.
    Sur des pierres, la bouillie chauffait dans la
petite marmite. Sanceline la remuait avec une cuillère de bois.
    — À son retour, Nicétas trouva Ornolac et ne
soupçonna pas qu’il avait été suivi. Il lui demanda de le ramener au château de
Foix. C’est en chemin qu’Ornolac lui posa la question qui lui brûlait les
lèvres. Qu’y avait-il de si important près de la source aux fées ?
    « Nicétas resta longtemps sans répondre,
puis, jugeant que son guide s’était conduit avec loyauté, il lui révéla
l’existence de la pierre de Satan, lui parla du combat du démon, de l’émeraude
et de la façon dont elle avait été confiée par les anges à Joseph d’Arimathie.
    Sanceline interrompit alors son père pour lui
faire avaler quelques cuillères de bouillie. Enguerrand reprit ensuite son
récit.
    — Cette pierre, conservée dans un coffre,
avait été transportée à Rome après la reconnaissance du christianisme, puis
volée par Alaric. Son fils, Théodoric, l’avait apportée à Toulouse. Avant la
bataille décisive contre Clovis, Alaric II l’avait dissimulée dans ce
gouffre et seuls quelques prêtres et fidèles de son entourage le savaient. La plupart
avaient ensuite été capturés et torturés par Clovis qui connaissait l’existence
de l’émeraude et désirait se l’approprier, mais un prêtre était parvenu à fuir.
Il se rendit à Rome, puis à Constantinople. Avant sa mort, il décrivit le lieu
de la cachette dans un parchemin confié à un autre religieux. Ce texte était
arrivé à Nicétas. C’était la véritable raison de sa visite dans le Toulousain.
    « Ornolac lui avait alors demandé s’il avait
vu la pierre, et Nicétas lui avait répondu affirmativement, précisant qu’il
avait été le seul, car seuls les purs pouvaient

Weitere Kostenlose Bücher