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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et entreprit l’ascension du retour.
    Si les premières toises furent faciles, il se
fatigua vite et dut s’arrêter plusieurs fois avant d’arriver au premier
passage, à mi-parcours.
    Là, il se glissa dans le boyau, puis entreprit de
hisser le coffre qui devait peser une soixantaine de livres. Bandant ses
muscles, il le tira pied après pied, enroulant régulièrement la corde à une
roche pour qu’il ne retombe pas quand il reprenait son souffle.
    Au terme d’un effort exténuant, il parvint à lui
faire passer le passage et à le déposer près de lui. Il se rendit compte alors
qu’il était trop épuisé pour parvenir à le ramener jusqu’en haut. Le plus
simple était de le laisser sur place et de revenir le chercher plus tard.
    Il reprit alors son ascension le long de la corde,
jusqu’au passage supérieur. Là, à nouveau, il reprit son souffle et grimpa
jusqu’au dernier goulet.
    Levant les yeux, il aperçut enfin le ciel. Jugeant
qu’il n’avait plus besoin de la lanterne qui l’encombrait, il la laissa sur
place avant de reprendre la corde. Il était cependant surpris de ne rien
entendre, mais peut-être ses compagnons s’étaient-ils éloignés de l’orifice.
    À deux toises de la sortie, il cria :
    — J’arrive !
     

Chapitre 28
    N e
percevant toujours aucune parole, il hésita. Avait-on surpris ses amis ?
    Mais que faire d’autre sinon sortir ? Il ne
pouvait rester au fond du gouffre. Une fois de plus, il choisit de jouer de
l’audace.
    Après un ultime effort, il parvint au niveau du
sol. La première tête qu’il vit fut celle de Brasselas, penchée vers lui avec
un mauvais rictus de victoire. L’ancien chevalier du beau-frère d’Amicie de
Villemur le menaçait d’une arbalète.
    — Enfin de retour, compaing ! fit-il en
ricanant, montrant les chicots noirs de ses dents gâtés.
    — Aidez-moi à sortir, répliqua Guilhem sans
émotion apparente.
    En même temps, il s’était hissé suffisamment haut
pour balayer du regard les environs du gouffre.
    Wolfram et Alaric étaient agenouillés, les
poignets liés dans le dos, le visage sombre. Ils étaient toujours en haubert et
camail, mais sans casque. Allongé au pied de son arbre, Enguerrand sanglotait
doucement. Trois individus patibulaires, en broigne maclée et salade, les
surveillaient, hache ou arbalète à la main. Un peu plus loin, près du ravin, se
tenaient trois moines cisterciens. Le plus grand le regardait dans un mélange
de crainte et de dédain.
    Le second, bouffi et grassouillet, avait un visage
candide marqué par la honte ou l’inquiétude. Seul le troisième, à l’écart,
l’observait avec des yeux de braise satisfaits et pleins de méchanceté. Il
reconnut sans peine les frocarts. C’était ceux de la cour d’amour. Ceux vus à
Foix : frère Gui, Castelnau, et le troisième dont il avait oublié le nom.
    On ne voyait pas Sanceline.
    Un grand froid envahit Guilhem. Il devina qu’il
était arrivé malheur à celle qu’il aimait. Exactement comme dans son cauchemar.
Il sut aussi qu’il allait tuer ces moines et les gens de Brasselas. À moins que
ce soient eux qui le navrent.
    S’efforçant de rester impassible, il s’agrippa à
une grosse racine de lierre et parvint à sortir du trou.
    — Où est Sanceline ? demanda-t-il à
Wolfram.
    Du regard, l’Allemand désigna le moine aux yeux de
braise.
    — Ils sont arrivés pendant qu’on te regardait
descendre. Sanceline s’est défendue et celui-là l’a frappée avant de la pousser
dans le ravin.
    — Ne t’inquiète pas, l’ami, tu vas la
rejoindre ! ricana Brasselas. C’est surtout nous que ça a contrarié. Si on
avait su que c’était une drôlesse, on en aurait profité avant !
    Les trois autres éclatèrent d’un rire infâme.
    — Jette ton couteau, compère !
poursuivit Brasselas d’une voix glaciale.
    Pendant qu’il parlait, Guilhem s’était rapproché des
moines. Il fit encore un pas et tira sa lame qu’il laissa négligemment tomber.
    — C’est vous qui étiez à Saint-Gilles, à la
cour d’amour, dit-il en s’adressant aux moines. Je vous ai aussi vus à Foix.
Vous – il désigna le petit grassouillet – vous vous dites légat du
Saint-Père, et vous – il désigna Castelnau – vous seriez envoyé par
l’abbé Amaury. Je croyais que l’Église réprouvait le sang… Malgré vos
préceptes, vous avez lâchement assassiné un vieil ermite.
    — Non ! protesta Castelnau. Nous l’avons
seulement

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