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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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reviennes…
    — Moi aussi ! s’efforça-t-il de
plaisanter.
    Il lui enleva son casque, baissa son camail et
caressa avec douceur ses cheveux tressés.
    — Vas-tu remonter la pierre, si tu la
trouves ?
    — Je m’y suis engagé auprès de Wolfram.
    — Et si elle n’apporte que du malheur aux
hommes ?
    Embarrassé, il répondit seulement :
    — Ton père aussi est impatient de la voir.
    — Un douloureux pressentiment serre mon cœur,
Guilhem. Si tu descends dans ce trou, je ne te reverrai plus.
    Il la considéra avec inquiétude. Elle était livide
et il lui revint l’image de son cauchemar : Sanceline morte près de lui.
Quel était ce pressentiment qu'elle éprouvait ? Était-ce lui qui resterait
au fond de ce tombeau… ou elle ?
    Il lui prit la main. Elle était aussi froide que
celle d’un cadavre et il essaya de lui transmettre un peu de chaleur.
    — Je suis une sotte, Guilhem, fit-elle d’une
voix cassée. Oublie ce que je viens de dire. Je serai là à ton retour. L’on est
bien faible quand on est amoureux, mais tu peux être certain que je
t’attendrai.
    Elle ajouta après un instant :
    — Je ne peux plus supporter d’être tourmentée
jour et nuit par les regrets de t’avoir laissé. J’ai choisi entre Lui et toi.
Si tu veux toujours de moi, je t’accompagnerai à Lamaguère.
    Il la prit dans ses bras et sa bouche lui brûla
les lèvres. Les yeux fermés, elle s’abandonna, mais il n’éprouva aucun plaisir
tant la crainte le taraudait. Pouvait-il la perdre par sa faute ? Se
souvenant de ce jour où on lui avait annoncé l’attaque des frelons contre
Amicie, les deux vers du chevalier de la charrette lui revinrent :
     
    À
Lancelot vient la novele,
    Que
morte est sa Dame et s’amie.
     
    Il entendit des chevaux approcher et la libéra.
    C’était Alaric.
    Sanceline s’écarta aussi et rejoignit son père
qu’elle aida à descendre du palefroi, puis qu'elle soutint jusqu’à un arbre au
pied duquel il s’allongea.
    Pendant ce temps, Wolfram envoyait quelques
pierres au fond du trou. Aucun bruit n’en remonta. Le gouffre paraissait sans
fond.
    — Tu vas t’épuiser à descendre, et encore
plus à remonter, dit-il à Guilhem. Ce serait plus facile d’attacher la corde à
un cheval et de te descendre en le faisant avancer.
    — Sans doute, mais les frottements de la
corde l’useront plus vite. Je ferai à ma façon.
    Il alla chercher les cordes et entreprit de les
nouer solidement entre elles. Puis, ayant attaché une extrémité à un sapin, il
assujettit une pierre à l’autre bout et la jeta en milieu du trou.
    Le cordage se dévida sur seulement une dizaine de
toises.
    — Ce n’est pas trop profond, remarqua Alaric.
    — La pierre est peut-être posée sur un
surplomb.
    — On va voir, dit Guilhem qui avait retiré
son hoqueton et son camail.
    Il demanda à Alaric de l’aider à ôter son haubert
puis, n’ayant gardé qu’un couteau à son baudrier, il enfila des gants de cuir.
    — Alaric, range soigneusement mon hamois et
mon épée sur mon palefroi, dit-il, pendant que Wolfram allumait la lampe de
corne. Avec la corde, fais ensuite une boucle sur le bât de la selle de ton
cheval pour qu’elle reste tendue.
    Pendant qu’Alaric s’exécutait, Guilhem alla couper
une branche de deux ou trois pieds, puis il prit la lanterne que lui tendait
Wolfram et l’attacha à un bout de la branche avec une lanière. Il fit ensuite
glisser l’autre extrémité de la perche dans son baudrier de manière à ce que la
lampe l’éclaire sans avoir à la tenir.
    — Nicétas est resté longtemps au fond. Ne
vous inquiétez pas. Je vais prendre mon temps.
    Il jeta un regard dans le gouffre.
    — Quand je tirerai sur la corde, faites-en
descendre des portions supplémentaires.
    Wolfram désigna le soleil qui descendait sur les
crêtes des montagnes.
    — Si tu n’es pas remonté quand il aura
disparu, je viendrai te chercher, dit-il.
    — Ne sois pas pressé, laisse-moi le temps,
insista Guilhem.
    Il attrapa la corde d’une main, fit un sourire à
ses compagnons, envoya un baiser de la main à Sanceline et commença la
descente, le cordage serré entre ses jambes.
    Il fut rapidement dans une semi-obscurité.
    L’intérieur du large puits était envahi d’un
lierre noir et épais. Les plantes laissèrent ensuite place aux racines, puis il
n’y eut plus qu’une terre humide et argileuse. Une douceâtre odeur de
pourriture montait du fond.
    Il

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