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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s’aidait des pieds, car la descente n’était pas
verticale. La lampe de corne l’éclairait suffisamment et ses yeux s’étaient
accoutumés à l’obscurité quand il atteignit l’extrémité de la corde. La pierre
était posée sur une pente. Le trou se terminait-il là ?
    Avec la lampe, il explora autour de lui et
découvrit une étroiture par où il pouvait à peine passer. Il l’agrandit avec
son couteau, puis il tira sur la corde qu’Alaric laissa filer et il jeta la
pierre dans le nouveau trou. Celle-ci descendit encore de quelques toises et il
s’engagea dans l’orifice en se contorsionnant, veillant à ne pas éteindre la
lanterne par mégarde.
    Après ce goulet, le tunnel s’élargit. Il
n’arrivait plus de lumière de la surface et, sans sa lampe, il aurait été dans
le noir absolu.
    La terre glaise du début laissa la place à une
roche brune. Si, au début de sa descente, il avait encore entendu la voix
inquiète de Wolfram lui demandant plusieurs fois si tout allait bien,
maintenant c’était le silence. Il ressentait une oppressante sensation
d’étouffement qu’il s’efforçait de chasser.
    De nouveau, il arriva jusqu’à la pierre attachée à
la corde. Certain de ne pas être au plus profond du gouffre, il chercha un
passage qu’il découvrit sur un côté. Comme il l’avait déjà fait, il tira sur la
corde pour qu’Alaric lui donne du jeu, puis il fit descendre la pierre dans la
nouvelle cavité. Quand elle s’arrêta, il passa par le goulet et poursuivit sa
descente.
    Après quelques cannes, il arriva à une saillie qui
semblait être la fin du trou. Pourtant, il découvrit encore un autre passage.
De nouveau, il tira sur la corde puis jeta la pierre plus bas. Cette fois elle
descendit de presque toute sa longueur qu’il pouvait mesurer par les nœuds
qu’il avait faits.
    Le boyau dans lequel il s’engagea était quasiment
vertical. Au bout d’un moment, il eut l’impression d’être dans le ventre d’une
monstrueuse bête qui s’apprêtait à le digérer. Jonas avait dû ressentir la même
chose dans la baleine qui l’avait avalé, songeait-il avec appréhension.
    Soudain retentit un assourdissant vacarme
ressemblant au bruit d’un torrent pénétrant dans la grotte. Il s’arrêta, le
cœur battant le tambour. Était-ce les fées qui se manifestaient ? Puis ce
fut un tumulte de succions et d’écoulements, comme si quelque géant assoiffé
vidait des tonneaux de vin.
    Peu à peu ces bruits se transformèrent en simple
glouglou d’écoulement et Guilhem, à peine rassuré, reprit la descente.
    Maintenant une humidité glaciale remontait de
l’abîme. Il atteignit avec soulagement un nœud de la corde et il se reposa un
instant. Il entendait maintenant distinctement un torrent d’eau cascadant comme
celui d’une rivière en crue.
    Les parois devenaient plus claires, parfois
teintées de striures noires. Ayant repris son souffle, il se laissa glisser
plus rapidement. Des gouttes d’eau suintaient des parois et commençaient à le
mouiller comme le ferait une bruine. Son pied toucha à nouveau le sol. Était-il
au fond ou encore sur une corniche ?
    À tâtons, il posa un second pied. S’étant appuyé
et se sentant en sûreté, il saisit la perche soutenant la lampe et examina
autour de lui.
    Il était bien au fond du gouffre. En face de lui
partait un boyau et de l’autre côté une galerie qui descendait. La main sur la
poignée de sa lame, il regarda longuement autour de lui, craignant à tout
moment que des farfadets, des ogres, des démons ou des sorcières se jettent sur
lui pour le punir de les déranger.
    Mais aucun de ces êtres surnaturels, qui hantent
habituellement les profondeurs de la terre, n’était là ; ou alors ils se
cachaient, attendant le moment favorable afin de s’en prendre à lui. Il inspira
longuement, puis il cria plusieurs fois, espérant qu’il serait entendu de ses amis :
    — Je suis au fond !
    Il abandonna alors la corde, enleva ses gants
qu’il glissa dans son baudrier et, marchant avec précaution sur le sol glissant
en tenant la lampe, il entreprit d’explorer la cavité où il se trouvait.
    Si le sol était jonché d’ossements, il constata
vite qu’il n’y avait aucun coffre. Il cria à nouveau que tout allait bien et
seul une sorte d’écho étouffé lui répondit.
    Il entreprit de s’engager dans la galerie, mais sa
pente était forte et glissante et, une fois en bas, il n’était pas certain

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