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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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symphonie apaisante d’une indescriptible
beauté qui se fondait dans la lumière. Elle comprit qu’elle-même faisait partie
de cette musique céleste. Elle continuait à avancer, devinant que ce qui
l’attendait allait être si prodigieux et si beau qu’elle oublierait sa vie
passée.
    Soudain apparut devant elle un être de lumière qui
lui barra le passage. Ce n’était pas un homme, mais un ange.
     
    Dans le bois, Guilhem allongea Sanceline. Son beau
visage n’était pas abîmé par la chute et il lui baisa les lèvres, encore
tièdes. Mais il n’en sortait plus aucun souffle.
    Ne pouvant se retenir, il se mit à sangloter.
    Combien de temps dura sa peine ? Il ne devait
jamais s’en souvenir. Ce dont il se remémora plus tard, c’est d’avoir pensé à
l’émeraude.
    La pierre du démon assurait le salut de l’âme, lui
avait-on dit, mais surtout elle donnait la vie. Après l’avoir contemplée, un
chevalier devenait invulnérable pendant la semaine qui suivait. Et si c’était
pour cela qu’il n’était pas mort dans cette terrible chute ? S’il était
invulnérable ? Mais alors, pouvait-il prolonger la vie de Sanceline ?
Pouvait-il guérir ses blessures, comme le Graal le faisait sur le roi
pêcheur ?
    La lapis ex cœlis était source de vie. Elle
empêchait de mourir et rendait la jeunesse à ceux qui avaient le cœur pur.
Existait-il un cœur plus pur que celui de Sanceline ?
    Il arracha l’escarcelle de son baudrier, en tira
le cordon, l’ouvrit et sortit l’émeraude qu’il contempla un instant. La pierre
brillait encore plus que dans la grotte. Il la plaça dans les mains de
Sanceline rassemblées sur son cœur et se surprit à prononcer quelques mots du
Notre Père, lui qui n’avait plus jamais prié depuis son enfance.
    Mais il ne se passa rien. Elle était morte.
    Il chercha alors ce qui l’avait tuée. Il abaissa
le capuchon du camail lui couvrant toujours la tête. Une estafilade marquait
son front, mais sans épanchement. Il releva son haubert. Ses jambes ne
paraissaient pas cassées, ni ses bras. Peut-être avait-elle eu les reins brisés
dans la chute ? Il posa ses mains sur les siennes, serrant la pierre
luciférienne de toutes ses forces.
     
    Dans le merveilleux tunnel de lumière, Sanceline
perçut un bruit désagréable, comme un bourdonnement. L’être de lumière lui
barrait toujours le passage. Elle dut s’arrêter. L’être la regarda avec une
immense bonté et lui saisit les mains. Une douce chaleur l’envahit. Puis il la
fit se tourner et la poussa devant lui. Immédiatement, elle se sentit emportée,
aspirée dans le tunnel qui devint de plus en plus en plus obscur.
    Sentant qu’elle revenait en arrière, une immense
déception l’oppressa, car elle refusait ce retour. Cependant elle devina que le
temps de mourir n’était pas encore venu pour elle. Elle allait donc regagner
son corps terrestre et souffrir à nouveau afin d’accomplir son destin inachevé.
    Le désespoir la submergea, puis la douleur revint,
fulgurante, et elle ouvrit les yeux.
     
    Guilhem était immobile, ses mains serrant celles
de Sanceline. Il ne se passait rien. L’émeraude n’agissait pas. Sans doute
était-il trop tard.
    Soudain il eut l’impression d’un frémissement. Les
doigts de Sanceline ne bougeaient-ils pas ? Il se baissa et baisa sa
bouche, sentant un faible souffle. L’espoir s’empara de lui. Il serra plus fort
les mains qui retrouvaient un peu de chaleur.
    Les yeux de Sanceline s’ouvrirent, puis ses lèvres
et elle s’apprêta à hurler.
    Il n’eut que le temps de retirer une main et de la
lui mettre sur la bouche pour étouffer le cri.
    — Sanceline, je t’en prie, ne crie pas !
lui souffla-t-il.
    Elle le regarda, hagarde, ne comprenant pas.
    — Tu es tombée, mais tu n’as rien de brisé.
Tu as seulement perdu conscience.
    Sanceline avait du mal à le distinguer. Cependant
peu à peu sa vision lui revint, puis la mémoire.
    — Le moine… Un moine m’a poussée… Tu étais
dans le gouffre.
    — Je sais. Le moine est mort. Je l’ai tué.
    Elle sentit alors la pierre entre ses mains et son
regard s’abaissa sur elle.
    — L’émeraude… le Graal… Tu l’as ramené…
    — Oui.
    Elle resta silencieuse un instant, fixant toujours
la pierre lumineuse.
    — Je suis morte, Guilhem, dit-elle, enfin… Je
me souviens… Je suis sortie de mon corps… je l’ai vu… À moins que ce ne soit
mon âme qui l’ait vu. Je suis partie dans

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