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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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semaines de jeûne, était en tête.
    Avec le jour, la pluie avait cessé et la chaleur
montait, fatigante. Heureusement, dans la forêt, la fraîcheur les saisit.
    Ils marchaient depuis plusieurs heures quand ils
s’arrêtèrent pour se sustenter. Après avoir mâchonné un bout de pain, Figueira
demanda, maussade :
    — Où dormirons-nous ce soir, ma dame ?
    — À l’abbaye bénédictine de Lézat. On nous
recevra, répondit Amicie.
    Ils repartirent. Figueira traînait toujours
derrière elles, hésitant sur ce qu’il devait faire.
    Au détour du sentier, ils virent devant eux deux
hommes en longue pèlerine. Chacun avait un bâton, une besace en bandoulière et
une sorte de bonnet noir sur la tête. Ce n’étaient ni des moines ni des clercs,
car s’ils avaient les cheveux courts, ils n’étaient pas tonsurés. Ce n’étaient
pas des hommes d’armes, car ils n’avaient ni épée ni épieu. Ce n’étaient pas
plus des larrons, car ils ne se cachaient pas, et encore moins des colporteurs
puisqu’ils n’avaient ni hotte à marchandises ni outils.
    Amicie les héla et ils se retournèrent.
    Elle reconnut Pierre de Corona et Pons de
Beaufort, deux diacres parfaits venus prêcher au château. Corona et Beaufort
louaient leurs bras durant les moissons, tandis qu’à la mauvaise saison, ils
réparaient les chaussures, là où on les recevait.
    On l’a dit, Amicie n’était pas cathare, mais elle
faisait partie de ceux qui acceptaient leurs idées, ne jugeant pas les bons
hommes hérétiques, puisqu’ils se disaient bons chrétiens. Si elle allait à
la messe, elle écoutait aussi les prêches des Parfaits.
    Ils s’arrêtèrent, surpris de la reconnaître, car
il faisait si chaud qu’elle avait baissé sa capuche. Ils virent aussi les
traces bleuâtres autour de ses yeux et comprirent qu’elle avait été battue.
    — Dame de Saverdun ? Que faites-vous
ici ?
    — Je me suis enfuie du château. Mon beau-frère
me tenait prisonnière depuis la mort de mon mari. Il voulait me contraindre à
l’épouser.
    Corona était un homme de grande taille, au
maintien noble et majestueux avec un regard grave et chaleureux. Pons de
Beaufort, plus âgé, était plus distant et paraissait possédé par sa foi. Il
laissait rarement paraître ce qu’il pensait.
    S’étant rapprochée d’eux, Amicie fit une révérence
et fléchit les genoux en joignant ses mains sur la poitrine.
    — Bon chrétien, bénissez-moi, demanda-t-elle
avec humilité.
    Le bayle et la servante firent de même.
    — Je vous bénis, dit Pons d’une voix douce.
Que le Seigneur vous sauve. Vous recherche-t-on ?
    — Pas encore, maître Pons, mais on
s’apercevra de ma fuite ce soir. Heureusement on me cherchera plutôt sur le
chemin de Toulouse.
    — Nous ignorions ce qu’il vous est
arrivé ! Nous ne sommes pas retournés à Saverdun depuis la mort de votre
époux, expliqua Corona en secouant la tête.
    — C’est Ermessinde et Figueira qui m’ont
délivrée.
    — Faisons la route ensemble ! proposa
Pierre de Corona, vous nous raconterez. Peut-être pourrons-nous vous aider. Où
allez-vous ?
    — Ce soir, à l’abbaye de Lézat, mais j’ignore
si nous sommes sur le bon chemin. Ensuite je veux me rendre à Lamaguère. Le
seigneur Guilhem d’Ussel est un ami. Il me protégera.
    — Vous êtes sur le bon chemin ! C’est
certainement le Seigneur qui vous a conduits vers nous, car nous allons à
Saint-Pierre-des-Monts [10] ,
à côté de l’abbaye. Il y a là-bas une maison de Parfaits. Si vous le souhaitez,
ils vous logeront.
    Elle hésita un instant, c’était une proposition
tentante. On perdrait plus sûrement sa trace si elle passait la nuit chez les
Parfaits plutôt qu’à l’abbaye où quelqu’un pouvait avertir Gilabert de son
passage.
    — C’est d’accord, décida-t-elle.
    Elle se tourna vers le bayle et ressentit
l’impression qu’il lui envoyait une mise en garde muette. Elle en fut mal à
l’aise.
    Les Parfaits partagèrent l’eau fraîche de leurs
gourdes, emplies à une source qu’ils connaissaient. Ils offrirent ensuite à
leurs compagnons des galettes de blé avant de reprendre le chemin.
    Amicie leur raconta alors son enfermement. Une
fois terminé, elle leur posa des questions sur Lamaguère et Guilhem d’Ussel,
dont elle expliqua seulement l’avoir connu à la cour de Saint-Gilles.
    En vérité, ils avaient été amants avant son départ
à Marseille, où il était envoyé en mission par

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