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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le comte Raymond. C’est à ce
moment qu’avait été décidé son mariage. Depuis, elle ne l’avait plus revu, mais
elle avait appris qu’il avait obtenu le fief de Lamaguère en échange de mille
pièces d’or remises au comte d’Armagnac. Comment avait-il obtenu une telle
fortune ? Elle l’ignorait. Que devenait-il à Lamaguère ? Elle
l’ignorait. Avait-il une épouse ? Elle l’ignorait aussi.
    — Depuis que le seigneur d’Ussel possède le
fief, commença Pons, nous nous sommes arrêtés à Lamaguère deux fois. D’abord en
décembre 1199, époque à laquelle il venait de reprendre son château, occupé par
des chevaliers du Temple. Jusqu’alors, il était en ruine et nous nous arrêtions
dans une manse où vivaient de bons chrétiens, comme nous. Le seigneur d’Ussel
nous a reçus avec hospitalité. Il m’a fait l’effet d’être dur et brutal, peu
religieux, puis, j’ai appris qu’il était arrivé avec plusieurs familles. Ses
compagnons étaient des bons hommes arrêtés par l’official [11] de Paris et
condamnés au bûcher, puis finalement bannis. Il s’était battu pour eux et avait
obtenu leur liberté du roi de France. Il les avait conduits jusqu’à Lamaguère
et gardés à son service.
    — J’ignorai cela, fit Amicie, songeuse. Il
connaîtrait donc le roi de France ?
    — Il le connaît et lui a rendu hommage. Mais
ce n’est pas tout, ajouta Corona. Dans ce groupe de nos coreligionnaires,
certains tisserands étaient restés à Albi. Je connais l’un d’entre eux, qui est
aussi un Parfait. Il se nomme Enguerrand. Il m’a raconté des exploits
incroyables qu’aurait réalisés le seigneur de Lamaguère.
    Amicie était troublée. Elle avait aimé Guilhem
pour son audace, sa force tranquille, mais aussi pour ses talents de troubadour
et de joueur de vielle. Elle savait qu’il avait été mercenaire, elle l’avait vu
combattre avec hardiesse dans des tournois, mais elle n’aurait pas imaginé
qu’il ait protégé des cathares.
    — Je ne l’ai jamais revu depuis mon mariage,
fit-elle avec une pointe de regret… A-t-il pris épouse ? ajouta-t-elle, un
ton plus bas.
    — Non, il vit seul, répondit Corona en
réprimant un sourire.
    — Mais il n’est pas à Lamaguère, en ce
moment, ajouta Pons.
    — Il est absent ?
    — Lors de notre second passage, il venait de
partir pour Bordeaux embarqué sur une nef afin de gagner la Normandie où le roi
de France l’avait invité au mariage de son fils.
    Amicie savait par Amiel, qui lui-même l’avait
appris du comte de Foix, que le mariage de Louis de France et de Blanche de
Castille avait eu lieu fin mai. On était à la mi-juin.
    — Peut-être est-il de retour ?
proposa-t-elle d’un ton plein d’espoir.
    — Peut-être.
     
    Ils arrivèrent à la maison des Parfaits peu après
que vêpres eurent sonné à l’abbaye voisine. En chemin, ils n’avaient rencontré
que des paysans et des journaliers, souvent avec femmes et enfants, qui
revenaient des champs, épuisés. Reconnaissant les Parfaits, ils leur avaient
demandé leurs bénédictions.
    Amicie n’était jamais allée dans une maison
cathare, mais elle savait qu’il en existait pour les hommes et pour les femmes.
Celles des femmes étaient moins nombreuses et ressemblaient plus à des écoles
qu’à des couvents. Les Parfaites y portaient un habit particulier, semblable à
celui des religieuses de l’Église et s’occupaient de l’éducation des filles des
nobles et de la préparation de celles qui, par consolamentum , voulaient
devenir Parfaites. Les plus importantes étaient à Fanjeaux et à Mirepoix.
    À Saint Pierre des Monts, la maison, dirigée par
un diacre, ne recevait que les hommes, expliqua Corona à Amicie, mais ils
disposaient d’une pièce pour loger les femmes de passage. Les Parfaits qui y
vivaient travaillaient de leurs mains et les croyants des alentours leur
fournissaient du pain, des fruits et des poissons. Il y avait souvent des
prédications où venaient des personnes de tout rang pour les honorer, même de
nobles seigneurs. Ces prédications étaient suivies avec un recueillement qu’on
observait rarement dans les églises catholiques.
    Ils furent admis au repas qui débutait. Le souper
fut précédé d’une longue bénédiction dite par un diacre, et cette fois, Amicie
participa sincèrement à la prière tant elle était soulagée de se trouver en
sécurité.
    Corona ayant expliqué discrètement au diacre qui
elle

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