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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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que je suis
ici. J’ai connu le noble Guilhem quand j’étais plus jeune, et je puis vous
affirmer qu’il approuvera que vous m’offriez un refuge, car sinon je serais
réduite à la mendicité sur les chemins.
    « J’ajoute que j’obéirai en tout à vos
décisions, maître Aignan. Comme ma servante et mon intendant. Nous ne serons
pas des bouches inutiles. Je sais coudre et filer, je cultiverai le jardin de
mes mains, tout comme Ermessinde. Quant à Espes Figueira (elle le désigna) nul
mieux que lui ne sait s’occuper des ruches et des abeilles.
    — C’est une grave décision que vous me
demandez de prendre, noble dame, dit Aignan, torturé par l’indécision.
Laissez-moi réunir mes compagnons pour que nous décidions ensemble.
    Il demanda à Geoffroi de rassembler le conseil que
leur seigneur Guilhem avait mis en place, puis il conduisit Amicie et ses
serviteurs, ainsi que les deux parfaits, dans la grande salle du château.
    Celle-ci formait le seul corps de logis intérieur,
avec une tour où se trouvaient deux petites chambres auxquelles on accédait par
un escalier à vis le reste de l’espace étant dévolu à une minuscule cour
agrémentée d’une fontaine.
    La grande salle n’était d’ailleurs pas très vaste.
Tout au plus pouvait-elle rassembler une vingtaine de personnes autour de la
table, quand elle était dressée. L’étage au-dessus abritait les chambres des
gens du château.
    Aignan servit à boire à ses invités, pendant qu’arrivait
Thomas le cordonnier, un autre cathare parisien. Puis ce fut Alaric, un homme
du pays qui commandait la garde. Alaric était accompagné de Godefroi, un archer
saxon ayant épousé une servante cathare. Geoffroi était avec eux.
    Aignan présenta Amicie, ou plus exactement
s’ouvrit de ce qu’il savait d’elle. Il ajouta qu’elle était en fuite, qu’elle
connaissait leur seigneur et lui demandait l’hospitalité. Ils pouvaient la lui
accorder, mais que feraient-ils si ses ennemis étaient puissants et s’ils s’en
prenaient au château ?
    Corona confirma leur puissance, mais assura que
personne ne pourrait apprendre où dame Amicie s’était réfugiée. Le secret de sa
présence assurerait la sécurité de tous. Amicie ajouta que si on ne voulait pas
d’elle, elle repartirait, mais que le seigneur Guilhem serait fâché s’il lui
arrivait malheur.
    C’était une décision lourde de conséquences, mais
les trois cathares parisiens faisaient confiance à Corona et à Pons. Quant à
Alaric, il estimait les Parfaits et croyait en eux. Seul Godefroi hésita avant
de se rallier à la majorité. Finalement, Amicie fut acceptée. Elle logerait
dans la tour avec sa servante, tandis que l’ancien bayle de Saverdun trouverait
gîte dans l’une des cabanes, à l’intérieur de l’enceinte.
     

Chapitre 4
    —  J e t’ai tout dit, Guilhem. J’ignore ce qu’il s’est passé
depuis que j’ai quitté Saverdun. Je suis arrivée chez toi quelques jours avant
la Saint-Barnabé et je ne te demande rien, sinon de me laisser vivre ici comme
une simple servante. Je serai utile, je te le promets.
    Guilhem d’Ussel revenait de Paris où il avait
apporté au roi Philippe de France un précieux document qu’il était parvenu à
saisir à Londres, le testament de Richard cœur de Lion en faveur d’Arthur de
Bretagne, le neveu du roi Jean [12] .
    Durant ce grand périple, il avait souvent pensé
aux trois femmes qu’il avait aimées. La cruelle Marseillaise Constance Mont
Laurier, la douce cathare Sanceline, et la belle toulousaine Amicie de
Villemur. Or, par une malice de la Providence, il découvrait Amicie chez lui.
    Sans rien lui cacher, elle avait raconté ses
années de bonheur à Saverdun, la mort de son mari, les coups reçus de son
beau-frère, son emprisonnement et sa fuite avec le fidèle bayle et sa servante.
    Maintenant, elle le considérait dans un mélange
d’espoir et d’inquiétude. Guilhem n’avait pas changé depuis qu'elle l’avait
quitté. Il émanait toujours de lui une sorte de rudesse tempérée de générosité.
Sa barbe noire était plus fournie qu’avant mais il avait toujours ce regard sur
le qui-vive, celui d’un oiseau de proie. La fine cicatrice disparaissant dans
sa courte chevelure témoignait de la combativité dont il savait faire preuve.
    En gambison de cuir écarlate, il tenait son casque
à nasal d’une main. L’autre reposait sur la garde de la lourde épée suspendue à
sa taille par un double

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