Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
moulin pour s’escambiller. C’était impossible au
château, où on n’était jamais seul.
    Le chemin descendait jusqu’au prieuré et au
moulin. Amicie se retint d’entrer dans l’église faire une prière sur la tombe
de son mari, mais se signa en passant devant. La porte de l’enclos du prieuré
était ouverte. Malgré l’obscurité, elle distingua l’ombre sous l’arche voûtée
où tournait lentement la grosse roue de bois moussue. Déjà Ermessinde avait
reconnu sa maîtresse et se précipita vers elle, tombant à genoux et embrassant
le bas de son bliaut malgré le sol détrempé.
    — Ma dame… ma dame ! répétait-elle la
voix cassée par l’émotion.
    — Nous devons partir, fit le bayle en se
retournant, craignant qu’on ne les ait suivis.
    Ermessinde alla prendre un sac posé dans un coin.
    — J’ai pu emporter votre manteau au col de
martre, noble dame, fit-elle.
    Ils partirent par un sentier qui longeait l’Ariège
et conduisait au pont fortifié. Il pleuvait toujours. Au pont, ils passèrent
sous une arche, se mouillant les pieds dans le courant. Capuchon baissé, ils
poursuivirent en reprenant le chemin jusqu’au faubourg de la ville basse. Aucun
ne parlait. La peur leur serrait le ventre. Cette marche rapide les fatigua
rapidement et Figueira, remarquant que sa châtelaine traînait, lui proposa de
s’arrêter un instant sous un saule.
    Soulagée, elle accepta et en profita pour se
couvrir de son manteau.
    — Quand s’apercevra-t-on de ma fuite ?
demanda-t-elle ensuite, s’asseyant sur une pierre.
    — Pas avant ce soir ou demain, noble dame.
    — On partira immédiatement à ma poursuite.
    — Peut-être pas. Lamothe a la garde du
château avec Isard et Augier. Ils aimaient notre maître et vous donneront votre
chance.
    — Je n’y crois guère. Ils n’ont rien fait
jusqu’à présent. S’ils me prennent en chasse avec des chiens, ils suivront ce
chemin, n’est-ce pas ?
    — Sans doute, mais pourquoi le
feraient-ils ?
    — Gilabert les tuera s’il apprend que je me
suis enfuie. Ils sont obligés de me poursuivre. Donc, je ne vais pas rester sur
ce chemin.
    — Pour aller où, noble dame ? Dans la
forêt ? Ce serait folie ! Nous nous perdrons. Quant aux chiens, ils
ne trouveront pas facilement notre trace avec la pluie.
    — Je n’irai pas à Toulouse. J’ignore comment
le comte Raymond se comportera avec moi. Peut-être me livrera-t-il à mes
frères. Gilabert m’a dit qu’ils ont approuvé mon mariage avec lui. J’irai chez
un homme qui m’aidera. C’est à Lamaguère.
    — Mais je ne sais pas m’y rendre, ma
dame ! protesta le bayle.
    — Moi non plus, mais c’est vers le couchant.
Nous prendrons le premier chemin à gauche.
    — C’est folie ! Il y a des loups !
fit-il encore.
    — En cette saison, ils ne s’attaquent pas aux
hommes, Amiel me l’avait dit. Et puis, tu as un couteau (elle montra la longue
lame à sa ceinture), cela suffira. On rencontrera certainement des colporteurs
qui nous donneront la direction. Au moins, je suis sûre qu’on ne me retrouvera
pas en prenant ce chemin.
    — Mais que mangerons-nous ? objecta
encore le bayle.
    — Qu’avez-vous emporté ?
    — Quelques poignées de fèves, un peu de pain,
une gourde de vin…
    — J’ai aussi du pain dans mon sac, noble
dame, intervint Ermessinde. Et de l’eau.
    — Vous n’êtes pas obligés de venir avec moi,
j’irai vers Abatut [8] .
C’est par là-bas. (Elle montra l’ouest).
    — Mais le castrum est tenu par un vassal du
seigneur, objecta encore le bayle.
    Abatut n’était qu’une fortification de bois avec
une palissade et quelques maisons autour. Il était tenu par un vieux chevalier
impotent qui collectait les cens des manses [9] avant de les remettre à son seigneur.
    — Je ne m’y arrêterai pas, mais Abatut se
voit de loin, je suivrai seulement sa direction. Ensuite je traverserai la
montagne. Rentrez maintenant si vous voulez, personne ne se doutera de rien.
    — Je reste avec vous, ma dame, décida la
servante.
    Le bayle soupira. Ce changement lui déplaisait. Ça
allait lui attirer des histoires, mais il ne pouvait pas faire demi-tour.
    — Je viens aussi, dit-il finalement en
ronchonnant.
    Ils furent en vue d’Abatut une grosse heure plus
tard. Un sentier grimpait dans la montagnette qui séparait la vallée de
l’Ariège de celle de la Lèze. Figueira restait à la traîne, alors qu’Amicie,
pourtant épuisée par ses deux

Weitere Kostenlose Bücher