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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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qu'elle était
enfermée, Amicie reprit espoir. Elle se mit à réfléchir sur ce qu’elle ferait
une fois dehors.
    Personne ne vint le lendemain jusqu’à la tombée du
jour et elle n’eut rien à manger. La faim la tourmentait et l’inquiétude la
rongeait. Elle avait éprouvé tant d’espoir qu’une déception lui ferait perdre
toute sa volonté, songeait-elle. Pourquoi Ermessinde n’était-elle pas
venue ? Figueira avait-il changé d’avis ?
    Par l’archère, elle vit les chevaliers qui se
rendaient au souper, car la plupart habitaient dans la rue des Cavaliers, en
dehors du château. Le temps s’écoulait lentement. Elle avait perdu toute
espérance quand le verrou fut tiré et qu’Ermessinde apparut. Sa servante était
seule.
    — Ma dame, j’ai pu m’absenter pendant le
souper, fit-elle en haletant d’émotion. Figueira m’a dit que vous vouliez me
voir…
    — Ermessinde, si je fuyais,
m’accompagnerais-tu ?
    — Fuir ?
    La servante resta interloquée.
    — Je n’ai pas le droit de vous faire sortir,
ma noble dame… Si on découvrait…
    — Demain, Figueira me délivrera et me
conduira à Toulouse, viens avec moi ! l’interrompit Amicie.
    Déconcertée, la jeune servante ne savait que
répondre. Amicie ignora son hésitation.
    — Mais ne pars pas avec nous, on nous
remarquerait. Retrouve-nous devant le moulin du prieuré de Sainte-Colombe. Si
tu peux, emporte mon manteau à col de martre.
    — Je viendrai, ma dame, promit finalement
Ermessinde en hochant du chef.
    Elle prit un pan du bliaut de sa maîtresse et
l’embrassa avant de sortir.
    Une fois seule, Amicie entreprit de déchirer le
galon brodé d’argent en bas de son vêtement. Il aurait été trop reconnaissable
en dépassant du sayon que lui porterait le bayle.
    Excitée par le projet de sa fuite, elle eut du mal
à trouver le sommeil et à peine y était-elle parvenue qu’elle fut réveillée par
un fracas de sabots de chevaux, de hennissements, de bruits métalliques et de
cris. Elle grimpa dans l’embrasure de l’archère pour regarder dans la cour. On
avait allumé des flambeaux et des cavaliers montaient en selle. Gilabert
partait avec Brasselas et une poignée d’hommes d’armes.
    Puis le calme revint et l’aube apparut. Des
serviteurs s’activaient, nettoyant le sol de la cour du crottin ou portant du
foin dans les écuries. D’autres amenaient des seaux tirés à la fontaine du
village. La herse était restée levée, car il y avait beaucoup d’allées et
venues le jour du marché. Elle aperçut Lamothe qui rentrait dans la grande
salle, puis les autres chevaliers qui sortaient. Il pleuvait, tous portaient
des manteaux et des chaperons.
    Enfin elle entendit le verrou qu’on tirait.
C’était Figueira. Agité, il lui tendit un sayon sale et reprisé. C’était une
sorte de chape informe en grosse laine bise avec un capuchon. Elle l’enfila
rapidement, se couvrit la tête et suivit le bayle qui portait aussi un sac de
toile.
    — Je n’ai pas pu venir plus tôt, ma dame,
murmura-t-il. Plusieurs chevaliers étaient là. Ils viennent de partir au pont
et la voie est libre.
    Ils descendirent l’escalier étroit, bâti dans
l’épaisseur du mur. En bas, Figueira lui dit à mi-voix :
    — Suivez-moi à quelques pas et surtout ne
vous arrêtez pas.
    Il s’engagea dans la cour, mais à mi-chemin de la
herse d’entrée, un garde l’aborda.
    — Maître Figueira, un marchand vous cherche
pour acheter du miel…
    — Je sais, j’y vais, répondit le bayle sans
s’arrêter, baissant la tête sous la pluie pour cacher son agitation.
    Amicie dans ses pas, ils passèrent le porche et
prirent la Grand-Rue, bordée de maisons à colombages, et se dirigèrent vers la
porte de Braide. Pour se rendre à Toulouse, il aurait été plus rapide de passer
par la porte del Pla, qui conduisait à la ville basse et au pont sur l’Ariège,
mais les chevaliers devaient s’y trouver. De plus, la porte de Braide était la
porte principale de la ville haute et, en ce jour de marché, il y aurait tant
de passage que personne ne ferait attention à eux.
    À la porte, le bayle souleva son capuchon pour
être reconnu des sentinelles.
    — Je vais au moulin chercher un sac de farine
avec lui, fit-il en montrant l’homme au sayon qui le suivait.
    Les deux gardes sourirent. Un peu plus tôt, ils avaient
remarqué la servante de dame Amicie qui se rendait aussi au moulin. Or, tout le
monde allait sous l’arche du

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