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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Aignan avait pris des pots d’encre, des feuilles de parchemins et des
tablettes de cire. Mais comme il avait déjà utilisé plusieurs parchemins, il
s’en était procuré une botte [14] à un colporteur. De plus, il se faisait porter les peaux des agneaux mort-nés.
Nettoyées et dégraissées dans un bain de chaux, puis raclées avec un couteau
avant d’être séchées sur un cadre de bois, elles devenaient des parchemins
presque aussi souples que du vélin.
    — Amicie, tu écriras à tes vassaux cet
après-midi. Aignan t’aidera. Tu leur diras pourquoi tu t’es réfugiée ici et
leur rappelleras que tu es la châtelaine légitime de Saverdun. Gilabert étant
un félon, tu exigeras de chacun d’eux qu’il vienne ici engager sa foi et te
rendre hommage.
    Elle hocha la tête, n’ayant jusqu’à présent pas
pensé à ses droits féodaux.
    — Ils ne viendront pas tous, mais
quelques-uns resteront fidèles. Quant aux autres, après avoir reçu un tel pli,
je doute qu’ils rejoignent Gilabert. Ils demeureront dans une prudente
expectative.
    — Montaut, Marquefave, Abatut et Lissac
viendront certainement, dit-elle, mais je n’ai pas le sceau de mon mari.
    — Tu signeras, et je porterai mon propre
sceau. Que tout soit fait cet après-midi. Alaric, tu porteras ces plis.
Fais-toi accompagner de ton cousin. Dans chaque château, tu observeras ce qu’il
s’y passe et tu poseras les bonnes questions pour savoir ce qu’il s’y prépare.
    Ayant ainsi distribué ses ordres, Guilhem
interrogea l’assistance du regard, mais personne n’avait de question.
    Pourtant, avant de terminer la conférence, Guilhem
s’adressa au Flamant.
    — Jehan, je veux que tu ailles à Auch. Ici,
tu es celui qui connaît le mieux le tissage. Tu achèteras la plus belle pièce
de soie que tu trouveras ainsi que quelques draps de fine laine. De quoi faire
une robe, un bliaut et des chemises pour dame Amicie. Il faut qu’elle soit
vêtue comme une châtelaine quand ses vassaux viendront.
    Elle eut un sourire ému de reconnaissance.
    La conférence levée, chacun sortit. Jehan resta
près d’Amicie pour l’interroger sur les étoffes et les couleurs qu’elle
souhaitait et Guilhem en profita pour s’entretenir avec Thomas le cordonnier, à
l’écart des oreilles de la dame de Villemur.
    — Thomas, je suis resté trop longtemps sans
nouvelle de tes amis d’Albi, qu’as-tu appris sur eux ?
    — Le Parfait Pierre de Corona les a
rencontrés plusieurs fois, seigneur. Gros Bertaut et son gendre Estienne vivent
ensemble. Sanceline leur a donné une part de l’argent que vous lui aviez laissé
et ils ont pu acheter un métier à tisser. Ils commencent à vendre leurs draps.
Noël de Champeaux a rencontré une veuve dont le mari était tisserand. Ils sont
sur le point de se marier et ses jeunes garçons et sa petite fille ont de
nouveau une mère. Quant à Enguerrand, il court les routes, prêchant dans les
châteaux et les villages.
    — Et Sanceline ? l’interrompit Guilhem,
car il n’y avait que la fille d’Enguerrand qui comptait pour lui.
    C’est pour Sanceline qu’il avait sauvé les
cathares parisiens du bûcher. C’est pour elle qu’il s’était engagé auprès de
Philippe Auguste à les conduire dans le comté de Toulouse. Il avait éprouvé
pour elle la plus sincère passion qui fût jamais et pourtant elle l’avait
quitté. Sanceline voulait devenir Parfaite et avait rejeté l’amour des hommes.
Cet amour qui aurait pu le sauver.
    Depuis qu’il l’avait quittée à Albi, dix mois plus
tôt, il ne l’avait jamais revue.
    — Elle est entrée dans une maison de
Parfaites où elle se fait instruire pour recevoir le consolamentum ,
répondit Aignan, à contrecœur.
    Guilhem prit la chose avec plus de sérénité qu’il
ne l’aurait cru. Il ne posa pas d’autres questions et dit seulement :
    — Si je te donne une lettre pour elle,
pourras-tu la lui faire parvenir rapidement ?
    — Je peux la porter à la maison des Parfaits
de Lombez. Je connais le chemin. Il y a toujours des diacres qui se rendent à
Albi.
    — Prends un cheval et vas-y demain. Je
l’écrirai cet après-midi.
     
    La relevée [15] fut donc consacrée à de fastidieux travaux de correspondance. Des moines
avaient appris à Guilhem à lire et à écrire, mais son écriture restait lente et
scolastique. Amicie écrivait un peu mieux, parce qu'elle le faisait plus
souvent, mais la calligraphie d’une missive pouvait lui prendre

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