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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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plusieurs sujets qu’il avait à cœur. Guilhem
venait de lui raconter son voyage à Londres et son séjour à Paris, sans parler
bien sûr du testament de Richard.
    — … En votre absence, seigneur Guilhem, j’ai
beaucoup appris sur vos gens.
    — J’espère qu’ils se sont montrés courtois
envers vous.
    — Certes, ils l’ont été. Mais parlons rond,
noble Guilhem, même si quelques-uns de vos gens viennent chaque jour écouter
vêpres, je sais que la plupart d’entre eux sont des hérétiques cathares.
    — Ils suivent effectivement la doctrine des
deux principes, et ne s’en cachent guère. Mais ils sont bons chrétiens et
plusieurs d’entre eux vont à la messe et connaissent les Psaumes.
    — Je le sais. Ceci étant dit, je ne vous ai
pas souvent vu à l’église, seriez-vous cathare, aussi ?
    — Non, seigneur templier, répondit Guilhem en
secouant la tête. Simplement je n’ai nul besoin de me rendre dans une église
quand je ressens le besoin de prier. Vous connaissez le proverbe « Plus on
est près de l’église, plus on est loin de Dieu ». Pour dire le vrai, je
n’aime ni prier ni solliciter. Que ce soit un roi ou Notre Seigneur.
    — Je l’avais observé, remarqua le templier
avec un sourire complice.
    Il ajouta plus sérieusement :
    — Les hérétiques sont de plus en plus nombreux
autour de Toulouse, d’Albi et de Béziers.
    — C’est possible, mais quelle importance cela
a-t-il ? Je vis avec eux, Peyre. Ils se disent bons chrétiens et le
prouvent chaque jour. Leurs Parfaits sillonnent les chemins, travaillent de
leurs mains, prêchent la pauvreté et la prière quand nos moines vivent souvent
dans le luxe et l’oisiveté, faisant seulement travailler les frères convers.
Ceux qui suivent les préceptes cathares ne font aucun mal et vivent
honorablement.
    Le templier resta silencieux un moment avant de
laisser tomber, énigmatiquement :
    — Peut-être.
    — Quant à la doctrine des deux principes,
elle ne me blesse pas. Je connais le Mal, j’en ai beaucoup causé. Je sais que
le Démon est présent partout sur cette terre. Pourquoi Dieu le laisse-t-il faire
puisqu’il n’est que bonté ?
    Le templier ne répondit pas et servit du vin à son
hôte avant de dire :
    — Avez-vous appris qu’il y a un nouvel
archevêque à Auch ?
    — Non, je l’ignorais. J’ai prêté hommage à
Bernard de Sédirac, il y a quelques mois.
    — Je sais. Le nouvel archevêque est Bernard
de Montaut…
    — Quel genre d’homme est-il ?
    — Il appartient à la très ancienne famille
des barons de Montaut dont la souche est à Auterive. C’est un prélat riche,
éclairé et fastueux. Sa famille a toujours été proche de Cluny. On dit aussi
qu’il est un remarquable troubadour. Il possède de nombreux livres, parfois
fort rares.
    Guilhem eut l’impression que Peyre voulait lui
faire comprendre quelque chose sans vouloir se dévoiler. Le templier lui avait
parlé des cathares, et maintenant en venait à la désignation du nouvel
archevêque. Il lui lança une perche :
    — Le Saint-Père a demandé à Raymond de
Saint-Gilles de sévir contre les cathares, mais, jusqu’à présent, ni lui ni les
archevêques du Toulousain ne semblent décidés à agir.
    — Exactement. Aussi l’arrivée de Bernard de
Montaut est-elle importante. Ce prélat n’est pas un fanatique et trouve même
justifiés certains des reproches faits à l’Église de Rome.
    Le templier parut perdu dans ses pensées avant
d’ajouter :
    — Je crains de voir resurgir ici la rivalité
entre Cluny et Clairvaux.
     
    En ce siècle, la vie monastique était surtout
l’affaire de deux grandes règles, toutes deux bénédictines. L’une suivait les
principes de l’abbaye de Cluny, l’autre ceux de Clairvaux.
    Cluny, la plus prospère, avait longtemps été la
plus puissante jusqu’à ce que son faste et la richesse de ses puissants abbés,
liés à l’aristocratie, suscitent des reproches. Beaucoup de moines et d’abbés
avaient voulu revenir à la stricte règle de saint Benoît. Ceux-là avaient fondé
l’abbaye de Cîteaux, avec une règle basée sur l’ascétisme et la rigueur
liturgique. D’autres monastères avaient à leur tour choisi cette voie austère.
Puis était arrivé Bernard de Fontaine. Moine de Cîteaux avant de devenir abbé
de Clairvaux, il avait condamné avec encore plus de virulence les abus de luxe
de Cluny. Sous son impulsion, l’ordre cistercien avait connu un

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