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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fief.
    Bartolomeo Ubaldi, depuis peu chevalier, avait été
son écuyer. Jongleur de son premier état et fils illégitime du cardinal Ubaldi,
il avait été agent secret du pape Innocent III avec sa sœur Anna Maria.
Celle-ci avait épousé Robert de Locksley, le comte de Huntington, et Bartolomeo
était entré au service de Guilhem qui avait apprécié son habileté et sa
fidélité, même si le garçon était d’un naturel prudent et craintif. Bartolomeo
s’apprêtait à demander la main d’Alazaïs de Lasseubes, la fille d’Eudes, un
vieux seigneur voisin qui possédait un pauvre donjon et quelques manses.
    Quant à Jehan le Flamand, colosse roux comme un
ours, c’était un ancien tisserand ayant choisi le métier des armes malgré sa
foi cathare. Bon archer, il avait prouvé sa fidélité à son maître qui en avait
fait son écuyer.
    En compagnie d’Aignan le libraire, Geoffroi le
tavernier, Thomas le cordonnier, Alaric et Godefroi, Bartolomeo et Jehan le
Flamand vidaient fraternellement des pots de vin frais, se racontant
mutuellement ce qu’ils avaient vécu. Ils se turent respectueusement en voyant
entrer Amicie.
    — Jehan, Bartolomeo, voici dame Amicie qui
m’a demandé l’hospitalité. Amicie de Villemur est la sœur de Guillaume et
d’Arnaud de Villemur.
    Il était inutile d’en dire plus, tout le monde
connaissait l’illustre famille des Villemur et Alaric se sentit penaud de ne
pas avoir mieux traité la noble héritière.
    — Le mari d’Amicie, Amiel de Beaumont, est
mort il y a deux mois, dans un accident. Son frère a emprisonné dame Amicie
pour lui voler la seigneurie. Elle est parvenue à s’enfuir et est désormais
sous ma protection. Vous lui obéirez comme à moi.
    Il balaya l’assistance du regard et ses gens hochèrent
la tête.
    — Je vais écrire à Raymond de Saint-Gilles et
aux frères de dame Amicie. Bartolomeo, tu porteras ma lettre à Toulouse.
Seulement, si jusqu’à présent Gilabert de Beaumont a ignoré où sa belle-sœur
s’était réfugiée, il va l’apprendre…
    « … Dame Amicie, de combien d’hommes d’armes
et de chevaliers dispose Saverdun ?
    — Il y a huit – non sept –
chevaliers (elle venait de se souvenir de la mort de Portal) à Saverdun et une
quarantaine d’hommes d’armes, de sergents et d’arbalétriers. Il y a aussi une
dizaine d’écuyers. Mais Gilabert peut faire appel à l’ost de ses vassaux et
réunir une centaine d’hommes en plus.
    — Donc, si Gilabert veut reprendre dame
Amicie, nous pourrons voir arriver une armée cinq fois plus nombreuse que nous.
    — Le comte Raymond nous portera secours,
seigneur ! intervint Bartolomeo.
    — Peut-être, mais j’ai pour principe de ne
compter que sur mes propres forces. Or, il n’y a pas de château qu’un long
siège ne fasse tomber.
    Devant leur inquiétude, il ajouta :
    — Mais l’ost ne peut durer que quarante
jours, il suffit de tenir ce temps-là.
    Il se tourna vers le procurateur du fief.
    — Aignan, je veux toute la nourriture
possible dans la cave et les réserves. Il faut aussi protéger la source.
    — Je m’en occupe, seigneur.
    — On peut porter de rudes coups aux
assaillants, des coups qu’ils n’imaginent même pas, poursuivit Guilhem.
Bartolomeo, te souviens-tu de la poudre que fabriquait Nedjm Arslan [13]  ?
    — Bien sûr, mais je n’en connais pas la
formule.
    — Il y avait du soufre, du charbon de bois et
de la fleur de roche. En mélangeant trois parties égales de ces produits avec
de l’urine, cela nous fera une poudre provoquant au moins une fumée et des
brûlures qui feront fuir n’importe quelle armée. Geoffroi, quand tu iras à la
foire d’Auch, rapporte autant de soufre que tu en trouveras. Je suppose qu’il y
a de la fleur de roche dans la cave ?
    — Oui, seigneur, répondit l’intendant sans
comprendre ce que voulait son maître.
    — Fais-la ramasser, et renseigne-toi. Il y en
a certainement dans les fermes et les écuries. Qu’on te l’apporte. Thomas,
prépare du charbon de bois. Je vous expliquerai plus tard ce qu’on en fera.
    « Maintenant, dame Amicie, parlons de l’ost
que Gilabert pourrait rassembler. Tu es le seigneur légitime de Saverdun, et tu
dois le faire savoir à tes vassaux. Aignan, as-tu suffisamment de parchemins
pour écrire plusieurs lettres ?
    — Toujours, seigneur, répondit l’ancien
libraire avec un sourire pétillant.
    Parmi les rares objets emportés de sa boutique de
Paris,

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