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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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baudrier de buffle.
    — Gilabert doit te chercher, dit-il
seulement, quand elle eut terminé.
    — Gilabert ignore ce que je suis devenue.
Comment l’apprendrait-il ?
    — Je ne crains pas Gilabert, tu t’en doutes,
et ce serait d’ailleurs grand dommage pour lui s’il venait ici. Il y recevrait
le prix de sa lâcheté. Pour répondre à ta demande : oui, tu peux rester à
Lamaguère aussi longtemps que tu le voudras. Cette chambre est la tienne.
J’aimerais te donner plus de place, mais tu as vu que mon château n’est pas
aussi grand que Saverdun.
    Elle était assise sur le lit et il restait debout.
Peut-être par respect, peut-être parce qu’il voulait désormais garder une
distance avec celle qui avait été sa maîtresse.
    Elle se leva pour l’embrasser. Un baiser chaste.
    — Je ne veux rien de plus, Guilhem.
    — Je dois quand même prévenir mon suzerain
que tu es ici. Au demeurant, Raymond de Toulouse l’apprendra bientôt, s’il ne
le sait pas déjà. Mes voisins, les templiers ont dû découvrir qui tu étais.
D’autres le sauront tôt ou tard.
    — Je ne veux pas retourner à
Saint-Gilles ! Là-bas, mes frères me reprendront. Je ne suis qu’une
marchandise pour eux, protesta-t-elle sans cacher son désarroi. Ils m’ont
vendue à Gilabert comme ils m’avaient vendue à Amiel, même si avec lui c’était
un doux esclavage.
    — Tu ne sais pas ce qui s’est passé après la
mort de ton mari. Tu n’as que les paroles de ton beau-frère. Il a pu te
tromper. Il t’a même certainement menti, car s’il avait eu l’accord de
t’épouser, tout se serait passé autrement. Il voulait te contraindre à accepter
ce mariage, ensuite il aurait mis tes frères et Saint-Gilles devant le fait
accompli.
    — Tu crois ? demanda-t-elle, pleine d’un
nouvel espoir.
    — J’en suis sûr. Saverdun a une importance
considérable pour Toulouse. Raymond te protégera, car c’est son intérêt.
Surtout si le comte de Foix t’a vraiment dépossédée de ton fief en acceptant
l’hommage de ton beau-frère et en ignorant tes prérogatives.
    Guilhem réfléchit un instant avant de
demander :
    — Que prévoyait ton contrat de mariage ?
    — Les biens de mon époux me revenaient, ainsi
que les droits du fief. Mais si je mourais avant lui, il gardait ma part de la
coseigneurie.
    — Ce contrat est à Saverdun, je suppose…
    — Mes frères en ont chacun un, car c’est dans
cette charte que j’abandonnais ce que mon père m’avait laissé.
    — Tu es donc le légitime seigneur. Engage ta
foi auprès de Raymond et Saverdun lui reviendra. Cela fait des années qu’il le
désire.
    — Foix n’acceptera jamais.
    — Dans ce cas, Raymond enverra une armée et
prendra le château. Je la conduirai, s’il le veut.
    — Mes gens mourront, objecta-t-elle. Des gens
que je connais et que j’aime…
    — Ils ont pris parti pour ton beau-frère,
répliqua-t-il sèchement. Ils n’ont pas été loyaux et doivent s’attendre à en
payer le prix.
    Elle ne répondit pas tout de suite. Elle avait
approché Raymond de Saint-Gilles et savait combien il était souple et
calculateur. Elle n’était pas sûre de lui accorder sa confiance.
    — Je crois en toi, Guilhem, mais seulement en
toi. Ce que tu feras sera bien.
    — Je vais tout de même prendre des
précautions. Qu’as-tu dit à mes gens en arrivant ?
    — Rien, juste que je t’attendrai. Ils n’ont
rien exigé.
    — Il est temps de leur dire la vérité.
    Il la prit par la main avant d’ajouter :
    — Tu es toujours aussi belle, Amicie.
    Les traces des gifles portées par Gilabert avaient
disparu, bien qu'elle en ressente toujours l’invisible et honteuse brûlure.
Elle ne possédait rien à Lamaguère, sinon un peigne, la chemise et le bliaut
qu’elle portait, raccommodé à plusieurs places, et son manteau de laine teintée
au pastel. Seule marque de sa splendeur de châtelaine, elle le mit sur ses
épaules.
    — Tu n’aurais pas dit cela si tu m’avais vue
le jour de mon arrivée. J’ai dû mettre tous les jours des emplâtres sur mon
visage, ajouta-t-elle, se forçant à sourire.
    Pendant qu’ils descendaient l’escalier, Guilhem
songeait à autre chose. Le contrat de mariage prévoyait qu’à la mort d’Amicie,
sa dot irait à son mari. Mais si celui-ci était mort, qui serait
l’héritier ? Ses frères ou Gilabert ?
     
    Bartolomeo et Jehan le Flamand l’attendaient dans
la grande salle avec les gens du

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