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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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drame, seul Aignan aurait pu répondre, mais il était
dans sa chambre à l’étage, avec sa femme et ses fils qui le soignaient. Quant à
parler de ce qu’il avait découvert. Guilhem ne le jugeait pas nécessaire.
    Jeanne revint et on lava les plaies au lait, puis
au miel. Les deux femmes parurent alors plus calmes. Geoffroy apporta ensuite
du miel à Aignan pendant qu’on allait traire d’autres chèvres.
    Enfin Bartolomeo arriva.
     
    Au château, ayant fait atteler une charrette avec
deux chevaux, l’un devant l’autre, il avait conduit l’attelage à grandes rênes
jusqu’à Sainte-Marie du Bon Lieu. Là, il avait rapidement convaincu l’abbesse
de venir avec l’apothicaire du prieuré. En revenant à vive allure, les deux
religieuses avaient été secouées comme des sacs de blé et cru leur dernière
heure arrivée.
    Suivies par Bartolomeo, elles entrèrent dans la
salle, titubantes et livides. L’abbesse, une jeune femme au visage rude et
anguleux, ne souriait jamais. Après un tel voyage, elle paraissait encore plus
revêche. Quant à la seconde moniale, plus âgée, elle restait intimidée, n’étant
jamais entrée dans le château seigneurial.
    — Loué soit Jésus-Christ pour vous avoir fait
arriver si vite, leur dit Guilhem en les accueillant, tandis qu’hommes et
femmes s’agenouillaient.
    Seuls le templier et le chapelain restèrent debout
en s’inclinant.
    — Dieu soit avec vous, noble Guilhem,
répondit brièvement l’abbesse. Sœur Bréda m’a accompagnée, ajouta-t-elle en
désignant sa compagne qui portait une sacoche de cuir. Que s’est-il
passé ?
    — Dame Amicie de Villemur et sa servante ont
été attaquées par un essaim de frelons. Elles sont inconscientes.
    L’abbesse s’avança vers la table. Les deux femmes
paraissaient sans vie, mais, par moments un faible sifflement sortait de leur
bouche, signe qu’elles respiraient encore.
    Sœur Bréda s’approcha à son tour et examina
longuement les visages et les mains des mourantes. Puis elle toucha du doigt le
mélange de lait et de miel qui couvrait leur peau et le porta à ses lèvres.
    Ensuite elle sortit de sa sacoche une fine lame
dont elle passa le plat sur les piqûres, pressant par endroits en provoquant un
tressaillement de douleur.
    — La piqûre de frelon est plus douloureuse
que celle de l’abeille, expliqua-t-elle, heureusement son venin est moins
puissant. En général, le frelon ne laisse pas son dard, néanmoins il en reste
quelques-uns que je fais sortir avec la lame.
    « Donnez-moi de l’eau, ajouta-t-elle.
    Jeanne lui tendit une bassine de fer avec un
linge.
    La moniale apothicaire nettoya longuement les
plaies en pressant légèrement sur les piqûres.
    — Le dard du frelon est long, et s’enfonce
profondément. Elles ont reçu beaucoup de venin, dit-elle. J’ai pu en faire
ressortir une partie.
    Elle sortit alors un pot de terre de sa sacoche et
l’ouvrit. Une douce odeur de miel en sortit. La religieuse en prit une large
épaisseur sur sa main et commença à couvrir le visage d’Amicie, ne laissant
libre que les yeux – fermés – la bouche et les narines.
    — Qu’y a-t-il dans ce baume, ma sœur ?
demanda Guilhem.
    — Un mélange de miel, de reines des prés et
de persil. J’écrase les fleurs de reines des prés au début de l’été. Elles
contiennent un suc qui calme la douleur [18] .
    Elle passa ensuite l’onguent sur les mains
enflées, puis fit de même avec Ermessinde qui gémit faiblement, tandis
qu’Amicie était restée inconsciente.
    — Il ne faut pas qu’elles restent allongées,
dit la sœur apothicaire quand elle eut terminé. Le venin provoque des nausées
et des vomissements. Déshabillez-les, et assoyez-les dans un lit. Restez près
d’elles. Elles peuvent avoir des convulsions et se faire mal.
    Elle s’arrêta un instant avant d’ajouter à
l’attention des femmes.
    — Si demain le Seigneur ne les a pas
rappelées à lui, vous les laverez, vous ôterez cette pâte et vous couvrirez
visage et mains avec une étoffe imprégnée d’une décoction de feuilles de saule.
Il y en a à la rivière.
    La femme de Jehan le Flamand hocha la tête.
    — Si elles reprennent conscience, venez me
prévenir.
    Elle ajouta :
    — Leur peau peut devenir bleue. Il n’y aura
alors plus rien à faire. Ce sera le signe du grand passage.
    Amicie se mit soudain à râler, comme si elle ne
pouvait plus respirer. Guilhem restait désemparé.
    — Vous pouvez

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