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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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partis. Mais elles criaient toujours, criaient… J’ai protégé dame
Amicie de son manteau, puis elle a perdu ses sens. Ermessinde aussi.
    « Alors je suis parti vous chercher.
    — Tu as sûrement sauvé la vie à Ermessinde en
t’attaquant aux frelons avec une branche. Elle a repris conscience plusieurs
fois…
    — Et dame Amicie, seigneur ?
    — Elle est toujours au plus mal, répondit Guilhem
d’une voix égale.
    Il se tut un instant pour refouler le sanglot qui
venait.
    — N’as-tu rien remarqué avant l’attaque de
ces démoniaques frelons ? ajouta-t-il.
    — Quoi donc, seigneur ?
    — Avez-vous rencontré quelqu’un ? Aperçu
quelqu’un ?
    — Non, seigneur, personne depuis qu’on avait
quitté le château.
    Guilhem se tourna vers Jehan :
    — Gardez tous le silence sur ce que je vais
vous révéler : ce n’est pas un accident !
    Malgré les rougeurs de son visage, Aignan blêmit
légèrement. Les autres restèrent stupéfaits.
    — Quelqu’un a mis le nid de frelons au-dessus
du chemin. Ce maraud vous attendait (Guilhem s’adressait à Aignan). J’ai
retrouvé la perche utilisée pour faire tomber le nid. Il n’a pas eu le temps de
la faire disparaître.
    — Comment avez-vous découvert cela,
seigneur ?
    — Je connais cette façon d’emberlucoquer, je
l’avais utilisée pour disperser une troupe ennemie. Les frelons anéantissent
facilement un groupe d’hommes d’armes.
    — Qui a fait ça, seigneur ? interrogea
Jehan les poings serrés.
    — Je l’ignore. Tout le monde ici peut être
suspecté. Sauf toi, Aignan, puisque tu étais là-bas, et vous autres, qui étiez
avec moi à la rivière, et enfin toi, Jehan, car je connais ta fidélité.
    Geoffroi le tavernier hocha du chef.
    — Les femmes et les enfants non plus, fit-il.
    — J’exclus que ce soit un cathare, précisa
Guilhem. Ce peut être quelqu’un d’ici, ou un étranger. Avez-vous remarqué
quelque chose depuis quelques jours ?
    Ils se consultèrent du regard, mais visiblement
personne n’avait rien à dire.
    — Êtes-vous certain que ce soit un crime,
seigneur ? insista Aignan. Pourquoi aurait-on voulu me tuer, ou tuer dame
Amicie qui est si bonne.
    — Il n’y a aucun doute ! Quant à la
raison, elle est simple : l’assassin a agi à la demande de celui qui
s’opposait à notre mariage pour garder Saverdun.
    — Ce pourrait être Espes Figueira, proposa
Bartolomeo. Il connaît les abeilles et il vient de Saverdun.
    — Il n’est pas le seul à aimer les abeilles,
objecta Geoffroy. Et il y avait déjà des ruches ici quand nous sommes arrivés.
    — Et surtout Espes Figueira a risqué sa vie
pour libérer dame Amicie, dit Guilhem. Pourquoi aurait-il changé d’avis ?
    — Je ne crois pas que ça puisse être
quelqu’un de Lamaguère, intervint Aignan. Nous nous connaissons tous. Qui
serait assez méchant pour vouloir tuer trois d’entre nous ?
    Le silence se fit. Les gens de Lamaguère étaient
désemparés, se sentant prisonnier d’une querelle qui ne les concernait pas et
qui pourrait les broyer.
    — Soyez attentifs ! conclut Guilhem. Si
dame Amicie survit. Il ne faut pas que ce ribaud recommence.
     
    C’est le lendemain qu’arrivèrent les Parfaits
Pierre de Corona et Pons de Beaufort, qui se rendaient à Auch. Les deux diacres
cathares apprirent avec stupeur l’effroyable nouvelle. Guilhem les conduisit
auprès d’Amicie, désormais seule dans son lit. Ermessinde la veillait.
    Les deux hommes ne reconnurent pas la belle dame
de Saverdun. Son corps était d’une maigreur effrayante. Sa peau parcheminée
laissait apercevoir les os. Son visage, jadis si beau, était grêlé de
purulentes taches et de rougeurs au milieu duquel ses lèvres craquelées
ressemblaient à du bois calciné.
    Pierre de Corona comprit qu’elle se mourait.
    En présence de Guilhem, les Parfaits prièrent
longuement à son chevet. Était-ce dû à leurs prières ? Au bout d’un
moment, la mourante s’agita et exprima quelques sons.
    — Qui… est là ? gargouilla-t-elle.
    — C’est moi, Guilhem ! cria-t-il
brusquement plein d’espoir. Maître Pons et Maître Corona sont près de
moi !
    — Merci, Seigneur, balbutia-t-elle en serrant
la main de Guilhem.
    Elle retomba dans son silence avant
d’ajouter :
    — Bénissez-moi.
    — Que le Seigneur vous bénisse, dame Amicie,
et vous amène à une bonne fin, balbutia Corona, ému.
    — J’ai soif… souffla-t-elle.
    Guilhem avait

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