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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sinistre
procession. Quelques-uns parlaient à voix basse, mais Guilhem restait
silencieux. Le regard fixe et dur.
    Amicie était entre les mains de Dieu. Il songea
alors aux moniales de Sainte-Marie du Bon Lieu. Elles en savaient certainement
plus sur les piqûres que ses vilains.
    Le prieuré était à deux lieues. L’abbesse, une
nièce du comte d’Astarac, le plus haut lignage du pays, n’avait jamais
manifesté d’intérêt pour les gens de Lamaguère, mais elle ne montrait d’intérêt
pour personne. Pourtant, elle soignait les malades qui se présentaient et la
sœur apothicaire cultivait un jardin de simples et enseignait les vertus des
plantes au fils d’Aignan.
    — Bartolomeo, passe devant. File au château,
prend un cheval et galope au prieuré de Sainte-Marie. Préviens la supérieure
pour qu'elle nous envoie de l’aide, dit-il.
    Sans demander d’autres explications, Bartolomeo
détala.
    — Peut-être y a-t-il quelqu’un de savant au
moulin du Temple, seigneur ? Ou même le curé de l’église, proposa Alaric.
    — Tu as raison, va aussi les chercher !
Qu’ils viennent au château s’ils peuvent faire quelque chose.
    Alaric partit à son tour, tandis que le chariot
avançait lentement, cahotant dans les ornières. Guilhem était resté près
d’Amicie, lui tenant une main glaciale.
    Elle respirait à peine et chaque inspiration
provoquait un râle douloureux.
    Sans Amicie, il ne serait plus rien, Amicie qu’il
aurait dû épouser, malgré ceux qui s’y opposaient. La douleur le submergeait
par vagues, mais il refusait de montrer sa détresse devant ses gens.
    Il songea avec amertume que, s’il souffrait,
d’autres allaient se réjouir en apprenant la mort de celle qu’il aimait. En
premier lieu, ceux qui s’opposaient à son mariage : les frères Villemur,
qui reprendraient les biens et les droits de leur sœur ; Raymond de
Saint-Gilles qui verrait s’éloigner un conflit qu’il craignait ; Gilabert
de Beaumont, désormais héritier des parts de son frère ; et même le comte
de Foix, qui conserverait Saverdun.
    Oui, cette mort n’avait que des avantages pour
eux, pensait-il, le cœur serré.
    C’est alors que le doute lui vint : et si ce
n’était pas un accident ? Comme se répand un feu d’été, le soupçon
l’envahit et prit possession de son esprit.
    — Aignan, occupe-toi d’Amicie. J’ai besoin de
retourner là-bas… pour comprendre, dit-il.
    Sans attendre, il avait fait demi-tour, sous les
regards stupéfaits de ses gens.
     
    Arrivé à l’endroit du drame, Guilhem resta un
instant aux aguets. Le chemin passait sous une épaisse frondaison de chênes.
L’endroit était sombre et les taillis épais. Les ronces, aux mûres violettes
gorgées de saveur, formaient par endroits des haies infranchissables. Le
sentier conduisait à une clairière riche en champignons qui s’épanouissaient
sous les frondaisons.
    Guilhem aperçut alors les paniers abandonnés. Il
en ramassa un, déjà à moitié plein de mûres. L’autre contenait des baies
d’argousier et de sureau.
    Sans faire de mouvements brusques, il s’approcha
des restes du nid. Quelques frelons bourdonnaient encore, mais les insectes ne
s’attaquèrent pas à lui. Les oiseaux s’étaient tus. Il leva les yeux et
remarqua une belle branche, à environ trois toises de haut. Le nid était
forcément tombé de là. Il suivit la branche du regard, jusqu’au tronc du gros
chêne qui poussait à l’écart du chemin. Un picotement d’excitation le
parcourut.
    Il sortit son épée et, écartant les fourrés à
coups de lame, s’approcha de l’arbre dont les hautes ramures couvraient le chemin.
Il découvrit d’abord un nid d’oiseau, tombé depuis peu, puis il aperçut la
longue perche que l’assassin avait abandonnée dans les buissons. Une branche de
pin bien droite, soigneusement élaguée au couteau.
    Un instant, Guilhem eut l’impression que son
regard devenait trouble, puis la douleur qui déchirait son cœur céda la place à
la fureur. Il parvint pourtant à se dominer, et même à écarter de son esprit
l’image d’Amicie mourante.
    On l’avait volontairement meurtrie ! Ce
n’était pas un accident ! Quelqu’un avait soigneusement préparé la mort de
celle qu’il aimait. Cette hampe en était la preuve.
    L’assassin pouvait-il être encore par là ?
Guilhem resta immobile, tous les sens en alerte, l’épée prête à frapper. Les
oiseaux avaient repris leur gazouillis. Rien

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