Montségur, 1201
n’indiquait qu’un être malfaisant
était caché quelque part.
Rassuré, il posa sa lame pour qu'elle ne
l’embarrasse pas et entreprit l’escalade du tronc. Il dépassa la branche d’où
le nid d’oiseaux était tombé et atteignit aisément la grande branche qui
surmontait le chemin. Il remarqua quelques frelons qui cherchaient leur nid
disparu. Celui qui s’était dissimulé là était invisible du chemin, pour autant
qu’il ne bougeât pas.
Tout était clair.
L’assassin avait d’abord trouvé un gros nid de
frelons. Ce n’était pas difficile en cette saison. Il l’avait détaché, un matin
tôt, quand les guêpes étaient engourdies par la fraîcheur, et l’avait mis dans
un sac. Puis il était venu ici et l’avait déposé sur cette branche.
Il avait pu faire ça plusieurs jours auparavant.
Ce matin, il était revenu et avait attendu le
passage des femmes. Ensuite, avec la longue hampe, il avait poussé le nid pour
le faire tomber.
Quand sous les piqûres, les femmes avaient perdu
conscience, il s’était éloigné.
Guilhem avait déjà joué à ce jeu. Quelques années
plus tôt, un sergent d’armes lui avait montré comment tendre ce piège à une
patrouille pour la détruire sans même sortir une épée.
Comme il l’avait pensé, c’est l’annonce de son
mariage avec Amicie qui avait poussé l’assassin à agir. C’était l’un de ceux
qui s’opposaient à ce mariage qui avait commandé ce crime.
Raymond de Toulouse ? Le comte de Foix ?
Ses frères ? Ou simplement Gilabert ?
Guilhem se jura qu’il retrouverait l’assassin et
les instigateurs. Il ramassa les paniers et prit le chemin du château, méditant
sur sa vengeance.
La première chose à faire était de découvrir celui
qui avait fait tomber le nid. Celui-là périrait dans les pires souffrances,
décida-t-il. Peut-être le ferait-il enfermer dans un sac avec des frelons.
Était-ce quelqu’un de Lamaguère ou un étranger au
fief ?
À Lamaguère, ce ne pouvait être un cathare.
Restaient les autres, les anciens serfs et les occupants des manses. Il les
passa en revue. Que savait-il d’eux ? Rien, en vérité ! Même Alaric
et son cousin Ferrand, s’ils s’étaient toujours montrés fidèles, étaient des
inconnus pour lui. Pouvaient-ils avoir été contactés par un messager qui leur
aurait offert une grosse somme ? C’était bien possible. Lamaguère n’était
pas isolé. Il y passait des voyageurs, des pèlerins et des colporteurs.
N’importe qui pouvait transmettre une infâme proposition s’il savait à quelle
oreille compréhensive s’adresser.
Sinon, il y avait aussi Espes Figueira, l’ancien
majordome du mari d’Amicie. Guilhem le connaissait peu. Il logeait dans une
baraque du château et était fort discret, ne s’occupant que de ses ruches. Il
avait l’habitude des abeilles, ce qui en faisait un suspect, mais il avait pris
des risques considérables en faisant fuir sa maîtresse. Quelqu’un d’aussi
fidèle ne pouvait trahir.
Restait la possibilité que ce soit un étranger.
Dans une telle éventualité, il aurait du mal à le retrouver. Mais comment cet
assassin aurait-il pu connaître le chemin que prenait Amicie ? Comment
aurait-il pu préparer ce guet-apens sans qu’on le remarque ?
Non, ce ne pouvait être que quelqu’un du fief.
Amicie et Ermessinde avaient été conduites dans la
grande salle. Allongées sur des matelas installés sur la table dressée, des
femmes les lavaient doucement à l’eau froide. Les hommes s’étaient rassemblés à
l’autre bout de la pièce et parlaient du drame à voix basse. Aignan n’était pas
là.
Le chapelain des templiers venait d’arriver avec
Peyre Adhémar. Près des mourantes, ils examinaient leurs visages.
— Merci d’être venu, lança Guilhem.
Ils se retournèrent.
— Comment vont-elles ? ajouta-t-il.
D’abord, personne n’osa parler, puis la femme de
Jehan répondit :
— Elles sont comme on les a trouvées,
seigneur.
— Il faut les laver avec du lait, ôter les
dards et mettre du miel, intervint le chapelain.
— Je vais traire une chèvre, dit Jeanne.
— Il y a du miel ici, fit Geoffroy.
Chacun cherchait à se rendre utile, mais Guilhem
se rendait bien compte qu’il n’y avait rien à faire. Il resta seulement près
d’Amicie, lui passant doucement le visage à l’eau pendant que Peyre Adhémar
l’interrogeait.
Guilhem répondait brièvement. Sur les
circonstances exactes du
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