Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
pouvait pas rester plus longtemps à Lamaguère. Elle voulait rejoindre une
maison de Parfaites pour prier avec ses sœurs.
    Désemparé, il la supplia d’attendre. Elle accepta
de patienter jusqu’à la nouvelle année [23] .
    Or, deux jours avant les Rameaux, Guilhem reçut un
nouveau message de Raymond de Toulouse. À l’occasion des fêtes pascales et de
la nouvelle année [24] ,
il recevait à Saint-Gilles une ambassade du roi d’Aragon et deux gentils
troubadours qui arrivaient d’Allemagne. La sœur du comte du Foix, Esclarmonde,
serait là. Elle avait appris qu’Amicie était désormais Parfaite et voulait la
rencontrer. Depuis son veuvage, la sœur du comte de Foix mettait toutes ses
forces au service de la doctrine dualiste.
    Le comte avait donc jugé judicieux d’inviter les
frères Villemur et Gilabert de Beaumont. La présence de toutes les parties
concernées par Saverdun serait ainsi l’occasion d’une conférence pour mettre
fin à la querelle les opposant.
    Raymond de Saint-Gilles souhaitait, bien sûr, que
Guilhem et Amicie y participent également.
     

Chapitre 8
    D epuis
quatre générations, la famille de Saint-Gilles avait fort à faire pour rester
maître de la riche province toulousaine.
    Le comté de Toulouse était enserré entre le duché
d’Aquitaine, le comté de Poitiers et la maison de Barcelone. Devenus rois
d’Angleterre, les Plantagenêt gouvernaient l’Aquitaine depuis le mariage
d’Aliénor. Au sud, Barcelone possédait à la fois la basse Provence et l’Aragon.
Ces puissants voisins faisaient depuis longtemps valoir leurs droits de
suzeraineté sur Toulouse, des droits que le roi de France revendiquait aussi.
    À l’intérieur, nombreux étaient les vassaux qui
cherchaient à se libérer de la tutelle des Saint-Gilles. Les Trencavel,
vicomtes de Béziers, Carcassonne et Albi étaient sans cesse en chamaille avec
Toulouse, tout comme les comtes de Foix ou les comtes d’Armagnac qui avaient
aussi des disputes avec les archevêques d’Auch. Toutes ces familles étaient
persuadées que la fortune leur accorderait un meilleur destin s’ils se
libéraient du joug toulousain.
    Enfin, les comtes de Toulouse, comme tous les
princes et les grands féodaux, devaient sans répit se défendre contre les
empiètements de l’Église de Rome, un Saint-Siège qui cherchait à imposer la loi
de Dieu sur les puissances séculières en excommuniant ceux qui s’opposaient à
lui.
    Pour se protéger de la papauté, les grands barons
du Midi avaient d’abord favorisé l’émergence d’un clergé à leur dévotion, mais
l’Église, trop riche et trop avide, avait sombré dans la corruption et la
simonie. Le clergé était tombé dans un si grand discrédit que les prêtres
n’osaient plus se montrer et les évêques, absents de leurs diocèses, se
livraient à la guerre ou vivaient dans la débauche.
    Cette inconduite, et un terreau fertile
s’expliquant par l’arianisme des Wisigoths d’Alaric, toujours présent, avaient
favorisé l’implantation de nombreuses hérésies.
    Le père du comte de Toulouse, Raymond  V , avait le premier laissé se développer les
religions vaudoises et cathares, des sectes qui prétendaient que l’Église
n’avait nul besoin de biens temporels. Y trouvant leurs intérêts, le comte de
Foix et celui de Béziers et de Narbonne avaient fait de même.
    Seulement en quelques années, l’hérésie des bons
hommes s’était propagée dans le Toulousain comme un incendie d’été tant les
nouvelles doctrines convenaient à la bourgeoisie qui voulait jouir de ses
richesses et non les distribuer aux prélats. La force de cette nouvelle église
avait finalement effrayé Raymond  V qui avait décidé des mesures sévères contre eux et demandé aide à l’ordre de
Cîteaux. Mais il était trop tard et les Parfaits étaient devenus l’objet de la
vénération générale.
    Désormais, Raymond  VI de Saint-Gilles, le comte actuel, ne pouvait plus s’opposer
aux cathares, trop nombreux. Heureusement pour lui, ces hérétiques l’aimaient.
    Délaissant donc ce péril intérieur, Raymond avait
conclu une solide alliance avec Richard Cœur de Lion en épousant sa sœur
Jeanne. Cette entente l’avait mis à l’abri des revendications des Plantagenêt
et l’avait protégé de celles du roi de France. Mais Jeanne venait de mourir [25] et Raymond avait dû
rendre le Quercy, dot de sa femme. Heureusement, le nouveau roi d’Angleterre,
Jean, était bien

Weitere Kostenlose Bücher