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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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il prit l’escalier qui
conduisait à la salle où se trouvait Raymond.
    Celui-ci l’écouta et demanda qu’on conduise les
visiteurs dans sa chambre.
     
    Accompagnés de l’intendant, les trois cisterciens
se présentèrent devant le comte. Guy montra ses lettres de créance et Pierre de
Castelnau une lettre d’Arnaud Amaury, l’abbé de Cîteaux.
    Quant au troisième, il se nommait Bernard d’Urgio.
C’était le frère de l’évêque d’Urgel, celui qui, deux ans plus tôt, s’opposant
au comte de Foix, avait provoqué le siège d’Urgel.
    Ayant assisté aux violences et au pillage de
l’armée de Raymond-Roger, Bernard d’Urgio avait juré que le comte paierait ces
crimes. D’autant plus qu’il soutenait les hérétiques et que ses sœurs
protégeaient les cathares et les vaudois.
    Raymond de Saint-Gilles connaissait déjà frère
Guy, rencontré l’année précédente avec le légat du pape, frère Rainier. Il ne
lui avait pas fait l’effet d’un homme très énergique et il pensait se
débarrasser rapidement des trois religieux. Mais contre toute attente, ce fut
Pierre de Castelnau qui prit la parole le premier.
    — Très haut et gracieux comte, que Dieu vous
garde. Voyageant depuis quatre mois entre Auch et Carcassonne, nous avons été
épouvantés par la progression de l’infecte hérésie.
    — Je la combats tous les jours, avec mes
moyens, répliqua prudemment Raymond.
    — Ce n’est pas suffisant, seigneur
comte ! En cheminant, nous n’avons vu ni bûcher ni échafaud ! le
défia Bernard d’Urgio. Le temps est venu où pouvoirs spirituel et temporel
doivent s’unir pour la défense de l’Église. Vous devez durement châtier les
hérétiques !
    — Il est inutile de punir les égarés,
révérends pères. Le Seigneur nous demande seulement de les ramener dans
l’Église, répliqua froidement Raymond.
    Castelnau secoua vigoureusement la tête :
    — Notre Saint-Père a ordonné que les
hérétiques et leurs défenseurs soient excommuniés et que l’interdit soit jeté
sur leurs terres.
    — Ces punitions sont en effet du domaine de
l’Église…
    — Il a aussi enjoint les peuples à s’armer
contre les hérétiques. L’année dernière, à Viterbe, notre Saint-Père a décidé
dans la décrétale Vergentis in senium [29] que les hérétiques, et ceux qui les protègent, seraient bannis et leurs biens
confisqués. Innocent III vous commande d’employer désormais la puissance
qui vous a été confiée par le Ciel. C’est à vous d’utiliser la force des armes.
    — Il faut capturer les renards qui dévastent
les vignes du Seigneur, et les faire disparaître, assura aigrement frère Guy.
    Raymond soupira.
    — À agir ainsi, je dépeuplerai mon comté.
    — Non, noble comte ! Quelques exemples
suffiront. Combien y a-t-il de Parfaits dans le Toulousain ? Moins de
mille, certainement. Vous savez où les trouver : ils ont leurs maisons où
ils se réunissent. Saisissez-les et brûlez-les ! La terreur ramènera les
autres dans le chemin de Dieu.
    — Jusqu’à présent, de telles voies de fait
n’ont servi qu’à aigrir le peuple. Dites plutôt à l’abbé de Cîteaux que c’est
la cupidité et la dissolution des prêtres qui scandalisent les ennemis de
l’Église, tandis que les bons hommes se concilient la confiance du
peuple par leur piété.
    — Continuez à être ainsi indulgent et vous ne
ferez plus la loi chez vous, seigneur comte ! riposta Castelnau. Avez-vous
déjà oublié que votre noble épouse, la sœur de Richard au cœur de Lion, qui,
elle, ne pouvait souffrir les atteintes à son lignage, a dû quitter avec
rancœur le siège du château cathare des seigneurs de Saint-Félix, car les
hérétiques étaient si nombreux dans ses troupes qu’ils avaient menacé de
rejoindre leurs religionnaires ?
    Raymond blêmit au rappel de cette humiliation.
    Pleine de hardiesse, son épouse Jeanne était
sensible aux injures. Pour punir ceux qui l’avaient offensée, elle avait
assiégé le château de Saint-Félix défendus par des cathares. Mais les bons
hommes présents parmi les siens l’avaient trahie. Elle avait même failli se
retrouver prisonnière. Outrée, elle avait rejoint son frère pour lui demander
son aide. Seulement Richard venait de mourir et elle n’avait pu que se rendre à
ses obsèques. Peut-être à la suite de sa honte, peut-être parce qu’elle était
grosse, elle avait succombé à ce voyage éprouvant.
    Raymond en

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