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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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demandait aux habitants de ses
domaines de respecter les règles de vie cathare. En même temps, elle dépensait
sa fortune dans l’ouverture d’hôpitaux et d’écoles où était dispensé
l’enseignement de la nouvelle religion.
    Sous son impulsion, l’hérésie avait fait des
progrès immenses, surtout dans le diocèse de Mirepoix. Le bourg de Fanjeaux,
dont le comte de Foix était coseigneur, en était une sorte de capitale ecclésiastique.
On y voyait souvent l’évêque cathare, Guilhabert de Castres, y prêcher, imposer
les mains et donner le consolamentum .
    — Amicie de Villemur ! J’avais hâte de
te revoir ! s’exclama Esclarmonde.
    Amicie plia un genou et embrassa un pan de son
bliaut.
    — Relève-toi, Amicie. Tu n’as pas à
t’agenouiller ainsi, lui reprocha la sœur du comte de Foix. C’est à moi de te
demander ta bénédiction. J’ai appris que tu es Parfaite, et je ne sais pas si
j’y parviendrai un jour.
    — Je vous bénis, noble comtesse, fit Amicie,
profondément intimidée.
    Ce dialogue avait lieu sous les regards admiratifs
de plusieurs serviteurs et sous celui, désapprobateur, du comte de Toulouse.
    Amicie dut le ressentir, car elle se tourna vers
Raymond de Saint-Gilles et, pliant à nouveau un genou, elle murmura :
    — Excusez-moi, mon seigneur.
    — Raymond, puis-je emmener la noble dame
Amicie avec moi ? J’ai tant à lui dire et, surtout, tant à lui demander,
demanda la comtesse de L'Isle-Jourdain.
    Dissimulant sa contrariété, Raymond fit un geste qui
pouvait s’interpréter comme un accord.
    — Nous nous verrons donc lundi, dame de
Villemur, fit-il assez froidement.
    « Entre, Guilhem ! ajouta-t-il d’un ton
bourru.
    La chambre était une grande pièce meublée d’un lit
à colonnes aux épais rideaux brodés aux armes de Toulouse. Sur deux murs
alternaient tapisseries et panoplies d’armes, où dominaient écus et haches. Sur
le troisième était maçonnée une cheminée dans laquelle flambait un bon feu. À
une extrémité se trouvait une grande armoire à arcatures et colonnettes dans
laquelle le comte rangeait ses chartes. Les autres meubles étaient des coffres
recouverts de cuir, une chaise polygonale et plusieurs bancs aux hauts dossiers
finement ciselés recouverts de coussins brodés.
    Le comte alla s’asseoir sur sa chaise et ne
proposa pas à Guilhem de prendre un escabeau, comme il le faisait jadis. Il
paraissait maussade.
    — Ce n’est pas après toi que j’en ai,
Guilhem, fit-il, comme s’il avait lu dans les pensées de celui qui avait été
son garde du corps et son conseiller.
    — Je sais que vous avez désapprouvé nos
projets avec Amicie, seigneur comte, mais il n’en est plus question. Elle ne
reviendra pas sur ses vœux.
    — Sincèrement, Guilhem, j’aurais préféré que
tu l’épouses, plutôt qu'elle ne devienne Parfaite.
    Guilhem leva les sourcils d’étonnement.
    — Les cathares sont trop nombreux. Je ne suis
plus maître chez moi !
    — Au moins, eux ne vous disputent pas le
pouvoir, contrairement à l’Église de Rome.
    — C’est vrai, et je les ai laissés
tranquilles pour cela, mais le Saint-Siège me presse de sévir.
    — Ce n’est pas nouveau, seigneur comte.
    — C’est vrai aussi, mais la pression
augmente, soupira Raymond. J’ai reçu hier des légats envoyés par Cîteaux. Ils
me demandent de faire saisir les Parfaits du Toulousain et de les jeter au
feu ! Selon eux, la terreur fera revenir les hérétiques dans l’Église.
    Guilhem resta figé de stupeur.
    — Qu’allez-vous faire ?
    — Biaiser, comme d’habitude. Mais cette fois
ce sera plus difficile. Ils venaient avec une lettre comminatoire du nouvel
abbé de Cîteaux. Je connais et je redoute Arnaud Amaury.
    — L’archevêque d’Auch m’en a parlé.
    — Lui aussi a tout à craindre. Nous voulons
la paix dans le Toulousain, en Armagnac et dans le Languedoc. Qu’importent ces
querelles sur l’Ancien Testament ! Les cathares prient notre Seigneur et
sont bons chrétiens !
    Guilhem hocha du chef devant l’expression rageuse
de son suzerain.
    — J’aurai peut-être besoin de toi, Guilhem,
ajouta le comte. Et de tous mes fidèles. Nous nous verrons lundi matin, au
sujet de Saverdun.
    Le souper eut lieu dans la grande salle. Après les
quarante jours de carême, il s’annonçait copieux. Déjà, les serviteurs avaient
apporté plusieurs plats sur des dessertes, dont un cerf reconstitué avec ses
cornes et sa peau,

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