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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s’y installaient s’engageaient à défricher les forêts.
    Le nouveau château avait tout naturellement été appelé
Salvetat de Saint-Gilles. C’était une forteresse rectangulaire avec deux tours
carrées, un donjon et un pont-levis sur des douves. Devant celui-ci
s’étendaient une hôtellerie pour les voyageurs, des granges, des celliers, un
four à pain et des écuries. Ces bâtiments, qui se prolongeaient par une grande
esplanade, étaient protégés par une palissade.
    De l’autre côté de cette enceinte serpentait le
chemin de Toulouse qui longeait la chapelle, les bâtiments conventuels, les
masures en torchis et le réfectoire de la salvetat. C’est là que vivaient
moines, frères convers et vilains.
     
    Devant la salvetat, Guilhem et sa troupe passèrent
le pilori du comte où un homme sans connaissance était attaché avec une
pancarte marquée : larron , suspendu à son cou. On lui avait coupé
une oreille et son visage était couvert de sang.
    Surveillé par des hommes d’armes, le portail de la
palissade était ouvert. Les gardes reconnurent Guilhem et le laissèrent passer.
    Sur l’esplanade, les visiteurs découvrirent une
foultitude de chevaliers, d’écuyers, de nobles dames, de manants et de
religieux. Des estrades et des gradins avaient été érigés au septentrion, le
long d’une forêt de chênes. Par-devant, des cordes reliées à des pieux
délimitaient un champ clos et des barrières bornaient de longues lices pour les
tournois. En haut de mâts flottaient des bannières à la croix cléchée [34] et alaisée d’or de
Toulouse. Toutes ces constructions étaient enguirlandées de rameaux de romarin
et de laurier.
    Sur les gradins, l’assistance était clairsemée à
cause du froid. C’étaient essentiellement des dames, toutes enveloppées dans de
grands manteaux aux garnitures en petit-gris, en hermine ou en renard. En
revanche, le long des barrières, et parfois perchés sur les branches des
chênes, les vilains et les laboureurs, auxquels s’étaient mêlés quelques
convers, étaient nombreux. De tels spectacles permettaient aux paysans de
Saint-Gilles d’oublier pour quelques jours leur fatigue et leurs souffrances.
    Quant aux chevaliers, ils étaient rassemblés le
long des lices où les plus jeunes se préparaient à rompre des lances. Dans un
désordre bruyant, les palefreniers sellaient les chevaux, tandis que tenants et
assaillants du tournoi qui allait se dérouler plaisantaient entre eux, heaumes
à la main.
    Guilhem reconnut le cimier à corneille d’or d’un
seigneur du Quercy avec qui il avait déjà combattu.
    Les chevaliers affichaient leurs armes sur leurs
écus, sur leurs surcots et sur les couvertures de leurs palefrois. Elles
représentaient toutes sortes de figures multicolores : des aigles, des
faucons et des colombes, des étoiles, des ours et des léopards, des casques,
des tours et des faisceaux de piques.
    Guilhem sourit en remarquant que l’écu d’un jeune
chevalier représentait une patte de lion avec comme fière devise : Nul
n’enfonce la porte  ! Celui-là résisterait-il mieux au coup de lance de
son adversaire quand son cheval s’élancerait ?
    Pour l’instant, une joute amicale se préparait. Un
juge de camp, en robe écarlate et chaperon, vérifiait les massues de bois qui
allaient être utilisées dans un combat avec des harasses [35] .
    Guilhem s’y attarda, intéressé par les
adversaires : l’un d’eux, Renaud de Lascour, était un de ses amis,
l’autre, un colosse plus âgé, portait sur son haubert une cotte armoriée brodée
d’une croix argentée surchargée d’une croix potencée noire, celle des
chevaliers de Sainte-Marie-des-Teutoniques.
    Guilhem n’avait jamais vu de chevalier de l’ordre
teutonique dans le Midi. Il savait que l’ordre, fondé en Terre sainte [36] , était à l’origine
une communauté religieuse charitable pour les pèlerins chrétiens. Il était
ensuite devenu un ordre militaire comme celui des Hospitaliers de Saint-Jean de
Jérusalem ou des Pauvres chevaliers du Christ [37] .
    La vérification des boucliers et des gourdins se
terminait. Les deux adversaires s’accolèrent chaleureusement, puis le héraut
d’armes fit un signe et les trompettes annoncèrent la joute. Immédiatement le
silence se fit et le héraut déclara d’une voix de stentor :
    — Oyez, oyez, oyez ! La joute va opposer
le noble Renaud de Lascour, chevalier du comte Raymond, au seigneur Conrad

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