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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mais empli de toutes sortes de farces. En entrant, les
convives s’attardaient à l’examiner en lâchant des commentaires d’admiration.
    Après quoi, s’étant lavés les mains dans les
bassins qu’on leur avait présentés, un maître d’hôtel leur montrait leur place
à l’une des deux tables en vis-à-vis garnies de nappes blanches.
    Le comte, au haut bout avec ses plus proches
familiers, c’est-à-dire à la meilleure place, disposait d’une vaisselle
d’argent, tout comme Esclarmonde ainsi que l’oncle de Pierre II et
quelques-uns de ses seigneurs. Ils utiliseraient aussi leur propre coupe et
cuiller, Esclarmonde et Raymond ayant même une de ces petites fourches
italienne à deux pointes pour éviter de prendre les mets avec les doigts. Les
autres ne disposaient que d’écuelles ou de tailloirs [40] sur lesquels le panetier avait
posé une tranche de pain. Pour boire, ils partageraient les pots que remplirait
l’échanson avec du vin coupé d’eau.
    Guilhem, comme la plupart des chevaliers, était à
l’autre table, à l’opposé d’Amicie, placée avec les femmes. Il se retrouva à
côté du chevalier teutonique et de son compagnon, l’homme à la robe, revêtu
pour l’heure d’une pelisse de fourrure d’ours.
    Après le bénédicité et les actions de grâce du
chapelain, les serviteurs versèrent les soupes sur les tranchoirs des convives.
    Pendant ce temps, Guilhem se présenta à ses
voisins et les Allemands firent de même. Ils parlaient assez bien la langue du
pays et comme Guilhem s’en étonnait, Conrad de Tannhäuser, le chevalier de
l’ordre Teutonique, lui expliqua qu’il l’avait apprise en Palestine. Quant à
son compagnon, Wolfram d’Eschenbach, le provençal lui était familier ;
mais il confessa jovialement qu’un grossier paysan de la Champagne parlait
mieux français que lui. Il avait un fort accent, transformant certains mots et
butant sur d’autres. Ainsi il prononçait Guilhem : Kyot.
    Les deux Allemands semblaient être de bons
compagnons, bien qu’ils ne se ressemblassent guère. Conrad était un géant avec
une barbe jusqu’aux yeux et de longs cheveux d’un blond délavé. Wolfram, plus
jeune, était d’une taille moyenne. Imberbe, il portait sa chevelure coupée
court. Son nez retroussé et sa lèvre supérieure semblaient en permanence prêts
à manier l’ironie.
    Conrad expliqua avoir rejoint l’ordre teutonique
lors de la dernière croisade et être rentré en Allemagne depuis trois ans.
Maniant bien le chant et la harpe, il avait rencontré Wolfram d’Eschenbach lors
d’un tournoi de poésie et, s’étant bien entendus, ils avaient choisi de rester
ensemble. Wolfram jouait le rôle d’écuyer pour son aîné, car, bien que chevalier,
il n’était pas d’une famille noble.
    — Wolfram est autrement plus savant que
moi ! s’exclama Conrad dans un rire chaleureux après avoir vidé son pot de
vin. Il vous fera croire qu’il ne sait pas lire alors qu’il dévore tous les
livres qu’il trouve. Ici même, le comte lui a prêté ceux qu’il possédait !
Astrologie, médecine, théologie tout l’intéresse !
    — Conrad exagère ! J’aime surtout le
métier des armes et je suis plus fier du titre de chevalier que de celui de
poète. Mon métier est de porter le bouclier, et je fais peu de cas de qui ne
m’aime que pour mes chants, répliqua Eschenbach avec un sourire amusé.
    — L’on m’a dit que vous étiez un troubadour
renommé en Bavière.
    — Ma famille vient d’Eschenbach et, si je
suis chevalier, je suis surtout cadet. À la mort de mon père, j’ai perdu le
domaine où j’avais passé mon enfance et le château que ma famille administrait.
Tout est allé à mon aîné, fit-il avec amertume. Ne voulant pas aliéner ma
liberté, je suis donc devenu un chevalier errant et sachant chanter juste, je
vis de ma voix et des récits que je compose. Je reste pauvre, certes, mais
libre. Certains soirs glacials, je regrette quand même de ne pas avoir un foyer
où me chauffer. Je dois continuellement frapper à des portes étrangères, après
avoir péniblement chevauché tout le jour.
    — Tout cela sera bientôt terminé, mon ami,
fit Conrad, énigmatiquement. La fortune rendra bientôt hommage à ton courage.
    Le discours du teutonique intrigua Guilhem qui
demanda :
    — Par quel hasard êtes-vous arrivés
ici ?
    — Nous nous rendons à Tolède où je veux
rencontrer un rabbin, répondit évasivement

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