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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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voisins
disaient juste, Mercadier était un saint homme à côté de ce hongrois.
    Les révélations de Tannhäuser avaient aussi
révulsé leurs voisins et provoqué une interruption des conversations. En
goûtant des échaudés posés devant lui, Guilhem observait les tours des
jongleurs, qui se révélaient fort adroits avec leurs balles et leurs cerceaux.
En même temps, il songeait à celui qui avait fait tomber les guêpes sur Amicie.
Bien qu’il n’ait plus le moindre espoir de le découvrir, il l’aurait volontiers
confié aux talents de l’ambassadeur de Transylvanie.
    Les deux Allemands conversaient maintenant dans
leur langue. Les serviteurs apportèrent des bassines de coings confits dans du
miel, avec des amandes et des noisettes. Le banquet se terminait et les chants
allaient commencer.
     

Chapitre 11
    L’ oncle
de Pierre II se leva.
    Après qu’un écuyer eut fait retentir quelques
vigoureux sons d’un cor d’argent, le silence se fit et l’aragonais prit la
parole pour remercier chaleureusement son hôte. Raymond se mit debout à son
tour, un sourire avenant sur le visage. Sa morosité semblait oubliée.
    — Vénérés pères, amis, vassaux et gentes
dames, puisque ripaille rime avec rimaille, que ceux qui savent violoner,
chanter ou conter de belles histoires chevaleresques viennent au milieu des
tables pour nous enchanter !
    Comme personne ne bougeait, Esclarmonde lança
ironiquement :
    — Messires chevaliers toulousains,
seriez-vous plus braves en bataille qu’en poésie ?
    Elle jeta autour d’elle un regard interrogatif
avant de poursuivre :
    — Vous savez soumettre vos adversaires par
votre épée, mais êtes-vous capables de vaincre par les rimes ?
    — Si ma dame veut m’admettre à l’honneur de
soutenir la gloire de notre comté, je le tenterai seul contre de si puissants
adversaires, déclara un de ses chevaliers en se levant.
    Esclarmonde le salua gracieusement.
    — Soyez-en remercié, Roger. Vous serez donc
seul à combattre, puisque ces chevaliers manquent de courage.
    C’était un jeune homme. Pas du tout intimidé, il
saisit la harpe que lui tendait un serviteur et se mit à déclamer avec
fougue :
     
    Maîtres
jongleurs qui parlez en ce lieu,
    À
vous ouïr tout amour n’est qu’un jeu,
    C’est
que chantez l’amour qu’avez en l’âme,
    Et
l’amour, vrai, c’est l’amour d’une femme !
     
    Balayant la salle du regard, il poursuivit à un
rythme plus rapide l’histoire d’un chevalier retenu prisonnier après une
traîtrise. Guilhem reconnut de nombreuses allusions à l’emprisonnement de
Richard Cœur de Lion, mais dans ce chant, le prisonnier était libéré par la
fille de celui qui l’avait capturé, celle-ci ayant trompé son père.
    Le chevalier troubadour obtint un beau succès et
salua l’assistance qui l’applaudit vivement.
    Raymond de Toulouse intervint alors :
    — J’aurais honte de ne pas avoir, moi aussi,
un champion. Guilhem, tu es celui qui chante le mieux parmi nous. Montre donc à
ma cousine ce que tu sais faire avec ta vielle !
    Guilhem se doutait qu’on ferait appel à lui à la
fin du banquet. Bien qu’il n’ait pas le cœur à rimailler, il se leva et demanda
à un jongleur qu’il lui porte sa vielle à roue, laissée sur une desserte.
    En la prenant, il glissa quelques mots à l’un des
bateleurs qui avait chanté et fait quelques pitreries durant le souper.
    — Je vais juste répéter à ces joyeux
compagnons quelques conseils que donne Giraud de Calanson, fit-il en pinçant
les cordes de son instrument.
    Avant de commencer, il attendit un instant que les
bateleurs aient rassemblé les objets nécessaires. Après quoi, il s’adressa à
eux en tournant allègrement la manivelle de la vielle :
     
    — Jongleur,
sache bien trouver et bien rimer,
    Sache
jouer du tambour et des cymbales,
    Sache
jeter et retenir de petites pommes avec des couteaux,
Imiter le chant des oiseaux,
    Faire
des tours avec des corbeilles,
    Faire
sauter au travers de quatre cerceaux,
    Jouer
de la citale et de la mandore,
    Jouer
de la harpe et bien accorder la gigue pour égayer l’air du psaltérion,
    Faire
aussi retentir les lyres et résonner les grelots.
     
    Pendant qu’il déclamait ainsi, les deux jongleurs,
qui connaissaient ce chant, le mimaient avec leurs instruments, faisant toutes
sortes de grimaces et de cabrioles provoquant les rires de l’assistance.
     
    — Sache
comment l’Amour court et vole,
    Comme
il va

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