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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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des aventures de Perceval. Aussi, quand Wolfram d’Eschenbach
fut appelé par Esclarmonde, le silence se fit immédiatement.
    Wolfram salua les dames qui présidaient la cour,
puis toute l’assistance en commençant par les prélats. Rejoint par le chevalier
teutonique, il résuma l’histoire contée la veille avant de la poursuivre,
toujours en langue d’oïl, mais en y ajoutant quelques commentaires en langue
d’oc.
    Reprenant ses chevauchées, Perceval rencontrait
une pucelle qui lui reprochait de ne pas avoir demandé ce qui se trouvait dans
le graal et pourquoi la lance saignait. Il l’aurait fait, lui dit-elle, il
aurait par sa demande délivré le roi pêcheur de ses maux. Par son silence,
ajouta-t-elle, il avait tué sa mère.
    Ce reproche, de ne pas avoir posé les deux
questions, devait lui être lancé à nouveau à la cour du roi Arthur, cette fois
par une sorcière très laide qui lui dit :
     
    — Que
tu ne l’as desiervi mie,
    Fortune
quant tu rencontras,
    Ciés
le roi Pescéor entras,
    Et
véis la lance qui saine,
    Et
te fust ore si grans paine,
    D’ovrir
ta bouce et de parler,
    Que
tu ne peuis demander,
    Por
coi ce le gote de sanc,
    Saut
par la pointe del fer blanc,
    Et
del Gréai que tu véis,
    Ne
demandas ne n’enquesis,
    Quel
rice home on en servoit.
     
    Maudit par cette femme qui le déclara indigne
d’être un chevalier de la Table ronde, Perceval quitta Arthur pour tenter de
retrouver le château du roi pêcheur, le château de Montsalvat, afin de réparer
sa faute, son péché par omission.
    L’assistance était pendue aux lèvres d’Eschenbach.
    — Le chevalier devait ainsi errer cinq ans,
maudissant le Seigneur Dieu de l’avoir frappé d’une injuste malédiction et de
l’empêcher de retrouver le château mystérieux qui lui aurait permis de se
racheter…
     
    « V fois
passa avril et mes,
    Ce
sont v ans treztoul entier,
    Ains
que il entrast au moustier,
    Ne
Dieu ne sa crois adura.
     
    À ces nouvelles paroles blasphématoires, les trois
cisterciens se signèrent.
     
    — J’ai
été son serviteur soumis,
    Car
j’espérais qu’il m’accorderait sa grâce,
    Mais
à partir de maintenant,
    Je
refuserai de le sentir.
    S’il
me poursuit de sa haine,
    Je
m’y résignerai.
     
    — Jusqu’au jour où il rencontra un vieux
chevalier…
    — Il se fait tard, nobles seigneurs,
intervint Esclarmonde. Demain nos amis poursuivront. Retrouvons-nous ici, à la
relevée, pour entendre la fin de ce merveilleux récit.
    Eschenbach, qui avait chanté plus d’une heure,
approuva du chef tant il était fatigué.
     

Chapitre 13
    T andis
que la salle se vidait, car on devait dresser les tables pour le souper, et quelque
peu déçu de ne pas connaître la fin de l’épopée de Perceval, Guilhem retrouva
Amicie. Elle lui proposa de faire quelques pas à l’extérieur.
    Comprenant qu’elle voulait lui parler, il la
suivit. Devant l’hôtellerie, des vilains déchargeaient des charrettes de
paniers et de cages contenant poules, pigeons et lapins pour les repas du
lendemain. La neige avait cessé de tomber et le froid était vif. Amicie se
serrait dans son manteau bleu.
    — Guilhem, tu m’as manqué ces deux jours.
    Il ne répondit pas, s’attendant à de mauvaises
nouvelles.
    — Je vais partir. Je voulais que tu
l’apprennes de ma bouche.
    — Où ? demanda-t-il, le cœur serré.
    — À Fanjeaux. Dame Esclarmonde m’a proposé de
diriger une maison de Parfaites qu’elle veut ouvrir.
    — Tu ne renonceras donc pas ?
    — Non. Notre Seigneur Jésus m’a rendu la vie,
je lui dois donc la mienne.
    — Tu ne lui dois rien ! s’emporta-t-il.
Sais-tu seulement si c’est le Seigneur qui t’a rendu la vie ?
    — Que veux-tu dire ? demanda-t-elle d’un
ton froid.
    — Et si c’était… l’Autre…
    Elle le considéra, interloquée.
    — Lucifer ?
    — Oui.
    — Tu blasphèmes, Guilhem ! Je ne veux
plus t’écouter !
    Fâchée, elle s’éloigna.
    — Ne pars pas ! Je voulais seulement
vérifier la force de ta foi.
    Elle se retourna, souriante. Il comprit qu’elle
lui avait joué la comédie.
    — Je sais reconnaître le Seigneur… et
l’Autre, dit-elle, d’un ton amical.
    Tu as bien de la chance, songea Guilhem. Car j’en
suis incapable.
    — Et pour Saverdun ? Tu restes
coseigneur…
    — Dame Esclarmonde m’a fait une proposition
qui me satisfait et qui convient au comte de Toulouse. Elle en parlera à mes
frères quand ils

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