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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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arriveront. Demain, il sera facile d’obtenir un accord.
    — Même de Gilabert ?
    — Il pliera ou sera brisé, répondit-elle
sèchement.
    Guilhem sentit combien elle avait changé. Jusqu’à
présent, bien que Parfaite, elle restait peu assurée. Deux jours avec
Esclarmonde l’avaient transformée. Elle avait pris conscience de son
appartenance à l’élite cathare. Noble et riche, elle était faite pour
commander.
    — Que deviennent Espes et Ermessinde ?
    — Ils m’accompagneront. J’aurai besoin d’eux
à Fanjeaux.
    Il soupira.
    — Je serai toujours là, si tu as besoin de
moi, fit-il.
    — Je sais, Guilhem.
    Elle lui prit affectueusement les deux mains.
    Ils aperçurent alors un cortège qui arrivait. Une
troupe d’une douzaine d’hommes casqués, écus et rondaches aux selles, avec
plusieurs chevaliers et des écuyers porteurs de bannerets. Amicie reconnut les
armes et Guilhem sentit quelle se raidissait.
    — Ce sont mes frères, fit-elle d’une voix
blanche.
    Les cavaliers se rapprochèrent. Guillaume et
Arnaud de Villemur passèrent devant les autres. Tous deux étaient plus âgés que
leur sœur à qui ils ne ressemblaient guère, tout au moins pour ce qu’on voyait
de leur visage.
    Guillaume ôta son casque à nasal. Imberbe, les traits
taillés à la serpe avec des yeux sombres, ses lèvres étaient si fines que sa
bouche était presque invisible. De façon inattendue, il descendit de cheval
devant sa sœur. En revanche, son frère, qui portait une épaisse barbe mélangée
de fils gris, ne bougea pas.
    — Dieu te dit bonjour, Guillaume, fit Amicie.
Toi aussi, Arnaud.
    — Loué soit Jésus-Christ, Amicie. J’ai appris
que tu avais reçu le consolamentum .
    — Oui, le Saint-Esprit m’a sauvé la vie et
m’a éclairée.
    Guillaume mit un genou à terre et demanda :
    — Bénis-moi, ma sœur.
    Sans paraître surprise, elle posa ses mains sur la
tête de son frère en déclarant :
    — Que le Seigneur te bénisse, Guillaume.
    Arnaud n’avait pas enlevé son casque et restait
impassible, ignorant volontairement Guilhem.
    — Mes frères, dame Esclarmonde de Foix
souhaite vous parler avant le souper. Elle m’a demandé de vous conduire à elle
quand vous arriveriez.
    — Je te suis, décida Guillaume.
    Il s’adressa alors à Guilhem pour la première
fois.
    — Dieu te garde, Ussel… Merci pour ce que tu
as fait.
    — Dieu te conserve aussi dans sa sainte
garde, Guillaume.
    — Nous venons de saluer le comte, au tournoi.
Nous lui avons promis de le rejoindre dès que l’intendant nous aura indiqué où
nous logeons, répliqua Arnaud. Il nous attend…
    — Fais comme tu l’entends, Arnaud. Dame
Esclarmonde a une proposition à te faire. Si tu préfères l’ignorer, elle s’en
souviendra.
    Arnaud avait été coseigneur de Saverdun. Il avait
engagé sa foi auprès du comte de Foix et ne pouvait donc s’opposer ouvertement
à sa sœur. Après un moment d’hésitation, il descendit à son tour de cheval.
    Guillaume ayant donné des ordres à un de ses
chevaliers, ils suivirent leur sœur sur le pont-levis.
    Arnaud n’avait pas salué Guilhem.
     
    Celui-ci s’éloigna, se dirigeant vers le tournoi
qui se poursuivait. Il songeait aux deux frères. Amicie lui avait dit que
Guillaume avait embrassé la foi cathare. Il semblait vouloir respecter sa sœur
et ne pas vouloir s’en prendre à elle. Sauf s’il jouait la comédie. Seulement
c’était Arnaud qui avait possédé les droits de Saverdun, et lui n’avait rien
dissimulé de son hostilité. Le frère pouvait-il être allé jusqu’à tramer la
mort de sa cadette ?
    Dans deux jours, il rentrerait à Lamaguère. Il
n’aurait découvert ni celui qui avait jeté le nid de frelons ni son commanditaire.
Et sans la douce Amicie, son château serait bien inhospitalier. Si Guilhem
avait cru que le Seigneur puisse l’exaucer, il l’aurait volontiers prié pour
qu’il le jette dans quelque dangereuse aventure afin d’oublier ses peines.
    Le fracas, les acclamations et les hurlements le
tirèrent de ses pensées. Une joute se déroulait devant les tribunes.
    Deux cavaliers en haubert et heaume fermé
précipitaient avec fougue leur cheval l’un contre l’autre, bride abattue et
lance en avant, chacun se protégeant par son écu. Les lances touchèrent les
boucliers en même temps, l’une se brisa sous la violence du choc et l’un des
deux chevaliers fut précipité hors de sa selle. Il roula par terre dans

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