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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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hoqueton par-dessus. Les autres étaient cuirassés dans
des broignes avec des cervelières et des casques pointus.
    Hache et marteaux d’armes pendaient aux selles. Un
roussin portait deux coffres.
    Celui en haubert passa en l’ignorant, les autres
firent de même mais le dernier, un homme de petite taille à la barbe hirsute et
à l’embonpoint précoce, le considéra avec attention.
    Quand ils furent entrés sur l’esplanade, Guilhem
revint sur ses pas.
    Évitant comme il le pouvait les flaques de boue,
il gagna l’hôtellerie.
    L’homme au haubert avait baissé son camail et ôté
son casque. Sombre de peau, avec une barbe mal taillée, il donnait des ordres à
ses hommes. Sa tête était anormalement grosse, avec une mâchoire proéminente et
un mufle sauvage. Il entra ensuite dans le château accompagné de celui qui
avait dévisagé Guilhem sur le chemin. Celui-là boitait. Les autres hommes
d’armes détachaient leur équipement des selles. L’un d’eux bouscula un valet
maladroit et le fit tomber dans la boue. Le reste de la troupe s’esclaffa avant
de se rendre dans l’hôtellerie vider des pots de vin.
    Quand ils furent entrés, Guilhem s’approcha des
garçons d’écurie qui dessellaient les chevaux et détachaient les coffres du
cheval de bât.
    — Ils n’ont pas l’air commode, observa-t-il.
    Un des garçons cracha par terre.
    — C’était pas comme ça du temps
d’Amiel ! fit-il.
    — Qui est celui qui est entré au château avec
Gilabert ?
    — Brasselas. C’est le pire de tous. Vous avez
vu quel genre d’hommes ils sont ? Tous des gredins de sac et de
corde ! Que le diable les emporte !
    Brasselas et Gilabert avaient laissé leurs armes
sur leurs selles, à charge pour les valets de les porter dans leur chambre.
Guilhem les examina. Des haches ébréchées et des marteaux d’armes aux manches
fendus. Les étoffes des chevaux étaient sales et déchirés. Les harnais
n’avaient pas été cirés depuis longtemps. Il se souvint de ce que disait le
rémouleur qui l’avait pris avec lui quand il avait treize ans : Coteu
de ren, ome de ren [45] Les gens de Gilabert ressemblaient aux routiers qu’il avait connus.
     

Chapitre 14
    L a
veille, Guilhem avait été prévenu que la conférence avec le comte de Toulouse
sur la seigneurie de Saverdun se tiendrait à l’aube crevant du lundi, le
premier jour de l’année. Le comte avait ensuite prévu une chasse au faucon pour
fêter le Nouvel An. Le soir, cette fauconnerie serait suivie d’un banquet, car
l’ambassadeur de Pierre II partirait le mardi, comme Esclarmonde.
    Quand Guilhem arriva dans la chambre du comte,
Guillaume et Arnaud de Villemur discutaient avec Raymond de Saint-Gilles. Les
frères d’Amicie le saluèrent plutôt fraîchement. Aussi Guilhem s’écarta d’eux.
À l’écart, devant un lutrin, se tenait un clerc notaire de la chancellerie de
Toulouse qui taillait des roseaux et des plumes en échangeant quelques mots
avec le Grand vicaire d’Auch. Guilhem se joignit à eux. Sur un petit réchaud
chauffaient des timbales de cire de couleur. Plusieurs chartes étaient préparées,
toutes écrites dans une belle écriture caroline.
    Quelques instants plus tard, Esclarmonde entra
suivie d’Amicie, plus belle que jamais. Une douleur presque insupportable perça
le cœur de Guilhem en songeant qu’il ne la verrait plus. À la lueur des braises
du foyer et des chandeliers, le teint de la jeune femme était d’une blancheur
rosée. Ses yeux bleus brillaient et la noblesse de son maintien ajoutait encore
à sa grâce.
    Elle portait une robe de dessous bouton-d’or avec
un long bliaut cramoisi qui descendait jusqu’à terre et dont les larges manches
s’arrêtaient au-dessous du coude. Un voile de soie couvrait ses seins et sur
ses épaules reposait le manteau turquoise dont le capuchon fourré couvrait sa
chevelure.
    Esclarmonde était encore plus richement vêtue d’un
épais bliaut brodé d’or, avec de lourds bracelets ciselés aux poignets.
    Guillaume plia un genou devant les deux femmes.
Arnaud resta un instant hésitant avant de l’imiter.
    Le comte Raymond leur ayant désigné leur place,
chacun s’assit sur les bancs aux montants sculptés, couverts de confortables
coussins. C’est alors qu’arriva Gilabert.
    Le beau-frère d’Amicie resta un instant immobile,
balayant la chambre du regard. Il n’y découvrit que des regards hostiles et se
rembrunit. Sa barbe était toujours aussi hirsute

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