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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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apparemment
contrarié de ne pas l’avoir vu à la chapelle. En revanche, l’oncle de
Pierre II s’arrêta un instant devant le Valaque.
    — Noble comte Dracul, romprez-vous quelques
lances avec moi, cet après-midi ? demanda-t-il avec obligeance.
    — Si vous le souhaitez, seigneur prince, mais
je suis plus adroit à l’épée ou à l’arc.
    — Alors ce sera à l’épée ! La neige ne
vous gênera pas ?
    — Certainement pas, la neige est mon alliée,
noble prince.
    Ils se saluèrent et, tandis que l’Aragonais
rejoignait le reste de la cour, Guilhem interrogea à nouveau le Valaque.
    — Dracul est votre fief ? Est-ce une
ville de Transylvanie, seigneur comte ?
    — Pas du tout ! répondit Vladislas.
C’est le nom de ma famille depuis la nuit des temps. Un nom dont nous sommes
fiers. Savez-vous ce qu’il signifie ?
    — Comment le saurais-je ? plaisanta
Guilhem.
    — Il veut dire : Fils du diable,
répondit le Hongrois avec un sourire indéchiffrable.
    Guilhem essaya de ne pas marquer sa surprise, mais
le comte avait remarqué que son écuyer lui faisait des signes. Il inclina
courtoisement sa tête.
    — Nous aurons l’occasion de nous revoir,
seigneur de Lamaguère, et peut-être de jouter ensemble.
    — Peut-être, répondit Guilhem, songeur.
    L’ayant salué à son tour, il retourna au château.
    Le prêche était terminé et les cathares sortaient
eux aussi de la grange. En chemin, Guilhem se rendit compte qu’il n’avait pas
demandé au comte Dracul les autres raisons de la visite de l’évêque Nicétas
dans le Toulousain, pas plus qu’il ne l’avait interrogé sur le voyage de
Nicétas vers ce mont Salva où il serait allé prier. Il était étrange que le
même lieu apparaisse dans le conte du Graal de Chrétien de Troyes et dans
l’histoire de la création de l’Église cathare.
    Il songeait aussi que les Valaques étaient un
peuple singulier. Ils honoraient le démon et leurs princes aimaient se parer du
titre de fils du diable.
     
    En ce jour de Pâques, Raymond de Saint-Gilles fit
dresser une table dans sa chambre. Là, il fit servir à dîner à ses proches
vassaux, aux religieux les plus considérables, comme l’abbé de Grandselve et le
grand vicaire d’Auch et, bien sûr, à Esclarmonde de Foix et l’oncle de
Pierre II. Pour les autres, le dîner fut servi à prime dans la grande
salle du château. Le repas fut copieux, mais moins fastueux que celui de la
veille.
    À la relevée, un cortège de nombreux chevaliers et
de quelques dames, toutes couvertes d’un manteau galonné à col de fourrure ou
d’une pelisse de renard, se rendit au champ clos où se livreraient les passes
d’armes. À sa tête marchaient Raymond de Saint-Gilles et le prince aragonais
qui jugeraient les joutes. Après les défis qu’ils s’étaient lancés à table, les
hommes avaient hâte de montrer leur valeur et les femmes plaisantaient entre
elles sur qui serait leur champion.
    Au même moment, dans la grande salle débarrassée
des tables et des tréteaux, se préparait la cour d’amour que présideraient
Esclarmonde de Foix et Amicie de Villemur.
    Il y avait beaucoup moins de chevaliers que dans
le cortège qui s’était rendu au champ des joutes. Par contre les clercs et les
prélats étaient nombreux, ainsi que les femmes, car chacun le sait, ce sexe est
plus porté sur les rimes que sur les échanges de coups de hache.
    Les trois moines cisterciens arrivés la veille
étaient partagés. Il leur répugnait de se retrouver en présence de l’hérétique
sœur du comte de Foix. Mais la grande salle était chauffée et ils avaient froid
dans leur robe de bure détrempée par la neige. De plus, ils étaient affamés. Au
réfectoire du couvent, on leur avait servi une aigre bouillie de seigle et ils
avaient entendu dire qu’il y aurait au château des pâtés, des confitures et des
gaufres au miel.
    Apprenant que l’abbé de Grandselve, une abbaye
cistercienne, assisterait à la cour d’amour, ils décidèrent finalement de l’accompagner.
    Guilhem ne se rendit pas au tournoi. Il savait
qu’Amicie n’y serait pas et il souhaitait rester près elle le plus longtemps
possible. De plus, il se doutait qu’il y aurait de jeunes écervelés désireux de
le défier en duel et il ne souhaitait pas les estropier. Enfin, les deux
Allemands devaient poursuivre l’histoire de Perceval, et il brûlait d’en
entendre la fin.
    Dans la salle, chacun prit la place que lui
indiqua

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