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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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hommes purs pouvaient désormais voir la pierre, car elle est source de
vie, et les anges la donnèrent à Joseph d’Arimathie. Mais, exilé dans un monde
profane, le Graal aurait perdu rapidement sa sainteté et ses privilèges si
chaque année Dieu ne lui envoyait une bénédiction nouvelle. Chaque vendredi
saint une colombe descend du ciel pour déposer sur la pierre sacrée une blanche
hostie. C’est ainsi que l’Esprit saint la protège.
    — Fable diabolique ! lança Castelnau.
Vous cherchez à égarer les hommes par des mensonges que les bons hommes hérétiques sont prêts à accepter !
    Plusieurs des prélats approuvèrent bruyamment,
ainsi que quelques chevaliers.
    — Ce n’est pas un mensonge ! protesta
Conrad. Cette gemme extraordinaire et mystérieuse existe. Elle est même ici,
dans le Toulousain !
    — Vous mentez ! hurla Bernard d’Urgio.
    — L’avez-vous vue ? demanda Esclarmonde
avec inquiétude.
    — Je la cherche, noble dame. Et je trouverai
bientôt le lapsit exillis . Dès lors, je le confierai à mon ordre, qui a
été fondé pour soigner et guérir, car cette pierre empêche de mourir et rend la
jeunesse à ceux qui ont le cœur pur.
    — Comment cette pierre, ou ce graal qui la
contient, seraient-ils passés de Joseph d’Arimathie aux terres du comte de
Toulouse ? demanda Guilhem sans cacher son scepticisme.
    Il refusait de croire qu’une pierre, ayant été
possédée par Lucifer, ait été conservée par des anges pour être transmise aux
hommes.
    Pourtant, le doute s’était emparé de lui. Après
tout, n’était-ce pas aussi invraisemblable que ce que lui avait affirmé le
capitaine de l’Anatasie [46]  ?
Ce marin ne lui avait-il pas soutenu que la terre était ronde ! Ronde
comme deux casques mis l’un contre l’autre ! Il était insensé d’imaginer
qu’il puisse exister des lieux où les choses étaient suspendues à
l’envers ! Et pourtant, c’était vrai, avait assuré le capitaine ! Seul
le Seigneur aurait pu expliquer ce prodige.
    — Ce sont les Goths qui ont apporté la pierre
dans votre contrée, lui répondit Conrad. Ils l’honoraient, non comme une pierre
luciférienne, mais comme un objet divin.
    — Comment pouvez-vous savoir cela ?
intervint le grand vicaire.
    — Je l’ai appris en Palestine. C’est la
vérité vraie.
    — Si cette pierre existe, elle ne peut être
que luciférienne et doit être détruite ! intervint sévèrement l’abbé de
Grandselve.
    — Où serait-elle ? demanda Esclarmonde,
plus conciliante.
    — Je ne connais que des bribes que j’ai
apprises en Palestine, noble dame. Elle serait cachée dans un endroit appelé le
pays de Sauveterre. C’est là que se trouverait le château de Montsalvat.
    — Il n’y a aucun château de Montsalvat dans
le Toulousain, ni au pays de Foix, ni en Comminges, ni en Albigeois, ni nulle
part ! lança un chevalier. Tout ceci n’est que fable pour nous amuser ou
nous égarer !
    — Vous dites vrai ! Tout ceci n’est que
cautelle et perfidie, mais ceux qui s’amusent ainsi avec le Démon doivent
s’attendre à la damnation ! intervint l’abbé avec colère.
    — Montsalvat serait aussi une montagne, fit
Conrad sans se démonter. Au pied de la forteresse se trouve un lac, et dans les
environs une fontaine où demeurent des fées.
    Comme plusieurs se gaussaient maintenant à grands
éclats de rire, on vit le Valaque Vladislas se lever du banc où on l’avait
placé et s’approcher des troubadours allemands.
    — Le seigneur Tannhäuser dit la vérité,
fit-il d’une voix rauque.
    — Qu’en savez-vous, seigneur comte ?
demanda Esclarmonde.
    — Mon peuple appartient aux derniers Goths
restés en Transylvanie. Vous et moi sortons de la même race.
    — Comment cela ?
    — Les Goths occupaient l’ancienne Dacie, mon
pays. C’est là qu’est né Alaric le Grand qui devint le maître de Rome. Ils
entrèrent ensuite en Gaule et vinrent dans ce pays où ils choisirent Toulouse
comme capitale, mais cela vous le savez.
    « Seulement les Huns les poursuivirent
jusqu’ici. De plus les Francs envahirent leur royaume. Les Goths de Toulouse
n’eurent d’autre salut que de traverser la montagne et de se réfugier en
Hispanie où se trouvaient d’autres royaumes goths.
    — Nous savons cela, en effet, fit le grand
vicaire en levant une main impatiente. Mais la pierre ? La pierre
luciférienne ?
    Comme beaucoup, il était entré en religion par le
jeu des

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