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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et son odeur de fauve était si
désagréable qu’Esclarmonde détourna la tête en s’écartant de lui.
    — Mettez-vous là, Beaumont ! commanda
Raymond d’une voix égale, lui désignant une escabelle.
    « Au nom du seigneur, et en ce premier jour
de l’année, je vous ai rassemblés pour sceller un accord sur le château de
Saverdun.
    « J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec
chacun de vous, et dame Esclarmonde a fait de même, ayant tout pouvoir de son
frère pour arriver à cet accord. Selon le contrat de mariage entre Amicie et
Amiel de Beaumont, la part d’Amiel revient à son épouse. Les notaires sont
formels et le comte de Foix est du même avis.
    Il balaya les participants du regard et seul
Gilabert fit une grimace.
    — Mais dame Amicie a reçu le consolamentum .
Elle a choisi d’ouvrir une maison de Parfaites à Fanjeaux et accepte de laisser
à son frère Arnaud tous les droits sur sa part de la coseigneurie. En échange,
Arnaud lui rendra les terres, les fermes et les bois qu’elle lui avait cédés et
qui lui venaient de son père.
    Arnaud de Villemur hocha du chef. Il faisait une
bonne affaire, car il avait laissé péricliter ces terres tandis que le fief de
Saverdun s’était enrichi.
    — De plus, contre une somme de deux mille
sous d’or couronnés, dame Amicie cède à Arnaud de Villemur tous les droits et
actions lui venant de son mari, Amiel de Beaumont.
    « Compte tenu de la mauvaise entente entre
Gilabert et la famille Villemur, Guillaume et Arnaud verseront deux mille sous
d’or couronnés à Gilabert qui quittera définitivement Saverdun.
    — Quoi ! Je refuse de quitter le château
qui est à ma famille depuis toujours !
    — Non, intervint sévèrement Esclarmonde,
Saverdun est au comte de Foix qui en a cédé uniquement le fief. Tu n’en
possèdes qu’un quart et c’est bien que de t’en offrir deux mille sous d’or.
    — Ma part vaut dix fois plus ! protesta
Gilabert.
    — Ta part ne vaudra rien si la plainte de
dame Amicie contre toi est jugée devant mon frère, menaça Esclarmonde. Ses
vassaux lui ont prêté serment et tu pourrais te retrouver sans rien.
    — Accepte, Gilabert, lui conseilla Guillaume,
sinon nous pourrions nous souvenir que tu as frappé une dame de Villemur.
    Gilabert les considéra à tour de rôle, et ne vit
que des visages hostiles.
    — Je quitterai Saverdun quand on me portera
l’argent, fit-il, buté.
    Raymond hocha du chef en précisant :
    — Tu occuperas la maison de Saverdun qui
t’appartient et pas le château. En attendant qu’Arnaud te porte la soulte,
c’est Amicie qui redeviendra châtelaine. J’accepte qu’elle engage sa fidélité
auprès du comte de Foix. L’acte est prêt, tu n’as qu’à le signer, comme toutes
les parties.
    Gilabert se sentait comme un renard pris au piège.
Il ne pouvait échapper aux décisions prises sans lui. Pourtant, l’accord était
généreux puisque les Villemur oubliaient l’affront fait à leur sœur. De
surcroît, avec deux mille sous d’or, il pourrait obtenir un autre fief et être,
enfin, maître chez lui. Mais pour l’instant, il se sentait humilié comme il ne
l’avait jamais été.
    — Chaque partie va signer l’acte que le clerc
notaire a préparé et y porter son sceau. Le grand vicaire d’Auch, moi-même,
dame Esclarmonde de Foix, Guilhem d’Ussel et Guillaume de Villemur en seront
les témoins.
    Arnaud se leva le premier, alla relire rapidement
l’acte (dont il connaissait déjà la teneur), en parapha plusieurs exemplaires
et y porta son sceau de cire. Amicie fit de même, puis ce fut Gilabert, après
une ultime hésitation. En relisant difficilement le texte, car il lisait très
mal, il s’aperçut qu’il renonçait à tous ses droits écrits et non écrits sur
Saverdun.
    Après qu’il eut porté son sceau sur les chartes,
ce fut le tour des témoins. Raymond de Saint-Gilles avait demandé à l’abbé de
Grandselve d’être parmi eux, pour donner plus de poids aux décisions prises,
mais le cistercien avait refusé de porter son sceau à côté de celui d’une
Parfaite cathare.
    Quand tout fut terminé, le comte de Toulouse fit
appeler une servante pour servir un vin de l’étrier. Gilabert déclina
l’invitation et annonça qu’il quitterait Saint-Gilles dans l’après-midi.
     
    À la relevée, ceux qui n’étaient pas partis à la
chasse se retrouvèrent dans la grande salle du château. La plupart des dames,
clercs, abbés et

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