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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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passer avec étonnement. Il avait vu
l’Allemand en robe, il le revoyait vêtu en combattant. Où allait-il ?
     

Chapitre 15
    Le mardi matin
     
    L’ hôtellerie
était un long bâtiment à colombages de bois et torchis avec un toit en paille
et en roseaux. La grande salle, au sol en terre battue jonché d’herbes, n’avait
pour foyer qu’un simple évasement du mur et un trou dans la toiture pour
évacuer les fumées. C’est là qu’hôteliers et servantes faisaient cuire soupes
et viandes. Un dortoir, avec des lits de planches couverts de paillasses où
l’on pouvait dormir à huit, était accolé à cette pièce.
    À l’étage, si bas de plafond que les plus grands
devaient baisser la tête, se trouvait une dizaine de chambres. Chacune ne
contenait qu’un lit à quatre ou cinq places. Le plus souvent, c’était un meuble
fermé avec un épais rideau de feutre qui servait de portière. On accédait à ces
pièces par une galerie et une échelle.
    Le mardi matin, au lever du jour, Guilhem
descendit avec Alaric et son cousin. Il voulait faire ses adieux à Amicie et
assister à son départ. Ensuite, ils rentreraient tous trois à Lamaguère.
    La salle de l’hôtellerie ne contenait qu’une
longue table. Une vingtaine de personnes s’y tenaient déjà, certains y ayant
même passé la nuit, car il n’y avait plus de place dans le dortoir. Parmi eux
se trouvaient Gilabert et ses gens. Il faisait froid, mais bien moins que dans
les chambres, car un bon feu pétillait en dégageant une épaisse fumée qui
faisait tousser les convives.
    Guilhem s’installa devant une écuelle vide, Alaric
et son cousin en prirent une autre. Un serviteur leur donna une épaisse tranche
de pain de seigle puis leur servit la soupe aux pois et au lard. Il posa
ensuite un pot de vin âpre devant eux.
    Peu après, Espes les rejoignit, venant du dortoir.
Guilhem remarqua que Gilabert les observait. Sans doute éprouvait-il une
immense haine envers l’intendant qui l’avait trahi.
    — Je veux vous remercier pour tout ce que
vous avez fait, seigneur, fit Espes, et pour votre générosité.
    Guilhem avait offert à Amicie les trois chevaux,
avec lesquels ils étaient venus, ainsi que la mule qui portait ses bagages.
    — Occupe-toi surtout de ta maîtresse !
lui fit rudement Guilhem.
    — Je le ferai, seigneur. Je l’ai toujours
fait.
    Espes avala rapidement sa soupe et sortit. Il
avait à préparer les chevaux et à prendre les bagages d’Amicie. Guilhem demanda
à Ferrand d’aller l’aider.
    — Partons-nous ce matin, seigneur ?
demanda Alaric.
    — Oui, dès que j’aurai assisté au départ de
dame Esclarmonde. Prépare tout.
    Ayant vidé le pot de vin, il sortit à son tour
après avoir relevé le capuchon de son hoqueton.
    La pluie, qui n’avait cessé de tomber dans la
nuit, s’était enfin arrêtée. Sur le sol boueux, des valets répandaient de la
paille pour éviter qu’on ne glisse.
    Une grande activité régnait devant les douves.
Domestiques et esclaves sortaient des coffres du château pour les attacher
solidement sur des mules. D’autres emplissaient des chariots sous la
surveillance de clercs et d’intendants méfiants et tatillons. Plus loin, vers
l’écurie, les hommes d’armes se rassemblaient, vérifiant selles et sangles
préparées par les palefreniers. Valets et servantes de dame Esclarmonde étaient
avec eux.
    Les départs seraient nombreux ce matin.
    Un chevalier s’approcha de Guilhem. Enveloppé dans
un manteau, il tenait son casque à la main. Son crâne était entièrement rasé,
comme son visage. De grande taille, avec une face toute en longueur et des
joues creuses, il se nommait Jourdain de Salsigne. Guilhem savait qu’il
commandait l’escorte d’Esclarmonde.
    — Seigneur d’Ussel, lui dit-il, je n’ai pas
eu l’occasion de vous parler plus tôt…
    — Moi non plus, sire de Salsigne, et je le
regrette car j’ai une faveur à vous demander. Prenez grand soin de dame Amicie.
    — Ne soyez pas inquiet. J’ai choisi moi-même
les arbalétriers et les sergents porteurs de lance de mon escorte. Ce sont tous
de bons soldats. Quant à Roger, qui me seconde, c’est un homme valeureux.
    — Vous n’avez pas mis votre haubert ?
s’inquiéta Guilhem, en s’apercevant qu’il était en robe avec un surcot aux
armes de Foix.
    — Nous allons traverser les terres de Foix,
seigneur ! Personne n’est plus aimé ici que dame Esclarmonde, sauf
peut-être son frère, le

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