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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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donc
vulnérables, et il n’y avait pas suffisamment de cavaliers pour les protéger.
    Il avait tort de s’inquiéter ! se
morigéna-t-il. Jourdain de Salsigne avait raison : ils seraient sur leurs
terres, sauf à Muret, qui appartenait au comte de Comminges. Malgré tout,
Guilhem ne parvenait pas à chasser le sombre pressentiment qui l’oppressait.
    Peu après survint Amicie dans son manteau
turquoise. Ermessinde, en hoqueton de laine, l’accompagnait, toussant toujours.
Chacun salua la Parfaite avec respect et Alaric approcha les chevaux.
    Guilhem remarqua alors qu’Espes n’était pas allé
chercher sa monture.
    — Espes, tu vas être en retard ! lui
reprocha-t-il.
    — Espes reste ici ! intervint Amicie. Le
notaire du comte doit copier des actes et Espes l’aidera avant de me les porter
à Saverdun.
    Guilhem se sentit blessé qu'elle ne lui en ait pas
parlé plus tôt. Puis il se raisonna et se dit qu’il avait tort. Elle n’était
pas sa femme, ni son amante. Ou plutôt, elle ne l’était plus. Il ne faisait
plus partie de sa vie.
    Sans rien dire, il l’aida à monter en croupe,
tandis que l’écuyer Limoux faisait de même avec Ermessinde.
    Esclarmonde arriva à son tour, en compagnie de
Raymond de Toulouse et du jeune chevalier nommé Roger, celui qui avait défendu
l’honneur du comté de Foix dans la joute de poésie. Ce dernier portait une
broigne annelée avec un casque pointu à nasal. Quant à la sœur du comte de
Foix, elle avait revêtu une chaude et confortable robe de voyage avec un galon
doré et s’était enroulée dans un grand manteau à capuchon. Un voile de gaze turquoise
couvrait son cou. Derrière elle, une servante portait un coffre de fer émaillé
contenant ses bijoux et ses affaires personnelles.
    Raymond de Saint-Gilles accompagna Esclarmonde à
sa litière et lui tint la main pendant qu’elle montait les marches du petit
escabeau permettant d’entrer dans le meuble. La servante lui donna le coffre de
fer, tandis que le comte lui souhaitait bon voyage. Leurs adieux furent assez
froids.
    Un dernier homme sortit du château. En aumusse
sombre, âgé mais fort vigoureux, Guilhem savait que c’était un diacre Parfait
qui ne quittait pas dame Esclarmonde. Il la rejoignit à sa litière pour marcher
à côté d’elle.
    Le jeune Roger monta sur son palefroi et prit la
tête de la troupe avec l’un des sergents à cheval.
    Salsigne lança alors un ordre et le convoi
s’ébranla. Guilhem alla faire ses adieux à Esclarmonde de Foix, puis revint
marcher à côté d’Amicie.
    Arrivé au portail de la clôture, il lui prit la
main. Elle la serra de toutes ses forces avant de la lâcher. D’un coup de
talon, elle fit avancer son cheval.
    Il resta un moment à regarder le cortège
s’éloigner. Arrivés devant la chapelle, gens et bêtes prirent le chemin du
Touch.
    Il aurait donné Lamaguère et tout ce qu’il
possédait pour les accompagner. C’est seulement quand il ne les vit plus qu’il
revint sur ses pas.
     
    Quand il arriva devant l’hôtellerie, Alaric et
Ferrand l’attendaient, les chevaux sellés et les bagages sur le cheval de bât.
Il y avait aussi Wolfram avec eux.
    L’Allemand avait un visage sinistre.
    — Seigneur d’Ussel, l’interpella-t-il,
puis-je vous parler ?
    Guilhem s’approcha et le prit amicalement par
l’épaule. Wolfram paraissait désemparé. Ils s’éloignèrent.
    — Conrad a disparu.
    — Disparu ? Mais il partage votre
chambre…
    — Il n’est pas rentré cette nuit. Je l’ai
cherché ce matin, je ne l’ai pas trouvé.
    — Était-il avec vous hier soir ?
    — Il faut que je vous raconte…
    Wolfram expliqua l’affaire de la tablette de cire
envoyée par le mystérieux inconnu.
    — Tannhäuser s’était-il armé pour aller à ce
rendez-vous ?
    — Oui, personne n’aurait pu le prendre par
surprise !
    Personne ? grimaça Guilhem. Tout homme peut
être pris si le piège est adroit, songea-t-il.
    — Tout ça sent le traquenard… Vous dites
qu’il est allé à la rivière ?
    — À l’Aussonelle, oui. Je m’y suis rendu à la
première lueur du jour. La rivière a grossi avec la pluie, mais je n’ai rien
vu. Je suis allé interroger au couvent, personne ne l’avait vu. Conrad n’est
pas une silhouette qu’on oublie, de plus il portait son manteau avec la croix
noire.
    — Allons-y ! Ferrand, Alaric, nous ne
partons plus ! Ramenez les bagages dans la chambre et prévenez
l’intendant.

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