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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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comte.
    Guilhem jugea le chevalier un peu trop sûr de lui.
    — Avez-vous des tentes pour les nuits ?
demanda-t-il en montrant les mules chargées de bagages.
    — Elles seraient inutiles. Partout les portes
nous sont grandement ouvertes, y compris celles des couvents. Ce soir, nous
serons à Muret, même si nous n’avançons qu’au pas des mules.
    Guilhem échangea encore quelques mots avec le
chevalier avant de s’éloigner sur l’esplanade. On démontait plusieurs tentes
mais les Valaques étaient toujours là. L’un d’eux faisait cuire des viandes sur
un brasero.
    Il n’aperçut pas les deux Allemands. Sans doute
étaient-ils encore dans leur chambre.
    Guilhem revint vers le château. Les garçons
d’écurie rassemblaient les mules qui porteraient les coffres à bagages. Les
valets vérifiaient que les boucles de cuivre des montants en cerisier ciselé de
la litière étaient solidement attachées aux bêtes. À l’intérieur, Esclarmonde
voyagerait assise sur des coussins mais elle pourrait aussi allonger ses jambes
pour sommeiller.
    Les arbalétriers s’étaient rassemblés. Pavois sur
le dos et trousse de viretons à la taille, ils parlaient bruyamment de leurs
bonnes fortunes avec les servantes. Eux voyageraient à pied. Tous portaient une
courte épée, mais ils n’avaient que des broignes de cuir treillissées et pas de
cervelière sous leur chapel de fer.
    Alaric arriva avec les chevaux d’Amicie et
d’Ermessinde, déjà sellés.
    Jourdain de Salsigne présenta à Guilhem le reste
de l’escorte. Le premier fut son écuyer, Limoux, un jeune homme en robe
écarlate brodée d’argent, fils d’un noble ami du comte. Le garçon considéra
Ussel en dissimulant à peine sa commisération. Des chevaliers pouilleux, il en
connaissait beaucoup et il évitait de les fréquenter. Son regard glissa sur le
cuir râpé et éraflé du gambison de Guilhem et sur son hoqueton en laine rêche.
    Ce pauvre chevalier portait un camail dont le
capuchon lui couvrait la tête et il tenait un casque à nasal cabossé,
remarqua-t-il. À son double ceinturon était suspendue une longue épée de fer,
au pommeau épais et à la large garde. Une escarcelle de cuir pendait aussi au
baudrier, ainsi qu’une main gauche sans fourreau. Croyait-il partir en
ost ?
    Le jeune Limoux retint un sourire en pensant à son
baudrier de daim souple, bien ajusté, auquel était attachée une courte épée de
voyage avec une gemme bleue sur le pommeau.
    De son côté, Guilhem observa que le jeune garçon
n’avait ni casque ni camail. Ses cheveux longs flottaient sur sa nuque. Un
ruban turquoise était attaché à son poignet.
    — Guilhem d’Ussel possède le fief de
Lamaguère, expliqua Salsigne. Il a protégé dame Amicie et l’a conduite ici.
    — Je ne vous ai pas vu au tournoi, seigneur
d’Ussel, remarqua l’écuyer avec une politesse formelle teintée d’insolence.
    — Je ne vais jamais aux tournois, vaillant
jeune homme. Ils m’ennuient et je préfère jouer de la vielle, répliqua Guilhem
d’un ton fatigué.
    L’autre dissimula à peine son indignation.
    — Ah ! Moi, je n’en rate aucun, car je
désire qu’on me respecte ! J’ai brisé une lance hier, avec un chevalier du
comte de Toulouse. J’y ai gagné ce ruban, offert par une dame qui admirait mes
mérites.
    Le fat désigna le morceau de soie turquoise.
    — Magnifique ! approuva Guilhem, observant
en même temps deux hommes tonsurés, en robe noire, qui approchaient.
    Salsigne surprit son regard et les désigna d’un
signe de tête.
    — Ce sont Maître Séguier, clerc de dame
Esclarmonde, et son médecin.
    Le médecin monta sur la mule grise qu’on lui avait
préparée, tandis que le clerc rejoignait les valets et les servantes avec qui
il voyagerait à pied. Aucun serviteur ne portait d’arme, sinon des couteaux.
    Un sergent à cheval arriva avec sa lance à
l’extrémité de laquelle flottait un penon de soie. L’autre était déjà sur sa
monture.
    Tous deux portaient chapel de fer et gambison de
buffle bouilli. Ils n’avaient pas de broigne maclée, mais quand même un camail.
Pas d’épée non plus. Seulement une hache et une rondache.
    Guilhem aurait mieux équipé cette troupe, mais les
sergents et les arbalétriers paraissaient bien trempés. Ces derniers restaient
quand même le point faible de l’escorte. Ils portaient une lourde arbalète et
un pavois de bois. Après une longue marche, ils seraient fatigués,

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