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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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au service du Graal.
Lui qui avait été blessé aux parties sexuelles parce qu’il avait trop joui d’elles,
il se trouve brusquement régénéré par Parzival le Pur, et il transcende sa libido en action d’ émerveillement des autres.
    C’est dans cette optique qu’il faut examiner le personnage
de l’Esclarmonde des légendes pyrénéennes, en particulier dans la région de
Montségur. C’est la Dame blanche , synthèse de
l’antique déesse des sources et du personnage historique d’Esclarmonde de Foix,
brûlée lors de l’holocauste de 1244. En certaines circonstances, Esclarmonde
sort d’un lac où elle réside, et s’en vient errer le long des murailles de
Montségur. Et non loin de là, à Montferrier, on raconte une curieuse histoire, analogue
à une légende du pays de Galles [46]  : Un paysan avait
épousé une fée qui lui procurait tout ce qu’il désirait. Mais elle avait
interdit à son époux de l’appeler fado , c’est-à-dire
« fée » et aussi « folle ». Bien entendu, le paysan
transgresse un jour l’interdit, et la fée s’envole sous la forme d’une colombe.
Le paysan s’aperçoit alors qu’elle revient chaque jour pendant son absence :
mais dès qu’il entre dans la maison, son épouse-fée disparaît sous la forme d’une
colombe [47] . On reconnaît dans cette
histoire l’interdit mélusinien, mais la fée, au lieu d’être une femme-serpent, comme
Mélusine, est une femme-oiseau, comme dans les traditions nordiques. Et qui
plus est, c’est une femme-colombe. On sait qu’on a retrouvé dans la région de
Montségur des colombes sculptées en pierre tendre ou en céramique, dont une à
Ussat-les-Bains et deux à Montségur même [48] . On ne peut que penser à
la colombe qui, chaque Vendredi saint, apporte une hostie sur le Graal-Pierre, mais
aussi à la représentation du Saint-Esprit dans la tradition cathare, et encore
à la croix huguenote, qui surmonte une colombe, le tout relié à la colombe qui
apporte un rameau d’olivier à Noé sur l’Arche. Ce sont là des convergences
révélatrices.
    Wolfram prétend également que le manuscrit découvert à
Tolède par Kyôt le Provençal avait été écrit par un certain Flégétanis, un juif
de la lignée de Salomon, mais dont le père était arabe. Est-ce une allusion
déguisée à la judaïté de Chrétien de Troyes ? Le nom de Flégétanis est
encore un jeu de mots. C’est « la transcription maladroite de Falak-Thani,
expression arabe qui désigne le deuxième ciel, celui de Mercure-Hermès, placé
sous l’invocation du “messager des dieux avec S. Aïssa”, c’est-à-dire Jésus. Ce
deuxième ciel… commande la vie et la connaissance spirituelles » [49] .
Wolfram ne se montre guère tendre envers Flégétanis qui « adorait un veau
en qui il voyait un dieu ». C’est l’indication d’un culte taurobolique de
type mithraïque. Mais « il savait prédire la disparition de chaque étoile
et le moment de son retour ». Wolfram en fait un astrologue : or, il
s’agit d’une image concernant la transmigration des âmes, ce qui reste encore
conforme aux croyances cathares.
    Il y a plus. « Il était, disait-il, un objet qui s’appelait
le Graal. Il en avait clairement lu le nom dans les étoiles. Une troupe d’anges
l’avait déposé sur terre, puis s’était envolée bien au-delà des astres. Ces
anges étaient trop purs pour demeurer ici-bas » (trad. Tonnelat, II, p. 24).
Ces anges offrent une curieuse connotation cathare. Wolfram prétend encore que
Flégétanis, qui était païen, ne comprenait rien à cette histoire, tandis que
Kyôt le Provençal, qui était chrétien, en considérant le départ des anges, s’est
rendu compte que le Graal avait dû être confié à des hommes « devenus
chrétiens par le baptême et aussi purs que des anges ». C’est alors que « Kyôt,
le maître sage, chercha dans les livres latins où avait pu vivre un peuple
assez pur et assez enclin à une vie de renoncement pour devenir le gardien du
Graal. Il lut les chroniques des royaumes de Bretagne, de France et d’Irlande, et
de beaucoup d’autres encore, jusqu’à ce qu’il trouvât en Anjou ce qu’il
cherchait » (trad. Tonnelat, II, p. 25). Voilà qui devient
significatif.
    La référence à l’Anjou touche la dynastie des Plantagenêts, souverains
de Grande-Bretagne et protecteurs de la Bretagne armoricaine, mais aussi
propagateurs des légendes arthuriennes et du mythe du Graal,

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