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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et qui voulaient
faire de Glastonbury à la fois l’île mythique d’Avalon et le château du Graal. La
prédominance des trois pays, Bretagne, France et Irlande, indique, selon Wolfram,
une marque celtique évidente sur le thème du Graal. Mais que penser de ce
peuple assez pur pour remplacer les anges dans leur rôle de gardiens du Graal ?
S’agit-il des Cathares ? des Templiers ? ou de tout autre peuple élu et pur  ? On remarquera qu’il n’y a là
aucune référence à la Germanie, mais à cause de cette évocation élitiste, il ne
faut plus s’étonner de la destinée particulière de cette version de la quête, de
ses connotations hérétiques et surtout de ses prolongements ultérieurs vers une
mystique aryenne : les gardiens du Graal, quels qu’ils soient, Templiers, Cathares
ou autres, deviendront les mainteneurs farouches d’une pureté raciale
nécessaire, écartant d’emblée, ou même éliminant froidement, tous les éléments
hétérogènes non admis aux mystères du Graal .
    Pourtant, le récit de Wolfram von Eschenbach suit
apparemment le même schéma que celui qui a servi à Chrétien de Troyes. Parzival,
« fils de la veuve Dame », quitte un jour sa mère pour aller se faire
armer chevalier à la cour d’Arthur. Il lui arrive à peu près les mêmes
aventures qu’à Perceval – et qu’au Peredur gallois : il pénètre dans le
château du Graal, est témoin du fameux cortège du Graal, ne pose pas de
questions, apprend la vérité au sujet du Graal et multiplie les efforts pour
retrouver le mystérieux château et guérir le Roi-Pêcheur. Et comme Perceval, il
reçoit les enseignements d’un ermite qui se révèle être un de ses oncles
maternels.
    Cet ermite se nomme Trévrizent chez Wolfram. Alors que
Chrétien de Troyes se contente de lui faire dire des banalités à Perceval, il
semble que Wolfram en ait profité pour charger son discours d’une
invraisemblable quantité de notions dont certaines sont même contradictoires. Trévrizent
apparaît comme un initiateur : il raconte, il explique, et il ment
également (et de son propre aveu).
    Il développe d’abord le thème, déjà exploité dans la quête
cistercienne, du remplacement de la dixième légion des Anges (Lucifer et les
révoltés) par la race humaine : Adam est nettement présenté comme le
remplaçant de Lucifer. Et l’on découvre constamment dans le discours de
Trévrizent une référence plus ou moins voilée concernant la Lumière. Ainsi,
« la pensée peut se soustraire au regard du soleil ; la pensée, bien
qu’aucune serrure ne l’enferme, demeure cachée, impénétrable à toute créature ;
la pensée, ce sont les ténèbres où ne pénètre aucune lueur. Mais la divinité a
le pouvoir de tout éclairer ; son éclat rayonne à travers la paroi dont l’enveloppent
les ténèbres… ». Ces réflexions semblent en accord avec la doctrine des
Cathares : l’être humain, enfermé dans sa pensée depuis l’Arbre de la
Science du Bien et du Mal, attend qu’un rayon de la lumière divine vienne le
réveiller. Et ce rayon divin, c’est peut-être le Graal.
    Trévrizent dévoile en effet à Parzival ce qu’est le Graal, mais
il le fait par rapport à ceux qui gardent l’Objet sacré, en l’occurrence des
Templiers « qui vont souvent chevaucher au loin, en quête d’aventures. Quelle
que soit l’issue de leurs combats, gloire ou humiliation, ils l’acceptent d’un
cœur serein, en expiation de leurs péchés ». Pourquoi les Templiers ?
De la part d’un auteur allemand, on aurait volontiers attendu qu’il parlât d’un
ordre allemand, tel celui des Chevaliers teutoniques. Il faut croire qu’à l’époque
où écrivait Wolfram, presque un siècle avant la condamnation des Templiers, ceux-ci
avaient acquis une réputation non seulement d’excellents combattants, mais de
détenteurs de secrets et de mainteneurs d’une tradition quelque peu mystérieuse.
Et c’est alors que Wolfram en vient à décrire le Graal, ce que n’avait pas fait
Chrétien de Troyes :
    « Tout ce dont ils (les Templiers) se nourrissent leur
vient d’une pierre précieuse, qui en son essence est toute pureté. Si vous ne
la connaissez pas, je vous en dirai le nom : on l’appelle Lapsit exillis . C’est par la vertu de cette pierre
que le phénix se consume et devient cendre ; mais de ces cendres renaît la
vie ; c’est grâce à cette pierre que le phénix accomplit sa mue pour
reparaître

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