Montségur et l'enigme cathare
dans l’ancienne Perse et dans la tradition judéo-chrétienne
qu’il faut chercher les dualistes, et, par conséquent, les ancêtres des Cathares.
II
LE MAZDÉISME
Le mazdéisme est l’ancienne religion des Perses
indo-européens, probablement depuis le troisième millénaire avant Jésus-Christ
et jusqu’à l’époque hellénistique. Cette religion s’est constituée dans le nord
de l’Iran, englobant des croyances autochtones et de nombreuses traditions
venues de la vallée de l’Indus. Le nom mazdéisme est récent et a été forgé sur Ahura-Mazda, qui est, selon la croyance persane, le
dieu de la lumière. Cette religion n’a d’ailleurs jamais disparu complètement :
elle s’est fondue dans d’autres religions, a influencé durablement le
christianisme naissant, surtout les sectes hérétiques, et elle a perduré
localement, comme on peut le voir chez les Parsis de Bombay, en Inde, au nom
significatif, et qui sont des Mazdéens ayant subi une longue maturation. C’est
une doctrine de haute spiritualité, qui combine harmonieusement des rituels
archaïques propres aux Indo-Européens primitifs, une classe sacerdotale
analogue à celle des Brahmanes, à celle des Flamines et à celle des Druides, la
classe des Mages, et un système philosophique extrêmement subtil, surtout après
la réforme entreprise par Zarathoustra, autrement dit Zoroastre. Le Livre sacré
des Mazdéens, équivalent de la Bible ou du Rig-Véda indien, est l’ Avesta , recueil de préceptes religieux et moraux, de
recettes plus ou moins magiques, de récits mythologiques et de prophéties
diverses. N’oublions pas que les seuls membres d’une classe sacerdotale à avoir
visité Jésus enfant, selon la tradition chrétienne, sont les Mages qui, dit-on,
sont venus à Bethléem guidés par une étoile. Que l’histoire soit vraie ou
fausse nous importe peu : cette visite des Mages au fondateur de la future
religion chrétienne est un geste symbolique qui en dit long sur la dette qu’avaient
les premiers Chrétiens envers la religion iranienne.
La notion fondamentale du mazdéisme apparaît comme le
triomphe du dualisme. Tout repose en effet sur le conflit permanent entre deux
principes, celui du Bien, représenté par le dieu Ahura-Mazda, ou Ormuzd, et
celui du Mal, représenté par le dieu Ahriman ou Angra Mainyu. Il s’agit d’un
combat sans merci au cours duquel chacun des deux adversaires prend successivement
l’avantage, ce qui délimite certaines périodes dans l’histoire universelle, certaines
de ces périodes étant sous la coupe du Mal, d’autres sous celle du Bien. En
somme, la vie est le résultat de cette opposition entre les deux principes. Mais
à la fin des temps, Ahriman sera vaincu et retournera au néant, laissant la
victoire à Ahura-Mazda. Ainsi le dualisme n’est-il que provisoire, tout se
résolvant par un monisme final.
Ainsi présentée sous la forme mythologique d’une lutte entre
deux dieux, ce qui apparaît dans bien d’autres traditions, la conception
mazdéenne simplifie le problème, mais ne le résout pas entièrement, dans la
mesure où l’existence d’Ahriman n’est justifiée que par de vagues postulats. Ahriman
semble d’ailleurs un héritage de l’antique religion des Indo-Européens avant
leur dispersion, et surtout avant que ceux-ci ne viennent s’installer dans la
vallée de l’Indus, sur le plateau iranien et dans l’Europe du nord. Ahriman
représente en effet le dieu générique des Aryas ,
c’est-à-dire de ce noyau de peuples que nous appelons maintenant Indo-Européens
d’après leurs langues, toutes dérivées d’un fonds commun, leurs structures
sociales (la fameuse tripartition) et certains usages techniques. On le
retrouve dans quelques traditions du continent indien sous la forme Aryaman.
Tel qu’il se présente, Ahriman est donc une divinité qui recouvre
un groupe social spécifique, une classe de conquérants qui tentent de garder
leur pureté originelle et qui sont en position de domination sur les autres
classes, ces autres classes correspondant à des peuples soumis. À y réfléchir
davantage, et en dépassant le contexte racial, on s’aperçoit qu’il s’agit du
dieu de l’action humaine, le dieu de la manifestation. Il représente la
relativité par rapport à Ahura-Mazda qui symbolise l’absolu. En somme, la
théologie mazdéenne est double. D’un point de vue public, exotérique en quelque
sorte, elle est transmise sous forme
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