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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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tête et déclara :
    — Le Jour est proche !
    — Béni soit le Jour ! sifflèrent les fidèles assemblés sous ses yeux.
    Ils s’agenouillèrent d’un même mouvement et frappèrent leur crâne contre les dalles vert émeraude du temple d’Apopis. Celui-ci ressemblait à un nid de serpents, avec çà et là des draperies jaunâtres où grouillaient des vipères. Accrochés aux piliers, qui figuraient des cobras dressés, d’étranges globes lumineux nimbaient la salle de reflets verdâtres. C’étaient des grappes d’œufs de serpents.
    — Bénis soient les Fils et les Filles du Serpent ! poursuivit Chawar.
    — Béni soit le Serpent !
    — Béni soit Jésus-Christ !
    — Béni soit-il !
    Chawar amena la queue du boa en face de sa gueule grande ouverte, et commença de l’y enfourner. C’était un spectacle stupéfiant, dont Morgennes, perché dans les hauteurs du temple, ne perdait pas une miette. Enfin, après un long et laborieux travail, quand le serpent eut presque terminé de s’engloutir, Chawar le posa sur sa tête et déclara :
    — Qu’il soit la couronne symbolisant le Savoir que nous adorons. Remercions le Serpent de nous avoir offert le fruit de l’Arbre de la connaissance !
    Les fidèles se levèrent puis s’agenouillèrent à nouveau en sifflant. Cette fois, leurs crânes heurtèrent si fort les dalles du temple que même les massifs cobras de pierre qui en soutenaient la voûte tremblèrent. Morgennes sentit une onde parcourir le squelette de dragon où il s’était caché. D’épais cordages le maintenaient accroché au plafond, et il était si grand qu’une centaine d’hommes avaient dû travailler pendant plusieurs mois, sur des échafaudages de bambous, pour l’y suspendre. Dissimulé à l’intérieur du ventre de la bête, Morgennes se demanda si par hasard ce grand dragon n’était pas celui à qui avait appartenu la dent qu’il avait dérobée à Manuel Comnène.
    Se déplaçant aussi discrètement que possible, il ne put empêcher un nuage de poussière d’os de pleuvoir sur les fidèles. L’un d’eux releva la tête. Morgennes se tassa sur lui-même, cherchant à se faire invisible, arrêtant de respirer.
    C’est alors qu’il entendit un drôle de bruit, en partie couvert par la voix de Chawar, mais néanmoins distinct. Non loin de lui, quelqu’un maniait une scie ! Fouillant l’obscurité du regard, Morgennes distingua tout près de la tête du dragon un homme vêtu d’une cape noir et d’un turban de même couleur. Il rampa vers lui.
    Chawar, lui, n’avait rien remarqué et continuait de discourir imperturbablement :
    — Les Francs, dit-il en levant les mains vers le grand dragon, nous ont remis cette dépouille afin que nous l’adorions comme elle le mérite, et parce qu’il était juste qu’elle revienne ici, en sa maison… Aujourd’hui, grâce aux Francs, et grâce à Dieu, le calife n’est plus qu’un jouet entre nos mains. Bientôt l’Égypte pourra, fièrement, se revendiquer comme la fille aînée du Dragon !
    — Béni soit le Dragon ! entonna la foule, extatique.
    Morgennes en profita pour ne faire qu’une bouchée de la distance qui le séparait de l’étrange silhouette. Celle-ci tenait une scie, avec laquelle elle essayait de trancher les épais cordages auxquels était attachée la tête du dragon.
    C’est alors qu’une voix venue des profondeurs du temple hurla :
    — Regardez ! Là-haut !
    Des milliers d’yeux se levèrent dans leur direction, et des milliers de bouches à la langue bifide sifflèrent :
    — S-s-sacrilège !
    L’inconnu à la scie se redressa, regarda Morgennes dans le blanc des yeux et lui dit :
    — Bravo pour la discrétion ! Maintenant, il va falloir se dépêcher.
    — Vous ! s’exclama Morgennes. Mais que…
    — Plus tard, fit l’individu. J’ai un travail à finir.
    Au-dessous d’eux, les ophites couraient vers des râteliers d’armes dissimulés dans les piliers, où ils prenaient, qui une lance ou une épée à la lame sinueuse, qui un arc. Quelques flèches sifflèrent autour de Morgennes et de l’inconnu – qui faisait preuve d’un sang-froid à toute épreuve et sciait de plus belle ses cordages.
    — Ce sont toujours les derniers pouces les plus difficiles, dit-il à Morgennes. Parce qu’ils sont renforcés de métal.
    Malgré l’énergie qu’il déployait, Morgennes voyait bien qu’il n’aurait jamais le temps de les sectionner avant que des ophites

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