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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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n’en est pas de meilleur ! En outre, il est d’usage que les rois de Jérusalem soient enterrés ici, auprès de leurs parents et du lieu où le Seigneur a connu la Passion.
    Amaury dirigea son regard vers le chœur du Saint-Sépulcre, où la Vraie Croix baignait dans des vapeurs d’encens.
    — C’est peut-être là le problème. Non pas lui, le Christ, mais mon frère et mon père – Dieu ait leur âme ! Tu sais à quel p-p-point je les ai aimés, chéris… Combien j’ai versé de larmes quand le Seigneur les a rappelés à Lui. Mais, non. Je ne veux pas être enterré ici. Ce n’est pas un endroit pour moi.
    — Pourquoi ?
    — Je ne sais pas. Peut-être parce que, n’ayant p-p-pas encore ramené l’Égypte dans le giron de la chrétienté, je me sens indigne d’eux. Je sens d’ailleurs que c’est un rêve impossible à réaliser, et que jamais je ne réussirai.
    — Sire, en seulement six ans de règne vous avez déjà fait mieux qu’eux…
    — Oui, mais leur rêve…
    — Vous l’avez dit vous-même, il est impossible à réaliser.
    Amaury considéra un instant les deux gisants placés à côté de sa tombe, ceux de son frère et de son père – l’impétueux Foulques V le Jeune, le premier à avoir voulu conquérir l’Égypte. Puis il cligna deux ou trois fois des yeux, poussa un profond soupir et avoua :
    — Je crois que je vais attendre encore un peu, avant de t-t-trépasser. Histoire de réfléchir et de p-p-profiter de mon fils. En attendant, viens avec moi. Marchons jusqu’au palais, cela nous fera du bien. Et reparlons de ce Morgennes. Ne trouves-tu pas qu’il a un nom étrange ?
    À leur sortie du Saint-Sépulcre, plusieurs gardes les attendaient – dont l’un tenait par les rênes Passelande, le destrier d’Amaury. Ce magnifique cheval bai, importé d’Angleterre, portait le nom de la monture du roi Arthur, dont Amaury rêvait de recréer la Table Ronde, avec ses quêtes, ses chevaliers, et tout son attirail de légendes.
    La table ronde, il l’avait trouvée à Alexandrie – dans la tour du Pharos. Depuis, elle trônait au milieu d’une salle immense, au palais de David. Amaury y avait fait placer douze chaises, plus une treizième – à son usage réservée. La fine fleur de la chevalerie y siégeait régulièrement, même si plusieurs places étaient fréquemment laissées libres. « C’est que, voyez-vous, aimait à expliquer Amaury, mes chevaliers sont constamment occupés à t-t-traquer le démon ou à me chercher quelques saintes reliques, p-p-pour enrichir ma collection. Quant au siège qui me fait face, et où jamais p-p-personne ne s’est assis, je le réserve à celui de mes chevaliers qui me rapportera Crucifère. Qui sait ? Ce sera peut-être celui de Morgennes ? »
    Personne n’avait fait de commentaire, car nul ne se sentait apte à juger Morgennes, et encore moins à le comprendre. Surtout, depuis quelque temps, plusieurs rapports en provenance d’Égypte semblaient devoir lui être attribués ; rapports qui en disaient long sur la politique menée par le vizir du Caire, Chawar.
    D’après Morgennes, Chawar était de mèche avec l’ambassadeur du prêtre Jean, Palamède. Dans quel but ? Cela était peu clair, mais il paraissait à peu près acquis que Chawar et Palamède ourdissaient quelque complot censé leur assurer les pleins pouvoirs au Caire – et par là même sur l’Égypte. Ces renseignements, ajoutés à d’autres, avaient conduit certains pairs du royaume à réclamer d’urgence une intervention militaire en Égypte.
    Amaury avait tenté de les calmer, les invitant à temporiser. Malheureusement, ni les Hospitaliers ni les barons les plus puissants n’avaient voulu l’écouter. C’était de cela dont Guillaume avait cherché à s’entretenir avec Amaury au Saint-Sépulcre, quand le roi y avait essayé sa tombe. L’archidiacre de Tyr l’avait supplié d’attendre au moins un an, le temps pour les renforts byzantins d’arriver, ou bien d’écrire au roi de France, Louis VII, pour le supplier de se joindre à leur expédition. Mais de cela, justement, Amaury ne voulait pas entendre parler :
    — Tu me c-c-casses les oreilles, dit-il à Guillaume. Quand nous serons au palais, je t’expliquerai p-p-pourquoi il est inutile d’écrire une nouvelle fois au roi de France, car grâce à Morgennes je sais enfin pour quelles raisons il ne veut plus mettre les p-p-pieds ici…
    Des vociférations couvrirent ses

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