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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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heureux de vous revoir, lui dit Morgennes – qui avait parfaitement reconnu le prêtre copte qu’il avait sauvé quelques mois plus tôt des griffes de Chawar, à Alexandrie. Vous êtes venu ici pour vous venger ?
    — Vous vous souvenez donc de moi ?
    — Je n’oublie jamais un visage, dit Morgennes.
    — Moi non plus, dit Azyme. Surtout quand il s’agit de celui de mon sauveur !
    — Qu’en savez-vous ? Je suis un Franc, comme les autres…
    — Oh que non. Vous n’avez, par exemple, rien à voir avec ces deux Templiers chargés par Amaury d’administrer l’Égypte… Mais dites-moi, que faisiez-vous ici ce soir ? Amaury se soucierait-il des ophites ?
    — Je ne crois pas qu’il en ait jamais entendu parler. Mais je vous renvoie la question.
    — Je vais vous répondre…
    Puis, comme ils étaient arrivés au fond d’un couloir aboutissant à un cul-de-sac, les compagnons d’Azyme tirèrent à l’aide de crochets métalliques la lourde pierre qui en scellait l’extrémité, ouvrant un passage vers le jour naissant.
    — Où sommes-nous ? demanda Morgennes.
    — Sur le plateau de Gizeh, lui répondit Azyme. Au pied des pyramides. Juste derrière la tête du Sphinx.
    Morgennes eut un sourire.
    — À quoi pensez-vous ? s’enquit Azyme.
    — Voici quelques mois, j’ai aidé un enfant à monter au sommet de Khéops. De tout là-haut, je m’étais demandé en voyant cette femme ce qu’elle avait dans la tête.
    Azyme eut un sourire évocateur, et lâcha :
    — Eh bien, maintenant, vous le savez. Elle a dans la tête des conspirateurs, qui rêvent de liberté pour Le Caire. Elle a surtout soif de vengeance, depuis qu’on lui a cassé le nez. Enfin, elle a le regard tourné vers Fostat, où quelque part se trouve la femme que nous cherchons. C’est pour elle que nous nous sommes rendus chez ces serpents d’ophites.
    — Expliquez-moi, dit Morgennes. J’ai du mal à vous suivre…
    Tout en se laissant glisser vers les sables blancs du désert égyptien, Azyme demanda à Morgennes :
    — Avez-vous entendu parler de la femme qui n’existe pas ?

41.
    « Toutefois, celle que l’on appelle la Mort n’épargne ni les forts ni les faibles ; elle fait périr tout le monde. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Cligès. )
    —  Majesté, dit Guillaume de Tyr à Amaury, je vous supplie d’attendre, ou bien d’écrire au roi des Français…
    — Jamais, jamais ! fit Amaury.
    Sur ce, il s’enfonça dans un cercueil, ramena les mains sur sa poitrine et ferma les yeux.
    Cette scène se déroulait au Saint-Sépulcre, où depuis Godefroy de Bouillon les rois de Jérusalem avaient coutume de se faire enterrer. Croyant sentir son heure approcher, Amaury avait demandé à essayer sa dernière demeure, expliquant : « Je n’aimerais p-p-pas m’y trouver à l’étroit. Je ne suis peut-être pas aussi large d’épaules ni aussi grand que certains de mes ancêtres, mais je veux néanmoins m’assurer que je serai à mon aise dans mon f-f-futur chez-moi. »
    Cette extravagance, une parmi d’autres, n’avait étonné personne – et les chanoines du Saint-Sépulcre avaient réservé à leur hôte le meilleur des accueils.
    — Sire ? demanda Guillaume, qui trouvait que le roi gardait un peu trop longtemps les yeux fermés. Vous êtes encore là ?
    Amaury ouvrit un œil, puis l’autre.
    — Cela p-p-paraît correct, décréta-t-il en se redressant à moitié dans son sarcophage. Je n’aurais pas aimé toucher des pieds.
    — Sire, pardonnez-moi, mais nous devons débattre d’une affaire autrement plus sérieuse que celle du confort de votre ultime demeure.
    — Et quoi ? Que peut-il y avoir de plus sérieux que cette question-là ? N’est-ce pas le seul et unique p-p-problème ? Celui dont vous ne cessez, vous, les religieux, de nous rebattre les oreilles depuis notre plus tendre enfance ? Crois-tu que p-p-parce que je suis roi la mort m’épargnera ? Allons, laisse-moi !
    — Sire…
    Peine perdue, Amaury n’écoutait plus. Las, Guillaume s’éloigna, dans l’espoir que le roi reviendrait à de meilleures dispositions s’il restait seul.
    — Guillaume ! appela le roi, une fois que son principal conseiller se fut éloigné.
    Guillaume se tourna vers le roi, qui s’extrayait de son cercueil en pierre.
    — Ce caveau ne vous satisfait pas ? Ses dimensions…
    — Non, les dimensions sont excellentes. C’est l’endroit qui ne me p-p-plaît pas.
    — Sire, il

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