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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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victoire des Fils du Serpent. Et ce jour-là doit justement tomber deux jours avant Noël, à la Saint-Ouen.
    Gargano expliqua à Morgennes que la Tête et la Queue du Serpent étaient les termes employés par les ophites pour décrire les orbites de la lune et du soleil.
    — Je crois que je l’ai su, dit Morgennes. Azyme m’en avait parlé…
    — Qui ça ? demanda Gargano.
    — Le nouveau maître de Frontin.
    — Ah, fit Gargano. Je vois…
    Le géant avait l’air un peu triste. Aussi Morgennes décida-t-il de ne pas différer plus longtemps leur séparation. Il lui posa la main sur l’épaule, et lui dit :
    — À dans trois jours, au plus tard.
    — À dans trois jours, répondit Gargano.

61.
    « La nuit, ces pierres précieuses brillaient d’un tel éclat que l’on se serait cru en plein jour lorsque le soleil du matin luit. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Érec et Énide. )
    Morgennes était mort, c’était une évidence.
    Après avoir attendu en vain plus d’une semaine dans la forêt, à la lisière des marécages, Gargano décida de partir. Marie aurait aimé attendre encore un peu, mais Gargano lui dit :
    — J’ai promis à Morgennes de veiller sur les siens… Et puis je dois vous accompagner auprès du roi Amaury, à qui votre oncle vous a promise…
    — Mon oncle ? demanda Marie.
    Gargano poussa un très profond soupir. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’il essayait de raviver la mémoire de Marie. Mais elle avait oublié une bonne partie de son ancienne vie…
    — Vous êtes la petite-nièce d’un très grand empereur. Vous ne vous rappelez donc pas ?
    — Pas très bien, confia Marie avec un timide sourire.
    — Vous rêviez d’être libre.
    — Je ne le suis pas ?
    Gargano prit un air penaud. Il se sentait à la fois honteux et coupable, parce que Nicéphore lui manquait, et que Marie l’intimidait. Alors il raconta à Marie comment Nicéphore et lui s’étaient connus.
    « J’étais en train de dormir, sur ma montagne, dans les monts Caspiens, quand un convoi m’a roulé dessus. Et s’il y a bien une chose que je déteste, c’est qu’on abrège mon sommeil. Or je dormais depuis à peine six siècles et demi, alors qu’une bonne nuit de sommeil, pour moi, c’est environ mille ans. Autant vous dire que j’étais de fort mauvaise humeur quand les chariots chargés de matériel et de vivres me meurtrirent le dos, m’obligeant à me mettre de côté pour les laisser passer. Vos ouvriers crurent à un éboulis – et je ne cherchai nullement à les en dissuader, quand ayant pris l’apparence d’un homme je vins les interroger sur les raisons de leur présence en mon domaine. Car je dois bien avouer que, plus que tout, je suis curieux comme une fouine…
    — Où allez-vous ? demandai-je à l’un de vos fantassins.
    — Secret d’État, me répondit sèchement le garde en cherchant à avoir l’air aussi peu impressionné que possible.
    — Hmm, grommelai-je en faisant craquer les jointures de mes doigts.
    Mes mains étaient si énormes – elles faisaient deux fois la taille de leur tête – que vos soldats pâlirent, et reculèrent.
    — Qui êtes-vous ? me demanda l’un d’eux, d’une voix chevrotante.
    — Et que faites-vous ici ? risqua un autre.
    — Conduisez-nous à votre chef ! s’enhardit un troisième.
    — Non, répliquai-je. Vous, conduisez-moi à votre chef, ou il vous en cuira !
    Et je tapai du pied, si fort que sur des lieues à la ronde toute la terre trembla. Deux soldats coururent chercher Nicéphore, tandis que les autres m’encerclaient, non sans se tenir à prudente distance. »
    Marie écoutait Gargano. Elle était si fascinée qu’il lui importait peu de démêler le vrai du faux.
    « Je m’était assis, poursuivit Gargano, car j’étais encore dans les bras de Morphée. Mais j’avais à peine eu le temps d’esquisser un bâillement que déjà un drôle de freluquet s’était approché de moi. D’allure accorte, souriant, les mains posées sur les hanches tel un capitaine à la proue de son navire, ce mirliflore s’était enquis :
    — Bien le bonjour, messire le géant. Puis-je savoir à qui j’ai l’honneur ?
    “Bonjour.” Il m’avait dit bonjour ! Et il m’avait appelé messire ! Avait “l’honneur” de s’adresser à moi ! Sacrebleu, ce gaillard me plaisait ! Me redressant de toute ma hauteur, je lui tendis la main afin de le saluer. Malheureusement, encore mal réveillé, j’avais

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