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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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spectacle, le décès de son frère. C’était pour que Thierry d’Alsace oublie, lui aussi, Sibylle et sa souffrance.
    — Cette aventure, continuai-je, vaudra tant de renom à saint Georges qu’on le tiendra désormais pour le meilleur chevalier du monde, et qu’on viendra l’honorer de partout !
    — Vivat !
    — Saint Georges !
    En vérité, j’étais heureux. Oui. J’avais réussi mon pari tenir la mort au loin… Dommage qu’il n’y ait pas eu à Jérusalem de tournois de poésie, comme à Arras. « Tiens, au fait, me dis-je, où est Thierry d’Alsace ? Je ne le vois plus nulle part… » Profitant d’un relâchement dans le tonnerre d’applaudissements, je précisai. « C’est ici que finit le conte… », et quittai la scène.
    J’étais inquiet. Où donc était passé le comte de Flandre ?
    J’avais à peine mis le pied hors de la caverne qu’un Amaury rubicond m’enserra. Le roi était si gros que je disparus dans sa graisse, sentant peser sur ma poitrine ses seins volumineux.
    — Je tiens absolument à récompenser chacun des membres de votre t-t-troupe, me dit Amaury. D-d-demande-moi ce que tu veux !
    — Eh bien, fis-je, si j’osais…
    — Ose ! Je te l’ordonne.
    — Je suis féru de textes et d’ouvrages en tous genres… Pourrais-je consulter vos livres ? Entrer dans vos bibliothèques ?
    — Nos livres ? Mais p-p-pour quoi faire ?
    — Pas uniquement les vôtres, précisai-je. Mais ceux de tout votre royaume. Voyez-vous, je mets en roman des contes d’aventures, et il est bien utile d’avoir autour de soi les meilleurs auteurs, pour s’en inspirer…
    — Je vois. Ce n’est pas compliqué. (Amaury se tourna vers le chanoine d’Acre, et lui ordonna :) Guillaume, tu montreras nos manuscrits à ce bon moine.
    — Tous ?
    — Oui, y compris ceux que tu t-t-tiens à l’abri des regards indiscrets…
    — Il en sera fait selon votre volonté, Sire, dit Guillaume.
    — Et toi, que veux-tu ? demanda Amaury à Nicéphore.
    — Moi ? Rien d’autre que votre succès…
    — C’est-à-dire ? P-p-pardonne-moi, mon jeune ami, mais je me méfie de ceux qui me veulent du bien.
    — C’est-à-dire, Majesté, que c’est là justement ce que je désire le plus : votre bien.
    — Lequel ? Celui qui me verra marier l’Égypte au royaume, ou bien celui qui me verra dans les b-b-bras d’une femme ?
    — Les deux, très cher roi, conclut Nicéphore avec un sourire énigmatique.
    — Eh bien, je ferai tout ce qui est en mon p-p-pouvoir pour te satisfaire. Et toi, brave, euh, soldat, moine, comédien… Enfin, toi là, au crâne tonsuré de près, que souhaites-tu le plus avoir ?
    La question s’adressait à Morgennes, qui prit tant de temps pour répondre que tout le monde autour de lui s’impatienta.
    — Eh bien ? fit le roi. Est-ce donc si compliqué ?
    — Sire, s’il vous plaît, dit Morgennes. Faites-moi chevalier !
    — Chevalier ? Mais pourquoi d-d-diable un clerc d’une trentaine d’années souhaiterait-il être chevalier ?
    — J’ai mes raisons, dit Morgennes. En outre, je n’ai que vingt-quatre ans.
    — Alors nous avons presque le même âge ! Mais cela ne te rend pas pour autant d-d-digne de porter les armes… As-tu déjà été l’écuyer de qui que ce soit ?
    — Jamais.
    — Et ta lignée ? Es-tu seulement noble ?
    — Je l’ignore, Majesté.
    — Probablement que non, alors. Car des origines nobles ne s’oublient pas. Elles se clament !
    Amaury se détourna de Morgennes, déposa l’un de ses bassets sur le sol et s’éloigna en maugréant :
    — P-p-problème réglé…
    — Mais, Sire…
    Le roi s’arrêta, rouge de colère :
    — Écoute, au mieux, ton p-p-père était d-d-déjà un chevalier, et alors, en vertu des règles en usage chez nous, tu as jusqu’à t-t-trente ans pour être armé chevalier toi aussi. Après quoi, tu redeviendras un rusticus. Autrement dit un va-nu-pieds, un vaurien…
    Des hommes ricanèrent. Mais Amaury les fit taire.
    — Un paysan ! Nous en avons besoin…
    — Sire, insista Morgennes, mettez-moi à l’épreuve ! Et vous verrez que je mérite d’être adoubé !
    — Un autre que toi aurait déjà renoncé. Écoute, ta d-d-détermination me plaît. Mais on ne p-p-peut rien changer au fait que tu n’as jamais été écuyer, et que tes origines sont on ne p-p-peut plus troubles. Alors, je te p-p-propose ceci : le jour où tu tueras un authentique

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